Un peu de gestion de la jalousie quand l’un sort et l’autre reste seul(e) à la maison.
Je ne suis pas un fêtard. Contrairement à ma reine. Alors en vingt ans, j’ai eu plein d’occasions de pratiquer les soirées casanières en solo pendant qu’elle s’éclatait à l’extérieur. Avec ses collègues, des amies, sa sœur, l’association machin… peu importe.
Le soir même : se faire plaisir
Et quand en fait d’amis, c’est avec un amant qu’elle passe sa nuit, et donc quand ma soirée en solo est une soirée de cocu, ça ne change pas vraiment la donne en ce qui me concerne. J’ai déjà ma petite routine bien rodée – le but est d’en profiter à fond pour faire les choses qu’on ne peut pas tellement faire quand on est deux. Cuisiner un truc que j’adore et qu’elle déteste. Bouffer tout le chocolat. Regarder un nanar qu’elle n’a pas envie de voir – surtout en VO sous-titrée VO. Rester une plombe au bain avec l’encens qu’elle ne supporte pas. Tchatter sur un site de rencontres. Sortir les sextoys du tiroir… On se fait plaisir et la jalousie s’évapore — au moins un peu.
Mais avant : dialoguer
C’est certes un peu plus délicat à négocier quand ladite soirée se décide à 22h30 au moment où on se glisse dans les draps. Il faut arriver à se reconfigurer mentalement et renoncer par exemple aux câlins qu’on projetait secrètement (messieurs-dames amantes et amants, plus vous saurez éviter les trucs de dernière minute, moins vous chatouillerez la jalousie de l’époux-se, donc moins vous vous ferez larguer suite à une crise de couple arbitrée en votre défaveur).
On n’est d’ailleurs pas obligé d’accepter avec le sourire. « Couple libre » ne veut pas dire « carte blanche » puisqu’il reste le mot « couple » dedans. L’un des principes du polyamour c’est de pouvoir exprimer ses réticences et ses insécurités, et de décider à deux comment on va les gérer. L’effort doit bien entendu venir des deux côtés.
Ça peut vouloir dire annuler la soirée (en n’oubliant pas qu’il y a un amant à l’autre bout, qui lui aussi a ses attentes, ses désirs, ses craintes). Ça peut s’arranger en promettant de rentrer pas tard pour reprendre les câlins où on les avait laissés (et surtout, s’y tenir, sinon c’est pire). Ça peut se résoudre en disant « demain je te bichonne et je t’écoute pendant trois heures ». Ça peut se négocier en disant « à charge de revanche quand tu auras un truc de dernière minute ». Ça peut aussi finir en constatant que « non, ta jalousie est irrationnelle, tu n’as toujours pas avancé sur ce sujet depuis trois mois qu’on en parle – je ne peux pas te rassurer si la seule chose qui te rassure c’est de me garder sous clé – je ne suis pas prête à renoncer à ma liberté pour vivre avec toi mais je ne peux pas non plus te forcer à vivre avec moi si tu en souffres ».
Des soirées à soi, couple libre ou pas
Pour ma part, je suis persuadé que mon long entraînement aux soirées en solo m’a bien aidé à relativiser. Et dans tous les cas, qu’on soit en couple libre ou pas, il est vital dans un couple que chacun puisse disposer de journées, de soirées, de nuits, de week-ends et de vacances à soi ; pour ne pas se sentir enfermé-e, pour ne pas se diluer dans l’illusion fusionnelle et se réveiller un matin en n’étant plus personne. Et si un jour on fait le pas de devenir un couple libre, le gros du boulot sera déjà fait : on aura déjà ses repères quand il s’agira de laisser l’autre s’absenter.
Epilogue
L’un des grands bonheurs du couple libre, c’est quand pomponnette revient vers pompon. Car c’est une chose d’avoir une épouse* fidèle si elle n’a pas le choix. C’en est une autre, avec une signification bien plus forte, quand elle est libre de papillonner et qu’à chaque fois elle choisit de revenir.
(*) évidemment, c’est pareil avec les maris
Pourquoi ne sortez vous pas aussi ces soirs là??
Plutot que de vous morfondre seul,un partage de soirée me parait équitable 🙂
C’est une option intéressante. Elle nécessite toutefois un peu plus de logistique côté baby-sitting. Et puis il faut bien s’entraîner à avoir des soirées seul-e car à moins que l’amante de monsieur et l’amant de madame soient en couple dans le civil, il sera rare que les calendriers coïncident.
c ‘est sur que si vous avez encore des babys-choux c est plus difficile:-)
SI tout ce qui peut être fait à l’amant peut être fait au mari…
Si tout ce qui peut être fait à la femme peut l’être à la maîtresse…
Si des efforts sont à consentir dans le couple libre pour laisser la liberté aux multiples autres qui composent « la » relation…
Si des efforts sont à fournir dans le couple monogame pour laisser sa liberté à l’autre qui fait la relation avec nous…
Franchement… excusez-moi…mais je ne vois aucune différence… aucune différenciation possible… J’essaie, mais je ne vois pas…
Je n’ai aucune problème dans mon quotidien à respecter la liberté de toutes et tous… je ne suis pas « fatalement » responsable de mes actes, je le suis « consciemment » et non un pas de côté n’est pas si vite arrivé… Désolé, mais cela je n’y crois pas…
Il n’y a de tentation que dans la transgression de l’interdit souvent, pas la satiété ressentie après la réalisation d’un besoin. Or la satiété est abondance et l’abondance n’a rien de quantitatif paradoxalement… Elle renvoie précisément au « mieux » ou « bien » que tout le monde souhaite.
L’interdit est une savante construction culturelle et je ne vois pas en quoi je devrais être ethnocentré à ce point pour ne pas voir les choses…
Pour être franc… je ne désire personne d’autre que celle que j’ai élue… et je l’ai élue.. Je me suis trompé? Tant pis, c’est pour ma gueule… mais je suis responsable de ce que je promets et je me fais fort d’y arriver… Et je connais précisément la portée de mes engagements… je préfère la continence au déni… et si incontinence il devait y avoir, alors, oui, effectivement, cela signerait la fin de mon couple, pour la simple et bonne raison qu’il ne le serait plus… un couple.
J’ai dans ma conception exclusive et reconnaissant le caractère irremplaçable de chacun, que justement cette particularité n’existant qu’au sein du couple le différencie précisément du reste. Ce qui fait que ce qui pouvais arriver arriva est mal…très mal formulé… Ce qui DEVAIT arriver ARRIVA et ARRIVERA toujours…. C’est évident justement parce que le sexe n’est pas une affaire que d’hormones et de pulsions sexuelles et mécaniques… Elle est avant tout identitaire!
Toute escapade entraine NÉCESSAIREMENT l’amour…puisque c’est précisément ce qui est recherché…pas le sexe… Et toute escapade entrainera précisément l’amour… Ce que je recherche le consommateur de sexe tarifé ce n’est pas la libération d’une tension sexuelle…c’est la confirmation de son identité et de sa légitimité à être…et donc à être aimé!
Cette conception me paraît normale est largement partagée par les membres des cultures monogamiques (notre culture judéo-chrétienne par exemple) cependant il ne faut pas oublier que le fait culturel n’a pas valeur d’absolu est si vous étiez né de famille polygame votre sentiment serait, à n’en pas douter, tout autre.
Laissons donc le choix à chacun de mener l’existence qu’il désire. Qu’il existe, comme vous, des gens à qui nos codes culturels conviennent parfaitement, c’est une chose, nier que pour d’autre ces codes soient source de mal être ou qu’ils préfèrent simplement se positionner en aventurier de la relation humaine et faire évoluer nos carcans, c’en est une autre. Pourquoi admonester le vaillant explorateur qui part au-delà des frontières du monde connu ? Que chacun fasse ce que bon lui semble pour lui même, non ?
Toi, je t’aime (toi c’est Audren, c’est aussi Jean). En premier lieu, je plussoie Jean : La fidélité assumée et acceptée c’est une chose. Être fidèle parce qu’on nous a inculqué qu’avoir plusieurs partenaires, c’était mal, c’en est une autre.
Audren du reste, je te remercie : souvent j’entends parler de polyamour comme de l’unique panacée. Et pourtant nous restons humain, nous avons des sentiments, nous avons des limites.
Et choisir une relation qui sort du cadre monogamique (polyamour, couple libre, etc.), ça ne veut pas dire pour autant « open bar », ou « free buffet ». Ou « profitons gaiment de l’infinie extensible amabilité de mon chéri-e, qui se fait quand même bien couiller dans l’affaire ». Hum
Donc ci-mer Albert. Continue de spread the word \o/
La bise !
Ça me fait penser que j’ai un article en gestation sur la question « je ne suis pas monogame – mais c’est comme si j’étais célibataire : c’est pas parce que je peux coucher avec qui je veux que je vais forcément avoir envie de coucher avec toi ».
Je souhaitais juste dire en fait, et encore une fois c’était très mal formulé de ma part que:
– dans le cas ou il y a acte sexuel, dedans hors mariages, avec ou sans conjoint… intervient nécessairement et IPSO FACTO, TOUJOURS à un moment ou à un autre la notion de l’émotionnel et du sentiment.
Précisément parce que l’identité humaine, tout comme sa pensée s’articule autour de l’émotion. Là ou il n’y a pas d’émotion il n’y a aucune intelligence. Tout au plus… une machine à calculer. Or les machines moi, je les allume et je les éteins… je ne fais pas l’amour avec.
La condition sine qua non étant: le plaisir…. ce qui m’est agréable en tant qu’individu et généré par autrui, fait que je me sens valoriser et confirmé par autrui et que donc logiquement , je cherche à entretenir cet état de confirmation de manière répétée, sinon permanente. C’est tout.
Je suis tombé trop de fois amoureux de femmes dans la rue sans les connaitre, pour éviter de coucher avec elle précisément parce que je savait que le temps à disposition de chacune, mon temps à ma disposition et tutti quanti ne serait pas suffisant pour tenter d’aimer comme je voulais le faire. C’est mon problème…cela ne fais pas de moi quelqu’un de bien ou de mal ou de mieux. Pas plus que l’adultère ou le continent. Juste ceci…Cessons de croire que le sexe n’est que le sexe, une activité mécanique dénué d’origine émotionnelles, sentimentales et identitaire. Et c’est précisément parce que ces origines sont ce qu’elles sont que les « problèmes » liés à cela sont si nombreux. Par problème j’entends… réellement, solutions possible. Puisqu’il y a finalement autant de sexualités qu’il y a d’individus. Or aucun modèle ne saurait convenir à quiconque puisque précisément le modèle est réducteur et normatif. Donc il ne s’agit pas de cela…il s’agit juste de dire: lorsque l’on couche et que c’est le panard… on finit nécessairement par aimer… aimer parce que l’on souhaite conserver cet état de confirmation identitaire assez agréable et que l’on espère en bien faisant que l’autre, à l’0orgigine en partie de ce plaisir souhaitera rester. Après on peut appeler cela de l’exclusivité…moi j’appelle cela le leurre de la permanence… nombreux sont ceux qui craignent le changement…je n’ai pas à le provoquer pour savoir qu’il arrivera tôt ou tard…
La patience est la vertu de ceux qui savent que le temps ne leur appartient pas 😉
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Clément, je suis une femme et j’ai couché avec des dizaines de types dont j’ai oublié jusqu’au nom et justement, le propre du polyamour est de ne pas avoir peur des sentiments.
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