Comme j’ai évoqué récemment Daniel Bergner et son livre « What do Women Want?« , je vous traduis vite fait un article qu’il avait publié dans slate lors de la parution du livre et qui aborde une des thématiques centrales du bouquin.

Daniel Bergner, auteur de « What Do Women Want » (ref. photo danielbergner.com)
La traduction
[Je zappe son préamblule] Considérons tout d’abord la sexualité d’un arachnide, le scorpion des livres. Etudier le comportement sexuel de cette espèce peut sembler bizarre comme approche du désir féminin mais les scientifiques vont parfois chercher assez loin pour éviter les influences de notre culture humaine — la pression, les distorsions et les contraintes qui s’exercent sur la sexualité des femmes, même à notre époque apparemment libérée. Prenez une femelle de cette espèce, laissez-la s’accoupler avec un mâle, puis proposez-lui ensuite le même partenaire. Il faudra attendre quarante-huit heures avant qu’elle soit d’humeur à s’accoupler à nouveau, alors que le mâle est déjà pleinement motivé et sa réserve de semence reconstituée. Mais si on propose à cette femelle un nouveau partenaire, il ne s’écoulera qu’une heure et demie avant qu’elle veuille s’accoupler à nouveau.
La psychologie de l’évolution a récemment avancé une théorie apparemment satisfaisante pour expliquer les différences entre les hommes et les femmes. En gros, on nous dit que les hommes sont programmés génétiquement [NdT : c’est-à-dire par la sélection naturelle] pour semer à tout vent, tandis que les forces de l’évolution ont paramétré les femmes pour s’attacher à un partenaire fiable qui subvienne aux besoins de sa progéniture. Une des leçons qu’on a inconsciemment déduit de cette théorie, c’est qu’en comparaison avec la sexualité masculine, le désir féminin est biologiquement, intrinsèquement, bien mieux taillé pour la monogamie. Malgré tout, certains chercheurs se demandent si cette croyance que les femmes sont sexuellement adaptées à la fidélité n’est pas davantage le reflet de notre culture que de leur nature ; et que peut-être notre espèce n’est pas aussi éloignée qu’on croit de nos lointains ancêtres les arachnides.
Et si on s’efforçait d’éliminer, autant que possible, les attentes sociales ? Par exemple comme ce chercheur qui a mis en place un protocole d’étude ingénieux pour proposer à des hommes et des femmes hétéro un choix de plans culs imaginaires. Dans mon livre, je relate ces expériences, avec en fil rouge des témoignages sur la vie érotique et les questionnements de femmes ordinaires. Mais je peux rapidement mentionner les conclusions de cette dernière étude : les femmes étaient tout autant que les hommes intéressées par du sexe sans attaches avec de beaux mecs. (Et les femmes étaient rebutées par la perspective de coucher avec des hommes vieux et moches, tout autant que les hommes de coucher avec des femmes vieilles et moches).
Rien n’est certain. Mais peut-être qu’il faut envisager ce qui semble être confirmé par un nombre croissant d’études originales sur le désir : que la nature n’a pas du tout sélectionné les femmes pour la monogamie, que la constance pourrait bien conduire à la sous-oxygénation, voire à l’asphyxie du désir féminin, comme je l’évoque dans mon papier pour le New-York Times Magazine de ce week-end à propos de la sexualité dans les couples exclusifs. Toutefois la plupart d’entre nous n’allons pas renoncer à la monogamie en tant que principe central de nos vies amoureuses. Alors que peut-on faire ? C’est une question qu’on n’arrête pas de me poser. Comment les femmes peuvent-elles maintenir le désir dans le long-terme d’une relation de couple exclusive ? Il n’existe pas de bonnes études empiriques.
(fin de la traduction, maintenant c’est audren qui écrit)
Une question ouverte
L’article de Daniel Bergner finissait par un appel à ses lecteurs/trices pour qu’on lui envoie des témoignages qui seraient sélectionnés et publiés sur le site de Slate (à la rubrique sexo) comme prolongement à l’article « Comment maintenir le désir dans une relation longue ? »
Soit qu’on ait réussi à inverser la baisse du désir dans le couple, soit qu’on puisse raconter des tentatives qui auraient échoué, soit qu’on ait trouvé un moyen de s’en accommoder. J’ai contribué trop tardivement pour avoir une chance d’être publié, mais je n’étais pas le seul apparemment à suggérer le couple libre. En fait, trois des cinq réponses publiées proposaient une forme de non-monogamie.
Lâchez-vous si vous avez des témoignages que vous avez envie de partager (avec tout le monde ou avec juste moi, il suffit de le préciser dans le commentaire – vu que je dois tout modérer – vous avez droit aux faux pseudos et faux emails, si ça peut vous rassurer – et je censurerai tous les détails personnels qui pourraient nuire à votre anonymat). En tout cas, si vous avez trouvé un truc qui marche dans un cadre strictement monogame, ça serait considéré par beaucoup comme la pierre philosophale de la vie sexuelle des couples exclusifs : ça serait pas sympa de garder ça pour vous tous seuls 😉
Epilogue promotionnel
En préparant cette traduction, j’ai appris par Daniel Bergner qu’une traduction française était en préparation. Renseignements pris : elle sortira début avril, aux éditions Hugo & Cie.
Et pour mieux vous donner envie de vous ruer sur le bouquin qui bat en brèche tout un tas d’idées reçues (et intériorisées) sur la sexualité féminine, je vous promets un article résumé/commentaire (de la version originale de l’ouvrage) avant le printemps.
Hello,
La monogamie est sûrement non naturelle au sens physiologique mais c’est bien notre conception du couple et de l’avenir commun au sein de se couple qui vient surpasser les pulsions. Un couple idéal serait un couple ou les plaisirs des deux partenaires seraient à égalité. Les sentiments qui nous différencient des animaux nous permettent de vouloir désirer une seule personne car cela rentre dans nos conceptions de bonheur de couple.
Je n’ai jamais été autant excité par une femme que quand je garde à l’esprit qu’il s’agit de la mère de mes enfants. Tant qu’on reste attentif aux plaisir de son/sa partenaire, volontaires et ouvert d’esprit sur les discussions du plaisir sexuel, il est aisé de rendre l’aspect sentimental et la complicité sexuelle bien au delà du goût naturel du changement de partenaire.
Si c’était aisé, pourquoi avoir puni l’adultère de lapidation ? La monogamie, c’est très très difficile. Surtout en version stricte. C’est ceux qui croient que c’est facile qui y échouent le plus vite. Mais la question à laquelle peu de gens réfléchissent réellement demeure : pourquoi est-ce que ça devrait être notre idéal ultime ? Pour certaines personnes, c’est vraiment se rendre la vie difficile par pur masochisme puritain.
« Comment les femmes peuvent-elles maintenir le désir dans le long-terme d’une relation de couple exclusive ? », telle est la « conclusion » de D. Bergner.
Etonnante conclusion je trouve !! Qui donne l’impression que l’auteur a su dépasser les a-priori en posant un bon questionnement en début d’article, mais se trouve au final rattrapé par le bain culturel (protestant anglosaxon pour le dire vite)… une conclusion un peu plus libre n’aurait-elle pas dû être logiquement : pour vivre une sexualité riche et épanouie, les êtres humains ne devraient-ils pas remettre en cause cette notion de couple exclusif ? il me semble que cela aurait plus de sens. Après, évidemment, on n’est pas obligé de vouloir une sexualité riche et épanouie, tout comme personne ne doit être contraint à apprécier le bon vin, vouloir jouer et/ou écouter de la musique, etc …, toutes ces choses qui rendent la vie plus belle et plus gaie 😉 !!
Merci à Audren pour ce blog que je découvre !!
La conclusion de Daniel Bergner est effectivement contrainte par l’idée qu’il ne souhaite pas avoir l’air trop sulfureux. Mais personne n’est dupe, et de même que « Sex at Dawn » ne prône pas ouvertement la non-monogamie, les deux bouquins sont les fers de lance d’une acceptation culturelle qui gagne du terrain à grands pas en ce moment. La thérapeute Esther Perel souligne à l’envi la contradiction entre le désir de sécurité et le désir d’intensité dans un couple, et il ne faut pas lire beaucoup entre ses lignes pour comprendre que le couple libre fait partie des options qu’elle envisage parfaitement rationnellement (alors que d’autres thérapeutes préconiseront le divorce pour sauvegarder l’exclusivité, ce qui semble vraiment hypocrite, pour le coup).
Et merci du compliment..
Je n’ai pas de solution toute faite, mais cela fait 15 ans que je suis avec le père de mes enfants et j’ai toujours envie de lui quand je le voit se déshabiller….. En même temps mes amies me disent que je fonctionne comme un homme (je ne sais pas pourquoi d’ailleurs). Mais juste de savoir que le plaisir sera au rendez vous me donne envie de lui tout simplement. Et je considère que faire l’amour est un très bon moyen de se libérer des tensions de la journée. J’ai aussi une autre théorie que j’appelle le ‘ »cercle vertueux »: je fais attention à mon partenaire, du coup lui aussi, du coup j’ai envie de lui faire plaisir et cela entraîne son désir aussi de me faire plaisir et etc….Parfois c’est le cercle vicieux…Plus compliqué mais on arrive à s’en sortir pour inverser la chose :).
Et bien vous avez de la chance. Il y a beaucoup de femmes (cf. l’article) et quelques hommes pour qui le cercle vertueux cesse de fonctionner après quelques années (et malheureusement, le message véhiculé par les thérapeutes, la société, les magazines féminins, et les gens qui comme vous n’ont pas tellement de soucis de libido, c’est qu’elles n’essaient pas assez, que leur homme ne fait pas assez d’efforts, que normalement ça devrait marcher).
Bonjour,
après avoir lu ce que dit Zitta … après tout il y a des couples « fermés », monogames, je ne sais pas comment dire, pour qui cela fonctionne, avec des hauts et des bas comme tout couple … j’en connais, même !! mais c’est évident qu’il y en a bcp pour qui ça ne fonctionne plus passé quelques années. mon avis à moi de petit internaute parmi d’autre, n’est pas que le couple monogame est une aberration en soi ; c’est juste que c’est une aberration que le couple soit monogame comme une évidence 😉 … « évidence » purement culturelle, liée à notre histoire humaine, aux religions et aux partis pris historiques qui nous ont façonné. le couple, je crois que ce sont juste deux personnes qui s’aiment, et le reste est affaire d’accord ou d’arrangement entre eux : sexualité, sentiments, amitiés, tout cela est affaire liberté pour chaque individu, en accord avec l’autre personne du couple (sans quoi il n’y a pas de couple évidemment). dans cette logique, le couple monogame n’est donc qu’un arrangement parmi d’autres possibles, pas plus absurde, pas mieux non plus. ça dépend des personnes qui forment le couple. de leur histoire personnelle aussi. voilà 🙂
Je suis bien d’accord. Mais il n’y a que quand la monogamie aura vraiment cessé d’être le seul modèle que le choix de la monogamie pourra être fait sincèrement. De même qu’il aura fallu attendre que le fait d’avoir des enfants soit réellement optionnel pour être vraiment sûr de la sincérité du désir d’enfants.
Je suis comme Zitta, et mes amies, toutes sans exception, pour lesquelles il est devenu une corvée de faire l’amour me dise très masculine en la matière, pour le simple fait que « j’aime ça » et qu’un rythme quotidien ne me pose pas de problème bien au contraire (dans les périodes fastes, nous sommes soucis aux contingences également)
Heureusement que ça n’a rien à voir avec la masculinité et la féminité, même s’il semblerait effectivement que l’essoufflement de la libido dans un cadre monogame touche plus de femmes que d’hommes (je prépare un truc sur le sujet, étude scientifique à l’appui)
Je ne fais pas l’apologie de la monogamie et de cette évidence véhiculé (vu que j’en souffre à l’heure actuelle), mais je ne crois pas que ce soit grâce à mon amant que j’ai envie de mon conjoint, c’est tout….D’ailleurs n’est il pas plus facile d’être libre ds certaines pratiques avec quelqu’un qui connait notre corps, nos désirs, et ce qui marche bien (et cela je pense ne peux se faire qu’avec le temps, c’est un apprentissage du corps de l’autre et du sien découvert par l’autre), plutôt qu’avec quelqu’un pour qui on a un désir assez violent mais qui a tout à découvrir….
Certains disent que c’est plus facile d’explorer ses fantasmes avec la personne avec qui on partage sa vie, d’autres souffrent de blocages qui s’apparentent à la peur d’être jugé — pas facile d’avouer au père de ses enfants qu’on veut qu’il nous traite de pute ou d’expliquer à la femme de sa vie qu’on aime porter des bas roses. Ça dépend du niveau de communication sexuelle au sein du couple, j’imagine.
Et de sa capacité à juger ou non, Audren, très bien dit. Pour ma part, je suis tombée sur une perle en la matière et je vis pleinement chaque partie de notre couple grâce à cela…
Ok, maintenant on peut aussi faire la différence entre l’intensité que peut libérer une pulsion parce qu’elle concrétise un fantasme sans trop de charge émotionnelle (parce que la personne avec qui ce fantasme se concrétise n’est pas super bien connue), et l’intensité fortement chargé en émotion avec une personne aimée….En gros la différence entre orgaste et orgasme. La question aussi qui est aussi en arrière plan est: comment savoir que l’on aime encore la personne avec qui on a construit sa vie après autant d’années, alors que l’on peut avoir ses pensées prises pour une autre personne ou par personne d’autre d’ailleurs, puisque ds ce cas l’amour ne se manifeste plus comme ds les premiers mois (années) d’une relation….Est ce que le manque du désir est un manque d’amour? Est ce que le désir tjrs autant présent est une preuve d’amour? En fait pleins de question que je me pose…..Quelqu’un aurait-il une réponse? 😉
Moi je trouve bizarre qu’on ait plein de mots pour les précipitations (bruine, averse, pluie, crachin, grésil, giboulée, grain, ondée, orage, saucée, brouillard) et un seul mot pour l’amour (allez, deux avec l’amitié). « Est-ce que je l’aime ? (déjà, encore) » devient une question hyper trop floue.
Cela dit, je pense qu’on s’en fiche un peu de savoir quel mot on met sur ce qu’on ressent pour la personne avec qui on a construit sa vie. L’important, c’est de savoir qu’on a envie d’être auprès d’elle, qu’on s’y sent bien, et que c’est réciproque.
Bien le bonjour,
Merci pour cet article, le bouquin dont est tiré cette traduction semble très intéressant !
Personnellement, ce n’est pas dans la monogamie que j’ai trouvé une stabilité dans mon couple… En effet, malgré toute notre bonne fois, la curiosité sexuelle était bien présente, et ce n’est pas le manque d’amour qui la motivait… Après 2 ans de relation, ma douce et moi (2 femmes bizexuelles) avons décidé, par le biais d’une communication parfaitement honnête et d’un grand respect de soi et de l’autre, de nous consulter sur nos limites individuelles, et d’essayer des compromis… Et bien ça fonctionne ! Elle me permet d’aller voir ailleurs comme bon me chante, car elle n’éprouve que très peu de jalousie/insécurité, ce qui n’est pas mon cas. Quand elle a envie de quelqu’un d’autre, nous nous consultons, choisissons quelqu’un et faisons le « trip » ensemble. Certains pourraient être choqué du manque d’équité, et je le suis aussi parfois, mais cela ne dérange pas du tout ma douce. Nous nous sommes mises d’accord et respectons les limites établies l’une par l’autre. Cela fait maintenant 7 ans que nous sommes ensembles, et tout fonctionne parfaitement. D’amener quelqu’un d’autre dans notre chambre ne m’apporte que plus de désir pour ma fiancée, et me rappelle chaque fois à quel point, malgré ma proximité avec d’autres, c’est elle que j’aime… En somme, c’est notre amour tellement parfait (honnêteté, bonne volonté et ouverture d’esprit) qui nous permet de vivre cette expérience qui peut sembler inhabituelle. Cotoyer des autres me donne toujours envie de me retrouver dans ses bras, rien n’égale sa compréhension, sa connaissance de mon petit être, de mes petits besoin. D’aller voir ailleurs, ce n’est que l’assaisonnement, le petit piment, qui fait que notre désir ne se tari pas !
L’important, c’est qu’il faut se rappeler, dans un couple monogame ou non, de se respecter soi-même, et de respecter l’autre: La base de la relation reste le couple, dans mon cas, et c’est vers notre bien COMMUN que nous avançons, nous essayons de ne pas nous laisser motiver par nos désirs égoïstes.
Merci bien !
Merci du témoignage. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’il serait bon que votre chérie vous voie faire des efforts pour aller dans le sens de l’équité. Soit l’équité dans l’égalité, soit l’équité dans une autre forme de réciprocité, par exemple dans le fait que vous sauriez lui laisser une liberté que personnellement elle ne pourrait pas vous donner sans en souffrir de son côté.
Nous sommes justement en train d’explorer cette avenue. La douce s’est elle-même mise une limite, au début de notre couple, s’interdisant de voir quelqu’un sans que je n’y sois mêlée. Cela fait peut-être un an que je l’incite à explorer ce qui l’a poussé à se mettre cette barrière, et à voir si elle n’aurait pas besoin d’un « rafraichissement » ! Nous en sommes convenues qu’elle essaierait de son côté de fréquenter un homme sans moi, et nous nous assoierons ensemble pour discuter de comment on se sent dans la situation. Je sais que je peux travailler là-dessus de mon côté, et lui que l’on puisse, comme vous dites, atteindre une sorte d’équité, tout en se respectant l’une l’autre !
C’est chouette quand les choses ne restent pas figées.
Et j’ai envie d’évoquer la question qui fâche : vous envisagez aussi de voir des femmes chacune de votre côté ?
Je réponds à ce commentaire-ci car je ne vois pas le bouton répondre sur votre autre commentaire 😛 De mon côté oui, c’est en cours et il n’y a pas de problème ! De son côté, je ne crois pas que ça l’intéresse particulièrement, mais elle en a tous les droits (pour une raison obscure, j’ai toujours eu moins de mal à la voir avec une femme plutôt qu’avec un homme, mais je travaille là-dessus car je ne suis pas certaine que ça soit justifié !). Je crois effectivement qu’il est important pour un couple d’évoluer, de se mettre à jour de temps à autre ! Avec le style de relation que nous avons choisi (établi serait peut-être plus approprié), soit une relation ouverte, on ne peut pas se permettre de rester figées, ça irait à l’encontre de ce que nous cherchons à construire il me semble !
« honnêteté, bonne volonté et ouverture d’esprit » et respect avez-vous cité … cela me semble être une bonne base pour une bonne entente durable ! avec la liberté de chacun (oups : chacune aussi !) je rencontre parfois des personnes qui me parlent d’exclusivité sans quoi rien n’est possible (entendez : aucune relation intime), peur du partage … partage-t-on ce qui ne nous appartient pas ? à part des objets (ou une belle expérience mais de façon verbale essentiellement), je ne vois pas très bien ce que l’on peut partager ..?
bises
Surtout que quand on parle de ne pas pouvoir « partager » son chéri ou sa chérie, c’est totalement faux. On n’a aucun problème pour « partager » du temps, de l’attention, de l’amour et mille autres choses. C’est juste le cul.
Surtout qu’on ne peut partager que ce qui nous appartient … C’est-à-dire des objets, pas des gens zhumains !! Enfin je l’entends ainsi …
Certes. Mais en étant gentil, on pourrait sous-entendre ‘partager (la disponibilité)’. Et bien ce que je dis, c’est que vu comme ça, on est en réalité très partageurs, et qu’on a déjà quasiment tous les outils pour bien vivre la liberté de l’autre. Il reste juste une dernière case, marquée ‘sexe’, à décocher.
Je me suis toujours demandé comment ça fonctionnait dans une relation exclusive… Comme vous le dites, quand il y a peur du partage… Les couples ont-ils aussi peur de partager ce qu’ils ressentent l’un avec l’autre, par crainte de ne pas être reçu, accepté, compris ? Je connais quelques couples dans lesquels règnent des tabous incroyables sur certaines « bases » d’une relation, la sexualité par exemple. Rien n’est permis alors on en parle pas, on se lance des regards crispés sur la canapé quand Angelina Jolie débaroule en maillot de bain, on se demande si l’autre regarde le joli garçon qui promène son chien torse-nu… Beaucoup d’appréhension, d’incompréhension et, au final, de frustration… Existe-t-il une relation exclusive où, malgré tout, les couples parlent de leurs sentiments et leurs désirs avec l’autre sans nécessairement les réaliser ?
Pour moi et pour d’autres qui m’ont partagé leur longue expérience de couple, l’idée est de suivre le rythme biologique de la femme.
La sexualité qui suit les cycles de la femme. Ce qui implique moins de rapports intimes, moins de lassitude et plus de joie au moment des rencontres.
C’est très rafraîchissant de trouver sur internet ce site et de lire vos opinions sur l’amour conjugué à la liberté, que celle-ci soit vécue en contexte exclusif ou élargi, inclusif.
J’ai un jour dû admettre que l’exclusivité rendait mes amours malheureuses. Non sans heurts, car avant d’y arriver, je me suis longtemps condamné et traité de « volage », en constatant mon désir de m’ouvrir à plus d’une femme. Je croyais qu’il ne s’agissait que de basses pulsions, d’ailleurs. Mais vint un jour où (lors d’une « expérimentation » d’ouverture avec mon amoureuse et une personne pour qui nous avions une grande tendresse) l’évidence m’a frappé, incontournable: ce désir n’était pas que pulsion, c’était le désir d’aimer.
Car au fil du temps, je vis que non seulement il ne me venait que pour des femmes qui éveillaient l’amour en moi, mais que ce sentiment, loin de concurrencer l’amour que je vivais avec ma partenaire (ou se poser à côté, comme une soupape), faisait grandir mon envie d’aimer. Cela rendait immédiatement plus fort mon amour pour ma partenaire. Et pas juste mon amour, mais aussi mon désir.
Sans doute cela venait-il du mélange entre la «renaissance» de mes forces désirantes et de la tension (pas la jalousie, car ce sentiment m’est à peu près inconnu) naissante de voir ou savoir ma partenaire désirée par un-e autre.
Un terme moderne, mais imparfait, tente de décrire cette expérience et ces sentiments: polyamour. Un peu bancal, ce néologisme créé en pleine époque hippie, a au moins eu le mérite de m’aider à comprendre que je n’étais ni polygame (ou polygyne), ni libertin.
Ce qui est cependant assez complexe, lorsque l’on est comme cela (ouverts à un-e autre dans un but amoureux), c’est que très peu de gens pensent ainsi. Les modèles sont plutôt les amants secrets, les aventures sans implications amoureuses… bref un modèle ouvert à la constance amoureuse, à une forme d’engagement et à la pleine connaissance et acceptation des personnes impliquées (les amoureux du départ, tout comme les amours « additionnelles »), ça se voit encore assez rarement.
L’extra-conjugalité est encore conçue d’abord comme une transgression amoureuse et non comme une extension amoureuse.
(Les adresses courriel ne sont jamais publiées. Mais si on a peur d’une faille de sécurité sur le serveur, on peut aussi mettre un mail bidon, je m’en fiche un peu si c’est un commentaire intéressant)
Merci. C’est bien pour donner de la visibilité au continuum des possibles entre l’exclusivité et l’adultère que je fais ce blog.
Je comprends complètement, et je crois que je suis à peut près comme vous… Ce sont l’attachement, les papillons qui m’attirent chez quelqu’un, pas nécessairement le sexe. Ça me cause parfois des maux de tête, et je dois faire bien attention à ne pas tomber trop loin où m’attacher, garder ça simple… Pas facile !
J’aime votre expression, « extension amoureuse »… Je vais m’en servir la prochaine fois que j’explique ma dynamique de couple !
Libre d’aimer, pour ma part je ne pense pas que l’exclusivité amoureuse rend malheureux où fait disparaitre l’amour où le désir.
Si on place l’amour et le désir en dedans de nous, ce que nous aimons et désirons, la seule manière de ne plus désirer ni aimer c’est de pas entretenir sa joie, son propre amour de la vie.
En gros le seul coupable, c’est moi, nous quand je ressent pas, plus d’amour ni de désir. Parsque je ne fait pas ce qu’il faut pour m’apporter moi-même cette joie, cette envie. C’est notre responsabilité de prendre soin de nous-même, d’être heureux, plein de gaieté, d’énergie.
C’est lorsque qu’on crois que c’est quelqu’un d’autre qui est responsable de ce manque qu’on se leurre. C’est faux. L’autre est seulement responsable de son propre bien-être lui aussi.
Alors, non je pense qu’on se trompe complétement de cible, ce n’est pas la monogamie le problème.
C’est notre incapacité à s’aimer, se reconnecter avec notre être et à faire ce pour quoi nous sommes ici et qui nous rend joyeux, équilibré, aimant et…donnant. On ne peux partager et reconnaitre chez les autres que ce qu’on arriver à ressentir soi-même.
Ce qui ne veut pas dire qu’on ne puisse pas partager ce désir et cet amour de la vie avec plusieurs personnes plutot qu’une seule si on le souhaite 🙂
bonsoir, merci pour cet articles et ces temoignages c’est très interessant, je suis en couple depuis 4 ans avec un homme absolument génial mais depuis quelques temps mes rapports avec mon partenaires se font rare et parfois je n’ai pas envie du tout je songeai donc a cette option mais j’ai peur de le vexer, comment amener la discussion sans blesser l’autre?
C’est un article que j’essaie d’écrire depuis des lustres. Peut-être qu’un jour j’aurai le déclic…
Hello,
si je puis suggérer 2 hypothèses …?
d’une part, les périodes de crise, de remise en cause du couple, sont particulièrement propices à exposer un autre modèle possible, plus ouvert sur d’autres relations ..
d’autre part, on peut aussi prendre un air ingénu, et annoncer gaiement un soir « tiens chéri, viens voir, je me promenais sur internet et je suis tombé sur ce blog d’un certain Audren, j’ai trouvé ça drôlement intéressant, j’aimerais bien que tu regarde, lise qqs articles et qu’on en parle, que tu me dise ce que tu en pense 😉 » … ça peut marcher aussi 😉
Je crois que cette dernière solution est trop « évidente » quand le sujet n’est pas déjà en frémissement dans le couple. Il vaut mieux que l’autre tombe dessus tout(e) seul(e), au hasard de ses visites sur le net. C’est pourquoi je compte sur vous, chères lectrices et lecteurs, pour booster mon ranking par tous les moyens mis à votre disposition (clics, likes, liens, etc. 😉
Bonjour,
Je partage beaucoup d’idées véhiculées sur ce blog. Je pense aussi que le désir et la sexualité sont des concepts bien trop irrationnels pour y coller des processus universels.
Je me pose une question (parmis tant d’autres) sur notre faculté à enfermer notre partenaire dans ce qu’on a décidé (consciemment ou non) de ce qu’il était ou n’était pas. Je lis souvent que dans un couple, il est compliqué de réaliser un fantasme sans au mieux, jouer un rôle pour faire plaisir. Combien de gens iront voir ailleurs pour vivre quelque chose qu’ils estiment impossible avec leur partenaire, alors qu’un peu de communication aurait permis de découvrir une envie et une excitation commune ? L’idée que l’on se fait de l’autre, et ce dès le commencement d’une relation inhibe toute projection de choses nouvelles, de choses folles. Le temps nuance parfois ces certitudes mais elles ne disparaissent jamais vraiment. Nous sommes rangés dans une catégorie parfois réductrice qui empêche une évolution du couple. Difficile de soumettre sa partenaire et de la traiter de pute (quand celle-ci pourtant le fantasme) si elle vous a toujours envisagé comme l’amant tendre, affectueux et dévoué. Quand bien même cela vous exciterai au plus haut point…
Il me semble que cette réduction de l’autre dans un rôle / schéma / stéréotype / individualité figés peut non seulement être limitée, mais *doit* absolument l’être.
Ça inhibe les potentialités de chacun, ça empêche de s’explorer et de s’éprouver différemment, d’évoluer en somme. Ça fige, et c’est un peu dommage de se retrouver dans une relation qui, au lieu de nous permettre d’évoluer chacun parallèlement, de s’explorer, fige l’autre et le limite.
Il me semble que la fusion, le fait de se fondre dans l’autre, d’annihiler toute distance entre soi et l’autre, participe de cette mécanique merdique.
Personnellement, et même si C’EST *TELLEMENT* TENTANT, j’essaye d’éviter à tout prix d’effacer la distance de sécurité qui peut exister entre deux individus distincts, autonomes, celle qui existe typiquement au début d’une relation où on laisse encore à l’autre la possibilité d’être découvert, et à laquelle on devrait le plus possible se tenir. Cela permet de laisser à l’autre un espace, une bulle personnelle, une possibilité de n’être pas seulement ce qu’il me donne à voir maintenant, mais d’évoluer et de développer d’autres facettes de sa personnalité.
C’est un réflexe humain de vouloir fixer l’autre à ce que l’on connaît, à catégoriser, à l’enfoncer dans une case quitte à lui projeter dessus tout un tas de saloperies – positives ou négatives – selon nos fantaisies.
C’est important de fixer des limites dès le début d’une relation pour ne pas laisser ce mécanisme s’enclencher.
Parce qu’il paraît qu’on va tous mourir sinon, et ça c’est triste comme un chaton affamé.
D’ailleurs, c’est l’heure du p’tit déj.