Communication sexuelle non-verbale : une utopie ?

On a souvent (tous ?) tendance à vouloir que l’autre devine que dont on a envie quand on fait l’amour, sans avoir à expliciter. Cette attente irréaliste cause bien des mésententes. Mais à défaut de télépathie, un peu de prestidigitation pourrait maintenir l’illusion, sans casser la magie avec les gros godillots du langage parlé.

caresses, gestes, communication sexuelle non verbale, dialogue, couple, homosexualité

Trouver des codes gestuels… (ref. photo cable9tuba sur deviantart.com)

Tous les conseils sexo nous disent qu’il faut oublier la télépathie. Même dans un vieux couple où on est sensé connaître l’autre par coeur. A croire que l’autre devrait deviner ce dont on a envie, on n’en tire que des frustrations, des incompréhensions, voire des rancoeurs. Et donc on nous dit qu’il faut dire les choses. Le problème, c’est que les choses dites peuvent lourdement casser l’ambiance (à part l’universel « oui – ouI – oUI – OUI ! ») :

  • retire ta main, ça chatouille horriblement
  • c’est gentil ce que tu me fais, mais ça ne mène nulle part – passons à autre chose
  • arrête de juste chatouiller mes seins – empoigne carrément
  • arrête d’empoigner, lèche-les plutôt
  • fais tes caresses un chouia plus fort, carrément moins vite, et surtout mets de la salive, c’est trop sec
  • je suis en train de jouir, arrête-toi arrête-toi ARRÊTE-TOI !
  • c’est un peu sensible du côté du clitoris maintenant – ralentis ou essaie de bouger plus vers l’arrière
  • j’aimerais bien que tu me mettes un doigt dans le cul. Mais lèche bien d’abord. Ne t’en fais pas, c’est bien propre, y compris à l’intérieur.
  • (s’il te plaît)

Alors on peut faire des gestes explicites. Mais dans mon expérience, ils sont parfois brusques ou vexants – je t’enlève la main, je te repousse, je te retiens, je te prends la main pour te montrer le geste mais tu n’as pas compris alors je te reprends la main (et je perds mes appuis à chaque fois), je te change de position comme si tu étais une poupée gonflable. Avec une tendance aussi que l’un des deux se mette à guider et l’autre se laisse guider, alors que j’aime tant quand on ne sait plus trop qui est le chef d’orchestre (si ça cafouille pas trop quand même).

Alors on peut chorégraphier le tout et répéter les enchaînements. Un peu comme les acteurs porno qui révisent le script. Mais pour laisser un peu de place à l’improvisation comme les musiciens de jazz ont leurs hochements de tête et leurs mimiques musicales, j’adorerais trouver des codes gestuels ou vocaux qui puissent remplir le même office que la parole sans avoir l’air trop artificiels. Déjà au moins pour pouvoir dire « plus vite » / « plus fort » / « moins vite » / « moins fort » / « arrête » / « passons à autre chose » / « je me laisse faire mais surtout ne t’arrête pas »… Ca pourrait être :

  • un ton de râle, de souffle, de gémissement,
  • un petit pincement ici ou là, un baiser à quelque endroit précis
  • une manière d’appuyer, d’empoigner, de saisir une cuisse, une fesse, un dos, une épaule, une nuque,
  • une caresse avec un motif géométrique comme on déverrouille un android
  • une combinaison de tout ça
  • que sais-je encore

Evidemment, il faudrait bien apprendre le code avant, sinon ça risque de faire un peu comme les drapeaux de Bruno Solo au siège de Kaamelott.

Malheureusement, tout ceci n’est qu’un rêve de geek débutant. En tout cas, s’il y en a parmi vous qui ont mis au point des trucs (et si contrairement aux prestidigitateurs vous voulez bien partager un peu de votre magie), ça intéressera forcément bien du monde, à commencer par moi.

8 réponses à “Communication sexuelle non-verbale : une utopie ?

  1. Mouahahaha, décidémént, que des articles qui m’éclatent ce midi !

    Ben écoute, perso, je n’ai pas trouvé de code digne de ce nom, mais je vais me renseigner… si je trouve, promis je reviens te le dire !
    PS : Si, j’ai un super code : quand je m’endors ou que je me mets à lire/jouer à l’iPad, c’est que ça ne va pas ^^
    ++

  2. Tenté… Échoué ^^ . Ça casse tout le spontané et le lâché-prise de l’amour. Le mieux, c’est la communication post coïtale. (j’ai aimé ça, je n’ai pas trop apprécié ça), comme ça, l’autre sait à peu près, quoi. Bon, après, pour un coup d’un soir, pas très pratique ^^.

    • Merci du feedback 😉
      Mais la communication post-coïtale pour gérer le scénario de la rencontre, c’est peut-être un chouia tardif. Les musiciens de jazz arrivent à se donner quelques indices pour orienter leurs impros — il faudrait savoir les imiter…

  3. Bijour 🙂

    Alors pour ma part, c’est beaucoup de discussion post-coït comme vous dites, des feed-back. Ca, ça a le mérite de permettre de mieux se connaitre, mais si on s’arrête là, ça ne nous ouvre pas ou peu à la nouveauté. On peut effectivement, en plus d’analyser ce qui vient de se passer, se laisser affirmer quelques désirs qu’on n’a pas osé exprimer pendant a précédente partie de jambes en l’air mais qui nous ont traversé l’esprit. Peut-être qu’ainsi, ces désirs auront une place prochainement.. mais pas sûr !

    Alors oui, beaucoup de personnes n’apprécient guère le langage pendant qu’illes sexuent. Soit disant que ça casse le mythe. [on serait pas là pour casser les mythes?! :-P]
    Certes la sexualité partagé est le seul mode de communication qui regroupe les 5 sens : voir son sexe, entendre ses gémissements, sentir ses phéromones, toucher ses cheveux, goûter ses fluides.
    Mais est-ce pour autant qu’on doit se fermer au langage ?! Pourquoi ne pas jouer avec les 5 sens et cet immense pouvoir qu’est la communication verbale ?

    Les gestes, c’est un bon compromis, mais on perd encore quelque chose. Les gestes peuvent se ressembler mais ne pas signifier la même chose. Les gestes peuvent être implicites et mal interprétés, surtout quand on veut garder de la spontanéité !

    Alors, je milite franchement pour le retour du langage. Peut-être que le fait que je mélange sexualité et jeu me le permet plus facilement. Quand on joue, on se parle, on rigole, on se marre, on se permet des parenthèses à base de gentilles conneries.

    Si on est dans un rapport égalitaire, il faut irrémédiablement demander à l’autre si ille est okay pour telle ou telle pratique. C’est seulement quand on est dans un rapport de soumissions/dominations qu’on peut poser des affirmations sans chercher le consensus et donc une réponse [ce qui peut aussi être excitant, ne nous y méprenons pas ;-)].
    Dans un rapport égalitaire, si on veut sortir des classiques banalités, faut bien verbaliser ses désirs, les proposer à l’autre et attendre sa réponse. Réponse qui n’est pas obligatoirement verbale pour le coup.

    Evidemment, la tournure de la question est à bien choisir (fausse affirmation, question ouverte, question fermée,…), comme le moment exacte où faire sa proposition (sur l’instant, ou au prochain coup de mou, …). Parfois on se plante, pas grave, on apprend.

    Comme en communication non-violente, exprimer une demande claire permet d’esquiver tout malentendu qui risquerait de perturber l’harmonie de la sexualité partagée.

    • Je suis entièrement d’accord. Mais l’article parlait plutôt de la façon dont on parle de sexe entre pairs, pas entre partenaires (ce qui est généralement plus facile, mais pas tout le temps). J’ai d’ailleurs écrit pour m’amuser un morceau à ce sujet, et j’en ai un autre sur le feu.

  4. Et la communication pré-coïtale alors? Pas mal pour les coups d’un soir dont on veut garder un super bon souvenir 🙂

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