Avertissement : éventuelles traces de biais cognitif

Ce que j’écris dans ces pages peut sembler parfaitement raisonnable et réfléchi. Mais ne négligeons pas le fait que je puisse être totalement biaisé.

regard perçant, plan serré, dessin au crayon

Un peu d’introspection casuistique (ref. photo via tumblr)

Et si tout ça n’était qu’une vaste entreprise d’absolution de ma femme ? Si ce n’était qu’un grand geste à peine inconscient pour rationaliser ce qui m’arrive ? Si ma fixation sur le désir féminin n’était simplement qu’une façon pour moi de me rassurer sur le fait que ce n’est ni tellement ma faute ni tellement la sienne si je suis cocu ? Si mon désir de faire connaître le polyamour n’était que le moyen de me dédouaner à peu de frais moraux de ma double vie ?

Et si Daniel Bergner, Christopher Ryan, Esther Perel, Françoise Simpère, auteurs des bouquins sur lesquels j’appuie une partie de mes convictions, étaient simplement dans une situation similaire et cherchent par leur succès d’éditions à exorciser leurs déboires conjugaux ?
Et si l’éloquence de Dan Savage quant au couple libre (il dit ‘monogamish’ ce qui se traduirait par ‘quasi-mono’) était simplement une justification des coucheries que lui et son mari s’autorisent de temps à autres ?

Nous ne le saurons probablement jamais.

En tout cas, je ne crois pas. Mais comme je suis partie prenante, mon jugement est sujet à caution.

Et à la rigueur on s’en fout, l’important c’est :

  1. que je sois heureux avec ma femme et qu’on ne répande pas trop de malheur autour de nous
  2. que les stats de fréquentation du site continuent à augmenter

Enfin, comme ça, je vous aurai prévenu(e)s.

34 réponses à “Avertissement : éventuelles traces de biais cognitif

    • 😉
      En fait c’est un mix des deux puisque c’est en sortant de la matrice de nos stéréotypes culturels que c’est le plus confortable.

  1. Et merci de nous prévenir alors ^^ !
    PS : Moi, je constate juste que tu me fais réfléchir à plein de choses… et que les personnes à qui je m’en ouvre se mettent à y réfléchir aussi.
    C’est fascinant en fait.

      • Il ne faut pas, c’est juste précieux d’ouvrir des horizons ou au moins susciter des interrogations…

  2. Je me pose régulièrement cette question… Sachant que la plupart des fous ont aussi une justification parfaitement rationnelle (à leurs yeux) de leur comportement. Et puis… Je me dis que tout ceci n’est pas si grave, tant que je vis bien avec ça et que je ne fais de mal à personne (ou alors, les personnes en question acceptent en toute connaissance de cause, voir adhèrent à mes vues et aux risques relatifs, risques bien faibles au final). Tout ça pour dire que… plus on est de fous, plus on rit 🙂
    Bonne journée!

  3. Ca m’a fait réfléchir… encore.
    Je crois que l’homme peut à posteriori justifier chacun de ses actes, même les plus répréhensibles, par un raisonnement qui le confirmera dans sa position.
    Pour savoir si cela est biaisé ou pas, peut-être faut-il s’en référer au final à ses propres valeurs. Si nos pensées et nos actes sont en cohérence avec nos valeurs et que ces valeurs sont compatibles avec des valeurs universelles (encore que cette notion soit sujette à discussion), alors je pense qu’on peut considérer que le raisonnement est valable.

  4. Encore une fois Audren…

    Tu brilles simplement par ton « intelligence »… comprenons ici, une simple capacité à observer le cube sous tous ses angles en prenant la peine de te déplacer et de changer tes points de vue! Tu es impressionnant et cela, cher ami, n’a aucun prix…et donc la plus grande valeur du monde!

    Et oui, en termes de casuistique comme de causalité, nous pourrons souvent justifier et asseoir nos vues a posteriori… mais tant que cela n’est pas orienté vers la nuisance et le mal…et de mal je n’en vois aucun, je salue non seulement l’effort…mais la prouesse aussi…

    Dans un monde ou la différence est de plus en plus revendiquée comme légitime et sans arrêt rejetée dans le même temps! Bravo…

    Bravo, simplement…

  5. Bonjour
    Déjà, ne pourrait-on pas éliminer ce mot, cocu ? c’est un mot qui m’évoque le vaudeville, j’ai du mal avec ça..je préfère encore le mot trahi…si toutefois le couple s’est juré fidélité. Le polyamour fonctionne, c’est un état d’esprit, une incapacité à éprouver de la jalousie douloureuse, on le veut dès le départ, ça ne doit pas être un choix par défaut . Ma consœur Françoise Simpère me l’a bien expliqué, elle le vit dans l’harmonie sans problème et est mariée depuis toute jeune avec le même homme ce n’est pas une posture du tout.

    • Je préfère désarmer les mots méchants que m’enfuir pour en choisir d’autres. J’assume (je revendique) le fait d’avoir été cocu avant d’avoir été en couple libre (et non, jamais trahi), et j’aime bien justement ce clin d’oeil à une référence culturelle surannée (archaïque, voire) qui accentue le contraste avec le chemin parcouru…

  6. Alors là chapeau oui pour cette prise de recul! Je dois t’avouer que c’est une question que je garde au fond de ma tête depuis que je lis ton blog… Comme si on ressentait dans tes écrits que tu « subis » ce polyamour, que tu t’en contentes pour garder ta belle, et garder le moral. Mais en même temps, n’est-ce pas ça l’amour aussi? Comme tu dis, oui c’est ta belle qui t’a mené à cette situation en faisant de toi un cocu, et l’amour et l’intelligence vous ont permis de trouver votre arrangement dans cette situation, tant mieux pour vous j’ai envie de dire! Personnellement je suis comme ta belle, j’ai fait de mon homme un cocu, j’ai fini par lui dire, par lui faire beaucoup de mal et nous nous en relevons petit à petit, grâce à l’amour. MAIS je n’arrive pas à quitter mon amant, et ça mon homme ne le sait pas… Nous avons discuté de polyamour, mais ni lui ni moi ne pensons que cela nous plairait. Mon discours est hypocrite hein? C’est que je reste persuadée que je n’en veux pas d’autre(s) que cet amant là, et je suis persuadée et souhaite que lorsque cette histoire se terminera je reste fidèle à mon homme. La question est QUAND cela va-t-il se terminer avec mon amant? Pour moi il s’agit d’une rencontre à côté de laquelle je ne veux pas passer, et j’ai déjà dit à mon homme que s’il faisait une rencontre de ce type je souhaiterai qu’il ne se l’interdise pas. C’est une forme de polyamour quelque part, mais biaisé… mon homme n’y a pas encore gouté même s’il a quelque part ma permission, et moi je continue à garder le secret sur mon amant… Enfin bon tout ça est un peu confus, je ne vais pas te résumer mes problèmes d’infidélité en un commentaire… Je vais m’en tenir là, et terminer en te disant quand même merci, ton blog m’a permis de beaucoup réfléchir sur mon couple (je pense surtout que chacun SON couple, qu’il n’y a pas de modèle) en des périodes très tourmentées. J’apprécie ton mode de pensée exempt de toute forme de jugement, c’est rafraichissant!

    • La grosse différence, c’est que maintenant j’y trouve plus mon compte que ma femme, coincée dans une histoire de coeur qui n’en finit pas de finir.

  7. J’aime cette lucidité Audren.
    Ces questions je me les pose aussi. Effectivement, tous les comportements trouvent une étude américaine qui les dédouanent.
    Alors, je ne sais pas si c’est « bien » les couples libres. Avec différents témoignages de personnes vivant des aventures hors mariage, je me rends compte que chacun trouve (ou tente de trouver) un arrangement avec son conjoint, sa morale, ses acquis, son environnement, etc.
    La seule chose que je sais est que ces aventures multiples correspondent à un besoin pour celui/celle qui les vit. Est-ce que ces besoins sont justes et équilibrés ?
    Notre vie n’est-elle pas une perpétuelle de recherche ?

    • Je ne parlerais pas forcément de besoins. On peut toujours vivre moins bien que ce qu’on vit. Donc plutôt des envies, des désirs.

      Pour quelle raison faudrait-il renoncer à ses désirs ? S’ils font du mal à soi ou à quelqu’un d’autre. S’ils causent simplement du tort à la morale, je pense qu’on peut légitimement s’en camphoiner la gidouille.

  8. 🙂
    « Biais cognitif » ça fait déjà assez jargon (franglais à cause du mot biais), mais « tentation inférentielle », on nage en pleine novlangue de sciences humaines à la française — (non je ne suis pas méchant, juste réfractaire ou bien buté 😉

  9. « Pour quelle raison faudrait-il renoncer à ses désirs ? S’ils font du mal à soi ou à quelqu’un d’autre. S’ils causent simplement du tort à la morale, je pense qu’on peut légitimement s’en camphoiner la gidouille. »
    C’est la question que je me pose en ce moment et qui m’a fait tomber sur ton blog.
    Je le trouve aussi vraiment extrêmement intéressant.
    Je suis intéressée par les statistiques de ton blog. Combien de lecteurs/suiveurs ?

  10. Je suis très d’accord avec la rigueur je-m’en-foutiste qui valorise le bonheur et l’amour autant que le respect d’autrui!!
    Vos articles et les commentaires sont très intéressants! Merci pour toutes ces riches réflexions!
    Pour l’augmentation des stats, je fais ma part de partages, ensuite, à chacun la responsabilité de se méfier de ses reflets et de surveiller son propre périmètre crânien! 😉

  11. Mec, j’ai cherché dans TOUT TON BLOG, il manque UN mot que je ne trouve PAS! Il FAUT que tu en PARLES!
    Si tu n’en parles pas, tu es alors NUL, MAUVAIS!
    Tu manques CRUELLEMENT de JUGEMENT! C’est ÇA qui DÉTRUIT ton utopie de merde! C’est ça LA GRANDE RAISON du couple FERMÉ aujourd’hui, contrairement à 1968.
    C’est LA chose LA PLUS IMPORTANTE À ÉNONCER aujourd’hui!
    On ne peut pas passer à côté, on ne peut pas le passer en SOUS-ENTENDU, surtout sur un tel site!
    IL FAUT ABSOLUMENT QUE TU EN PARLES!
    Tu es beaucoup TROP UTOPISTE!
    Aujourd’hui, il faut absolument que tu parles d’un mot, et J’EXIGE que tu en fasses au moins un ARTICLE ENTIER dessus, avec ce MOT dans le TITRE:
    SIDA!

  12. Ha, ne connaissant pas ta situation personnelle, je ne me permettrai aucun commentaire déplacé, car je ressens une grande, très grande colère. Ne sachant pas si elle est liée à une expérience ou situation te concernant je ne m’étalerai pas plus. Par contre, il est important de maintenir un ton cordial. Ton commentaire se tient. IL est justifié en effet de parler des IST et MST. Dont le SIDA est loin , très loin d’être le seul représentant.

    Parler de ces maladies… c’est comme parler de l’infidélité, c’est lever le voile sur ce que l’on sait exister mais que l’on préférerait ignorer.
    Penser que les gens adopte aujourd’hui des moeurs sexuelles plus fermées qu’avant 1981, sauf erreur de ma part, premier cas de SIDA avéré, serait une bien piètre analyse. Et oh combien mensongère. Je ne sais pas si il y a plus de liberté sexuelle aujourd’hui qu’avant… pas plus que je ne sais s’il y a plus de violence dans les rues qu’avant… je sais juste que l’on en parle plus et tout le temps: du sexe pour nous donner envie d’être comme tout le monde (soi disant ) et de baiser à tort et à travers…la violence, pour nous rassurer en se disant que finalement on a encore bien de la marge avant d’être mauvais ou de pouvoir légitimement se plaindre de nos vies. Du pain…des jeux… cela n’a pas beaucoup changé depuis la Rome ou la Grèce antique. Et les orgies des philosophes grecs avec des petits garçons de moins de dix ans ne sont plus à prouver!

    Le plus grand biais cognitif encore présent sur ce blog est bel et bien celui-ci, et il est une douce émanation de la culture occidentale néolibérale qui a assimilé le progrès et le mieux au « plus ». Le quantitatif n’a rien à voir avec le qualitatif, quoique l’un et l’autre puisse être effectivement réalisé en même temps. Ce n’est pas une règle… loin s’en faut.

    L’être humain sera libre…le jour ou il cessera de chercher à quantifier sa liberté…comme toute les autres d’ailleurs. Que l’on me prouve séant que telle ou telle femme a plus de plaisir qu’un homme, ou ‘inverse…je veux de chiffres, des millilitres, des centimètres, de microgrammes… rien de plus rien de moins…aucune valeur à ce que je peux quantifier. Rien qui ne vaille la peine que je me torture pour savoir. tout ce qui peut être quantifié est fini…et tout ce qui est fini l’est déjà… je n’ai pas besoin de voir ou toucher pour croire ceci:
    Que l’homme est libre, autant que la femme… et que je n’ai nul besoin de quelqu’un d’autre pour connaitre ma liberté…celle de faire des choix, de les assumer, même quand les conséquences ne m’étaient données à priori. Si je m’expose à un risque connu, j’en assume pleinement les conséquence.

    Maintenant il est effectivement nécessaire de replacer ce blog dans son contexte historique et de rappeler, effectivement au enfant qui joueraient encore à trouer des paquets de capotes en grande surface avec des aiguilles…que ceci implique cela…
    Que l’hypersexualité des uns n’entraine pas la stigmatisation des autres, que la tranquillité des uns n’entraine pas la mort des autres. Car tout ce qui est fait…consenti ou non a des conséquence…connue ou non. Rappelons donc ici, que tout joyeux que puisse être ce blog, il n’en demeure pas moins une chose…la vie est un peu plus qu’un jeu… la vie est un peu mieux qu’un jeu..précisément en ceci…il n’y a jamais ni gagnant ni perdant. Et c’est précisément pour cela qu’elle à sa propre valeur que je respecte entre toute. Car elle n’a aps de prix.

    Je ne pense pas que la crainte d’une chose puisse nécessairement refréner les pulsions ou mouvement de désirs des hommes et femmes, les pandémies en sont la preuve. Pour autant…informer et rappeler alors que tout… absolument tout à des conséquences, alors oui. Et de faire les choses alors vraiment légèrement…sans jamais les faire à la légère!

    Il y a une grande nuance en « dédramatiser » un sujet…tel que le fait ce blog, et le rendre parfaitement anodin, presque indifférent. Sans importance aucune. Le sexe est important, dans couple comme à l’extérieur. Pour autant… rien n’est moins anodin que sa propre sexualité, qui, biologiquement, pourrait éventuellement jouer un rôle dans la notion d’identité elle-même.

  13. C’est marrant ça, quand je parle de votre blog à ma femme en essayant de lui suggérer que le modèle du couple exclusif n’est pas forcément le meilleurs, elle me dit que je suis sous l’emprise d’un manipulateur ! J’ai d’ailleurs remarqué que souvent, quand j’exposais un propos bien argumenté et parfaitement rationnel, je me faisais moi-même traiter de manipulateur, comme si la vérité effrayait… vous remettez simplement en question un principe culturel et profondément ancré dans les esprits. Comme vous le faîtes avec des arguments rationnels et difficiles à contredire, vous heurtez ces esprits qui n’ont plus d’autres solution que de vous attaquer. Quand on a plus d’argument contre le raisonnement, on s’attaque au raisonneur. Ne vous laissez pas impressionner par ce genre de critiques : seuls les arguments comptent, et je crois qu’il y en a peu contre vous, à part que vous sortez du cadre. Vous blasphémez en quelques sorte, mais n’oublions pas que toutes les grandes vérités ont commencé par un blasphème…

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