Larguer par écrit, c’est presque mieux (parfois)

… ou pourquoi je conteste le dogme actuel qui considère que seul le tête à tête serait moralement acceptable et que tout autre moyen de communication serait lâche : pour larguer, pour dire « je t’aime », pour demander en mariage, pour avouer une infidélité, pour s’engueuler, pour faire son coming-out…

Nous avons le regret de vous informer... (ref. photo cc-by-nc Peter-Cassar sur deviantart.com)

Nous avons le regret de vous informer… (ref. photo cc-by-nc Peter-Cassar sur deviantart.com)

J’aime bien l’écrit (on s’en doute). J’aime bien l’oral aussi, mais c’est à l’écrit que j’exprime mieux mes idées, et de loin.

Et comme la plupart des gens, je redoute les confrontations. Mais je ne crois pas que ce soit juste par lâcheté que j’aimerais qu’on relativise les mérites de la sacro-sainte discussion en tête-à-tête et qu’on reconsidère les mérites de l’écrit. D’ailleurs, quand il s’agit d’écrire son amour, on trouve l’écrit très romantique. Pourquoi pas pour écrire son désamour (ou tout autre sujet délicat à aborder) ?

S’il faut qu’on se dise des choses

  • difficiles à verbaliser ou compliquées à formuler
  • avec un fort contenu émotionnel,
  • qui peuvent réellement blesser la personne,
  • qui peuvent susciter des réactions virulentes
  • (enfin ce genre de discussion)

et bien s’obliger à se les dire de vive voix, c’est rajouter une énorme difficulté à quelque chose de déjà quasiment insurmontable.

La discussion qui tarde à venir

Le premier effet qui se coule, c’est qu’on n’ose pas aborder le sujet. On risque de laisser traîner très longtemps, par manque de courage, potentiellement jusqu’à que le truc atteigne un niveau explosif et qu’à force d’avoir attendu « le bon moment », on se retrouve à en parler au pire moment.

Ou alors ça traîne juste parce qu’on n’a pas physiquement l’occasion de se voir en vrai. Le pire étant quand tu dois larguer ton chum qui habite encore au Québec mais que vous ne vous verrez pas avant Noël : tu vas skyper hypocritement avec lui jusqu’à ce qu’il traverse l’océan pour te retrouver pour les fêtes avec un gros cadeau, et là tu vas lui dire en tête à tête que c’est depuis la Toussaint que tu savais que c’était fini, mais que tu préférais attendre vos retrouvailles parce que par téléphone ou par texto ça aurait été salaud de ta part. M’est avis qu’il aurait préféré que tu le lui écrives avant qu’il fasse le voyage.

Le brouillage émotionnel

Le second effet qui se coule, quand on aura enfin cette discussion, c’est qu’on sera dans un merdier émotionnel impropre à se parler comme il faut :

  • trop d’enjeu pour s’exprimer correctement ou assembler ses idées
  • trop de malaise pour dire vraiment ce qu’on pense, pour oser parler des vrais problèmes et des vraies raisons
  • trop d’émotion pour s’écouter patiemment
  • le risque que l’un des deux prenne l’ascendant sur l’autre et sabote la discussion
  • et quand la colère s’en mêle, elle nous fait dire des horreurs qu’on regrettera.

Sachant que si on ne redoute pas ces écueils pour soi-même (heureuses gens qui n’avez pas les tripes et la langue nouées), pensez à votre interlocuteur/trice qui va peut-être se retrouver haché(e) menu(e) comme chair à pâté par vos propos ‘de vive voix’ — pour une discussion-surprise aussi bien que pour un entretien préparé par une longue marinade à la mode ‘lundi il faudra qu’on parle’.

Certes, l’écrit a beaucoup de défauts. Mais je pense qu’on peut les atténuer.

L’écrit est beaucoup plus lent

Les échanges écrits, même par SMS, prennent un temps fou. Alors pour clarifier un doute qui aurait pris trois secondes à l’oral (« mais non, ce n’est pas ça que j’ai voulu dire ») il faudra peut-être trois heures ou trois jours à l’écrit. Avec l’angoisse d’avoir mal compris (ou trop bien compris) qui peut vous bouffer longtemps, jusqu’à ce que l’autre réponde.

En la circonstance, ce qui est salaud, ce n’est pas tant l’écrit que le délai de réponse. Je parie que si dans une vraie discussion en chair et en os vous observiez un silence de deux heures avant de répondre à chaque question, le truc serait hyper flippant. Donc être réglo, ça veut dire répondre sans tarder, surtout quand il s’agit de dissiper un malentendu.

L’écrit nourrit le troll en nous

A l’écrit, quand on commence à se prendre le bec dans les échanges, on a tendance à monter dans les tours encore plus fort qu’en vrai. On voit ça tous les jours sur twitter, dans les forums ou dans les fils de commentaires : des gens bien qui se transforment en immondes trolls parce qu’ils ont pris ombrage d’une tournure indélicate ou maladroite et répondent du tac au tac avec un peu trop de hargne pour que l’autre puisse simplement rectifier sans s’échauffer à son tour.

Je ne sais pas pourquoi une insinuation ou une insulte à l’écrit nous semblent plus odieuses qu’à l’oral, mais je sais comment casser le cercle vicieux : attendre un peu, relire cent fois le message et relire mille fois la réponse qu’on s’apprête à envoyer.

Certains forums mettent en place un délai de publication pendant lequel le commentaire n’est visible qu’à son auteur. Quand tu relis pour la millième fois que tu t’apprêtes à traiter ton futur ex de « sale connard de merde », tu te dis que tu devrais probablement reformuler de façon plus constructive.

D’ailleurs, d’une façon générale, plus on a d’émotion ou de colère quand on rédige un message, plus il faut tourner longtemps sa plume dans l’encrier. Quitte à laisser passer la nuit qui porte conseil. Et l’avantage de pouvoir attendre de ne plus avoir de moutarde dans le nez ou de boule dans la gorge avant de répondre, c’est qu’on peut s’efforcer d’appliquer tous les bons principes de communication non-violente.

Oui, je sais, attendre avant de répondre, ça contredit le conseil précédent. Quand l’émotion est trop forte, si l’on veut pouvoir calmer le troll en soi sans que le silence nourrisse l’angoisse chez l’autre, rien n’empêche alors d’écrire « je ne suis pas en mesure de te répondre là tout de suite – j’encaisse et je te réponds demain ».

L’écrit favorise les lettrés

A l’écrit, celui qui sait mieux écrire est à l’avantage par rapport à celui qui n’y est pas à l’aise. Mais je pense que le rapport de force est quand même moins déséquilibré qu’à l’oral (sauf illettrisme grave).

A l’oral, quand on est face à un embobineur, l’exercice est encore plus inégal et on rumine ensuite pendant des jours tout ce qu’il a pu dire de faux et tout ce qu’on aurait dû répondre d’intelligent. Mais c’est trop tard.

Au moins, à l’écrit, on peut prendre son temps pour préparer ses arguments, on peut y revenir, sans être sous la pression d’un beau parleur qui a réponse à tout.

L’écrit reste

Le tort de l’écrit, c’est sa permanence : si on laisse échapper quelque chose de monstrueusement méchant, il sera beaucoup plus dur de revenir en arrière. Entre-temps, les monstruosités auront probablement fait le tour de facebook.

Mais la permanence de l’écrit est aussi son mérite. Il y a des personnes qui comprennent ce qu’elles veulent entendre. Elles vont revenir à la charge et nous faire croire qu’on a dit autre chose que ce qu’on avait pourtant clairement exprimé. Avec l’écrit, ces personnes pourront se reporter à l’historique de la discussion pour constater qu’on n’avait laissé aucune ambiguïté exploitable.

L’écrit est plus froid

L’écrit donne l’impression d’un verdict sans appel, sans avoir le droit de se défendre.

D’abord il ne faut pas se leurrer : une litanie de « ne me quitte pas » ne marche pas davantage à l’oral qu’à l’écrit (même en chanson, sauf si votre charisme vous permet d’influencer la personne qui vous largue, mais je ne crois pas que ça soit une solution ni souhaitable, ni durable).

Et ensuite, rien n’oblige à couper les ponts après un premier message. Au contraire, il faut garder la discussion ouverte, quitte à la poursuivre justement en tête à tête quand on sent que l’émotion devient gérable.

Ou pas.

27 réponses à “Larguer par écrit, c’est presque mieux (parfois)

  1. Bonjour !

    Long time reading, first time writing…

    Par avance excusez-moi de mon orthographe qui va manquer terriblement d’accents, mais j’ecris depuis un clavier en qwerty.

    Merci pour cette article. Je suis aussi de ceux qui preferent l’ecrit. Je l’ai d’ailleurs deja utilise pour des discussions serieuses avec mon homme (ca fait 8 ans qu’on est ensemble, mais nous avons depuis presque toujours vecus une relation a distance a cause des etudes ou du travail qui nous ont separes geographiquement). A chaque fois j’ai l’impression que je ne devrai pas faire ca. Surtout que si moi j’adore ecrire, ce n’est pas son cas. Mais je crois que c’est mieux pour nous deux de discuter par ecrit que par oral. J’ai eu une fois besoin de faire une pause. J’ai decide de le lui dire par oral, apres qu’on ne se soit pas vu pendant un petit moment, et on a tous les deux trouve ca horrible. Lorsque j’ai eu besoin d’aborder des sujets difficiles (en l’occurence la redefinition de notre couple, l’evocation de sujets tabous dont on n’avait jamais parle), j’ai donc choisi l’ecrit.
    Je suis d’accord avec tout ce que tu dis ici. Et je pense que ca a ete benefique pour nous deux que nous ayons eu ces discussions par ecrit plutot que par oral. Ca nous a laisse le temps de reflechir a notre opinion personnelle, sans se sentir pris le couteau sous la gorge du « oulah il faut que je reponde la ca fait deja 20 secondes que je reflechis. Je sais pas quoi dire mais si je reponds pas il va mal le prendre ». Je pense qu’on a pu prendre des decisions bien plus reflechies et avoir des reflexions bien plus construites et sereines par ecrit que nous n’aurions pu le faire par oral. Et aussi ca nous a permis de penser par nous-meme. Lorsqu’on doit discuter en face a face l’interaction avec l’autre brouille je trouve cette perception de nos propres besoins et de nos propres avis, et on se retrouve bien souvent a dire des choses que l’on ne pense pas (Mon troll se nourri enormement du face a face justement).

    • L’autre possibilité (que j’avais évoquée dans cet article), c’est d’abord d’écrire pour rassembler ses idées, pour bien digérer, et quand on sait où on en est, de jeter la lettre (ou de la brûler en offrande à quelque divinité païenne) et de prendre son courage à deux mains pour aller parler en vrai.

      • Oui je l’avais lu en effet. C’est vrai que c’est aussi une solution, que je n’ai pas testée. Mais j’ai l’impression que ça ne règle pas le problème venant de la relation à distance, qui fait que si on a quelque chose sur le coeur et qu’on veut le dire en face-à-face, on n’a d’autre choix que d’attendre de se voir. Et là il y a deux soucis: le moment des retrouvailles n’est jamais le bon moment pour ce genre de discussions, ça fait un ascensseur émotionnel désastreux pour l’autre qui passe subitement de la joie de se revoir au désarroi face à ce qu’il entend. Et si on attend un peu pour éviter ça, on a l’impression de lui avoir en quelque sorte menti pendant les heures/jours avant d’aborder le problème. Une sorte de sentiment de commettre un délit d’initié.
        Mais heureusement ces problèmes liés à la distance seront bientôt derrière nous, puisqu’on emménage enfin ensemble dans peu de temps.

  2. C’est vrai que l’écrit dépassionne les échanges de vue houleux et potentiellement blessants.
    Dans la pratique (longue) de la dispute, porté presque à un art, c’est la complémentarité des 2 qui représentent pour mon couple la meilleure solution. L’écrit devient une base de dialogue, il peut recadrer le débat et il entre dans les acquis. Quand vous décrivez votre relation en disant « on s’écrit souvent », cela sonne souvent plus solide que « on parle beaucoup ». Merci pour ce blog, sympa l’incursion québécoise.

    • Oui, je suis d’accord avec cette idée de complémentarité.
      Le clin d’oeil québécois, c’est parce que vous êtes nombreux à me lire.

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  4. Il me semble que la première règle est celle du tact et que chaque cas est particulier.
    Lorsque l’on évoque une discussion verbale, il faudrait préciser s’il s’agit d’une discussion en présence de l’autre, ou si c’est avec skype ou par téléphone..
    Les échanges en présence de l’autre sont infiniment plus riches dans leur contenu, puisque la communication n’est pas que verbale mais aussi corporelle, avec les attitudes, les regards, les intonations, les gestes. toutes choses qui manquent dans la communication par écrit, et qui ont une signification. Cette communication permet d’ajuster la violence ou son inverse en temps réel, selon les réactions de l’autre..Mais cela suppose que l’on est prêt à un compromis,ou à se justifier et donc à écouter l’autre afin d’atteindre un accord et une compréhension commune. S’il s’agit de l’informer purement et simplement d’une décision unilatérale déjà prise, et qu’en plus on n’a pas envie d’avoir à se justifier, alors texto, mail, lettre, qu’importe.
    Le minimum de respect envers l’autre demande cependant que l’on soit certain que cet écrit lui parviendra. Cela parait évident, mais les textos qui se perdent, les mails qui tombent dans la boite spam, cela arrive…J’ai le souvenir d’une ex qui, m’ayant informé par texto de sa lassitude de notre relation, texto que je n’ai jamais reçu, me demanda une semaine plus tard: « au fait, as tu reçu mon texto »? Ce n’est pas tant son contenu, qu’elle m’indiqua donc par communication vocale, que sa désinvolture, qui me mis en fureur.

    • Pour ce qui est de la richesse des messages non-verbaux, cf. ma réponse à Maryline. A la rigueur, quand l’émotion est retombée, c’est utile d’être en présence, en particulier pour détecter s’il persiste un malaise ou bien si on a l’air d’être tous les deux au clair avec ce qu’on aura pu décider.

      Pour le reste, je suis bien d’accord : tact, écoute et respect sont indispensables, à l’écrit comme à l’oral.

  5. Et ben moi, je préfère parler, voir les réactions de l’autre et composer avec.
    Et puisqu’environ 80% du message que l’on transmet à l’autre est non-verbal, je trouve dommage d’en perdre une partie.
    Mais bref, pour ceux qui n’aiment pas les confrontations, c’est sûr que ce n’est pas simple…

    • Je crois qu’on donne trop de crédit au non-verbal. Il peut tellement facilement être mal interprété, surtout en situation émotionnelle forte ou bien quand je ne veux pas voir la réalité en face, que pour certaines communications j’ai l’impression qu’il risque davantage de brouiller le discours que de le clarifier.

      Mais ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit : je n’ai pas dit que l’écrit est toujours préférable — j’ai simplement dit que c’est presque mieux parfois. Ce qui veut quand même dire que je suis d’accord que l’oral est souvent mieux. Et d’ailleurs les derniers rebondissements de ma vie amoureuse — au sujet desquels je viendrai bientôt ici me confesser (tease) — ont eu lieu par oral.

  6. Une pensée sincère pour ceux et ceusses qui ont du mal à s’exprimer, en face à face ou par écrit… Nous sommes des nantis de disposer de cette faculté d’expression. Cela ne simplifie pas le sujet, mais c’est un précieux atout.

    • Et c’est un atout qui ne sert pas seulement pour les tumultes amoureux : c’est la vie entière qui favorise ceux qui savent mieux s’exprimer.

      Cela dit, il n’est pas impossible que l’hypertrophie du langage s’accompagne d’une atrophie des moyens plus immédiats de perception des émotions des autres. Cette hypothèse a partiellement été abordée par Jean-Claude Ameisen dans une de ses émissions (http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=76185), à propos de la lecture : la lecture détournerait certaines réseaux de neurones, qui autrement servent en particulier à la reconnaissance des objets et apparemment aussi des émotions sur les visages. C’est pas rassurant pour moi.

  7. Moui, une explication écrite peut avoir de bons points, mais pour cela il ne faut pas négliger un prérequis fondamental : il faut que les 2 personnes aient envie de s’expliquer. L’écrit dessert souvent ceux qui cherchent à obtenir une réponse claire de quelqu’un qui ne veut pas vraiment la formuler; si l’oral peut faire ressortir, en « coinçant » quelqu’un ou sous l’effet de la colère, quelques sentiments véritables, l’écrit est lui l’arme parfaite de ceux qui n’ont pas envie d’affronter des questions gênantes.

    • A l’oral ou à l’écrit, chercher à acculer quelqu’un pour qu’il affronte des questions « gênantes » (qui sont parfois carrément terrifiantes, traumatisantes, intrusives), c’est le meilleur moyen d’obtenir l’effet inverse de celui escompté : surenchère mensongère ou évasive, colère et violence, contre-attaque dans la mauvaise foi. On peut inviter quelqu’un à s’exprimer (et pour moi l’écrit est une invitation plus douce que la confrontation orale), on ne peut pas le forcer à le faire.

      « You can lead a horse to water, you can’t make him drink »

  8. On retrouve au fond toujours dans toutes ces discussions un fond de préférence en amour pour une distanciation (tres tendance) permettant un meilleur controle de la situation (je dois maitriser le monde et ce que je ressens pour le conformer, en l’absence de Dieu, au modele rationnel auquel je crois) plutot que l’acceptation des aléas de l’autre et ma propre nature
    emotionnelle, considérés comme nefaste et risquée, je recommanderai un livre: « la possibilité d’une ile » de Houellebecq, et deux films: Norway of Life, et Her.

  9. Par écrit, c’est comme ça que mon « ex » et moi venons de rompre (enfin c’était il y a déjà plus d’un mois). On s’était rencontré « par écrit », via les blogs, les emails. Bah on a rompu pareil. Comme on n’habite pas tout près l’un de l’autre, je suis en train de me dire que les chances qu’on se revoit sont peut-être un peu minces. Il me renvoie mes affaires par la poste. On est tous les deux plutôt doués à l’écrit, on aime bien, on préfère ça à l’oral. On s’est tout bien tout expliqué, enfin je crois. Mais du coup, quand même je trouve que ça manque un peu de quelque chose… Pfff. Bon, voilà, ça fait un moment que je lis ce blog, fallait bien que je laisse un commentaire un jour ou l’autre. Comme ça se sera fait.

    • Merci. Pour moi, les meilleures discussions, ce sont celles qui arrivent à l’oral après une première explication par écrit pour défricher/déminer.

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  11. Je suis tellement d’accord avec ce texte, merci Audren.
    Je suis aussi plus à l’aise à l’écrit, et à cause de ça j’ai tendance à retarder une discussion délicate que je voudrais réussir à avoir à l’oral, en vain ; j’exprime avec plus de clarté ce que je ressens quand j’écris, j’ai le temps de peser mes mots, de penser. J’écris donc parfois, mais j’ai souvent peur qu’on m’accuse de lâcheté, et je trouve ça idiot.
    L’écrit et l’oral sont complémentaires et indissociables à ma vie.

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  13. Bonjour !
    Franchement, merci. Je sais même pas vraiment pour quel article vous remercier, mais juste déjà savoir que je suis pas la seule à trouver que l’infidélité n’est pas forcément quelque chose de grave; savoir que des hommes au 21è siècle peuvent considérer que leur compagne n’est pas une propriété privée (avec le panneau, le chien qui aboie, les barbelés autour, la totale); savoir que dire les choses par écrit n’est pas une abomination non plus, de pouvoir discuter enfin de qu’est-ce que c’est que la « réussite » d’une relation (hors critères simplement temporels), enfin je suis tellement d’accord avec vous sur tellement de points ! Enfin quelqu’un qui réfléchit, enfin des mots sensés à lire !
    J’ai eu une bien vilaine rupture l’hiver dernier, d’une relation complètement étouffante et où ma santé a commencé à être gravement mise en jeu; et ensuite j’ai lu des choses formidables sur la violence dans le couple, et le consentement et blablabla, mais souvent on dirait que ces gens ne savent pas de quoi ils parlent, on entend juste « la violence dans le couple » comme si cette expression définissait déjà tout, ce qui est faux. Dans l’imaginaire collectif, la violence conjugale c’est le moment où monsieur met des droites à madame, mais par quels stades est-il passé avant? On dirait que cela, personne n’est capable de vraiment le définir ou d’en parler, de cet enfermement progressif dans une prison « à deux »; prison que personne ne voit puisque « tu es couple, tu devrais être heureuse ». Et au contraire quand je vous lis, toute la question de la violence est là, bien décrite, à partir du moment où on aime l’autre « pour soi-même » et non pas « pour ce qu’il est », ça peut déjà ouvrir la porte à toute sorte de comportements abusifs, allant du bassement mesquin au franchement craignos. Je ne sais plus comment vous dites ça, là, l’enthousiasme répété à aller vers l’autre chaque matin ou je ne sais quoi, mais du coup toute l’idée du consentement et de la liberté de disposer de soi est super importante. J’arrête là, pardon pour la confusion et le roman, mais enfin bref : merci.

    • Avec plaisir. Oui, je crois comme vous que le ver des comportements abusifs est dans le fruit de l’idée du couple tel qu’on nous le package aujourd’hui.

  14. Il reste la solution de la belle lettre remise en main propre, avec une belle pensée finie et bien tournée à 360 degrés, puis immediatement après le face à face pendant lequel on assume le fait de devoir sortir de sa zone de confort. C’est asymétrique, mais on est toujours du « bon » côté quand on est à l’initiative d’une discussion sérieuse.

  15. Merci! Je me sens, de manière certainement temporaire, un peu moins monstrueuse.
    Je n’ai, pour ma part, aucune aisance à l’oral. Et, dans cette situation, mes émotions me submergent…
    C’est arrivé il y a peu de temps. Quand l’autre fuit les réponses, puis fuit les questions…puis fuit toute conversation, fuit tout échange.

    On finit par mettre soi même des mots, de donner un sens.

    Face au silence, une relation n’a à mes yeux aucune chance…

    Rompre par écrit? Je me dis que cela laisse à l’autre le moyen de fuir la confrontation, fuir l’évidence, fuir les larmes. C’est parfois laisser à l’autre une porte de sortie « rapide et sans encombres ».
    Bref, un dernier « je t’aime » pour quelqu’un qui, parfois, n’attends que cela mais n’a pas le courage de l’exprimer.
    Au final, je pense l’avoir beaucoup plus mal vécu que lui…

    Je préfère clairement un largage par écrit qu’un largage par abandon…sans mots, sans présence, sans échange.

    • Quelque chose que je n’ai assez préécisé dans l’article : l’idée de l’écrit, c’est pour initier le processus de séparation, pas nécessairement pour le conclure. C’est pour pouvoir dire le plus dur, mais rien n’empêche de se parler après, quand ça redevient possible – moi c’est comme ça que je préférerai, en tout cas si ça devait m’arriver.

      • Je suis plutôt d’accord.

        Mais comme une histoire se vit à deux, une séparation, verbaliser, se fait à deux également.

        Arracher des mots de la bouche de quelqu’un qui fuit l’échange, c’est le faire souffrir inutilement, et c’est, au final, obtenir des mots qui ont perdus leurs sens en l’absence de spontanéité.

        Attendre jusqu’à ce que l’échange redevienne possible? Quelle est la durée acceptable? Je me suis posée la question.
        Combien de temps attendre et esperer un échange? A partir de quand attendre en est juste ridicule et inutile?
        Face à un mur, j’avoue être…bien impuissante.

        J’ai pour ma part baissé les armes…

        Pour parler, il faut être deux, les monologues, on s’en lasse, et c’est juste, franchement douloureux… et j’ai pour ma part décidé que je ne méritais pas toute cette souffrance.

        Certaines personnes ne sont juste pas capable de gérer les conflits frontalement. A quoi bon les y contraindre?

        Si une rupture par le biais de l’écrit leur permet de mettre un point final sans confrontation et sans conflit, que cela leur suffit… Que faire sinon que d’accepter?

        J’aurais préféré autre chose également.
        Mais ce n’est pas parce que l’on aimerait que cela se passe d’une certaine manière que cela se déroule comme on le souhaite.

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