Une courte fiction : ce que chacun chacune aimerait pouvoir dire à son chéri / à sa chérie quand il s’avère que l’infidélité qu’on pensait discrète est maintenant démasquée, sanglante, et quand la colère, l’incompréhension et les affreux mélanges se bousculent pour mettre encore plus la pagaille dans une situation pas simple au départ…
Justement, ce soir là, je ne t’ai rien fait à toi : je n’étais pas là. Si j’ai fait quelque chose, ce n’est pas à toi que je l’ai fait, c’est à quelqu’un d’autre. Et si tu ne l’avais pas su, pour toi il n’y aurait pas eu de différence avec les autres fois où je sors sans toi. Je sais, c’est débile de t’avoir menti, je comprends que ça te fasse souffrir et je te demande pardon pour ça. Mais je n’aurais pas eu à mentir si tu ne m’avais pas demandé avec qui je sortais ; je ne t’aurais pas menti non plus si je n’avais pas eu peur que tu réagisses violemment – la preuve ta réaction de maintenant.
Forcément, on aurait dû en parler avant. Mais ça n’empêche pas d’en parler maintenant. Laisse tomber les questions « niveau collège » du genre « qui, quand, où, quoi, comment » – ça va juste te faire du mal et on ne sera pas plus avancé. La vraie question, c’est de savoir si on s’est vraiment promis de ne jamais voir ailleurs ou si on suit juste le troupeau, avec la même promesse tacite que tant de gens n’arrivent pas à tenir. Et à quoi sert une telle promesse ? Et si l’un de nous a rompu la promesse (en l’occurrence moi), est-ce que ça change le fait que l’on veuille vivre ensemble ?
Je t’aime et je n’ai pas l’intention de te quitter. J’aime être auprès de toi, j’aime être dans tes bras, et c’est avec toi que je veux continuer à vivre – sauf si tu me pousses dehors. Je veux que tu sentes que je t’aime, que je te désire, que je te soutiens ; je veux qu’à aucun moment l’insécurité ne te paralyse. Mais je n’ai pas l’intention de renoncer à ma liberté, et ce que je vis en ce moment est important pour moi, pour comprendre qui je suis, pour me sentir bien, me sentir désirable et épanouie.
S’il y a une chose qui est certaine, c’est que je ne t’appartiens pas, pas plus que tu ne m’appartiens. Si tu réagis de façon possessive, comme si on avait porté atteinte à « ton bien », et que tu souffres de savoir que quelqu’un m’a touchée, la souffrance ne vient pas de moi, mais de toi. Je t’encourage à comprendre d’où elle te vient. Ce qui nous appartient, ce n’est pas l’autre, c’est notre projet de couple, c’est ce que nous voulons vivre ensemble : c’est ce que nous faisons ensemble qui compte, pas ce que nous faisons ailleurs. A nous de savoir desserrer les liens pour ne pas étouffer, tout en les renforçant pour ne pas se perdre.
Pingback: Le grand tournant | les fesses de la crémière·
Interessant… le blog est masculin mais les accords (surtout en fin de chapitre) laissent entendre que c’est une fille qui écrit.
Bravo en tout cas et longue vie à ce nouveau blog !
C’était une petite fiction… Peu de ressemblance avec une situation vécue.
Cela dit, je tâcherai toujours de faire en sorte que le blog puisse se lire dans un miroir. Ce texte marche tout aussi bien dans la bouche d’un homme (d’ailleurs, s’il avait été en anglais, il n’y aurait aucun indice quant au sexe du locuteur fictif).
Merci de l’encouragement. A bientôt..
Ce texte est d’une vérité (même si c’est donc une fiction) et d’une précision incroyables. C’est juste magnifique.
Merci. Je l’avais pas mal ruminé avant de le publier. Apparemment, ça aura été utile…
Une autre fiction va bientôt sortir – en version humoristique, celle-là…
Magnifique, c’est le mot. Magnifique et juste. J’aimerais pouvoir l’utiliser à des fins pédagogiques sur mon mari ! Mais nous en sommes loin.
Merci pour ce blog et tous ces articles si agréables à lire.
Merci. Bon courage.
Pingback: L’effet prohibition | les fesses de la crémière·
Pingback: D’où vient ma jalousie ? | les fesses de la crémière·
Pingback: Le dixième commandement | les fesses de la crémière·
Pingback: Libre de partir | les fesses de la crémière·
Pingback: La liberté de l’un… | les fesses de la crémière·
Pingback: La jalousie vient de l’intérieur | les fesses de la crémière·
Pingback: Comment savoir si mon mari me trompe ? | les fesses de la crémière·
Pingback: Si mon amant était une amante | les fesses de la crémière·
Pingback: Quand les bien-pensants se trompent de cible | les fesses de la crémière·
Pingback: L’infidélité n’est pas une pathologie | les fesses de la crémière·