Et les vaches seront bien gardées

La confiance dans le couple, c’est justement le contraire de la transparence. Il faut pouvoir faire confiance dans le respect absolu de l’espace personnel de chacun. Donc d’un côté : abstenez-vous de fouiner ; de l’autre : verrouillez vos téléphones, séparez vos comptes sur la tablette, ne partagez pas vos mots de passe facebook… et les vaches vous diront merci

dessin numérique au crayon - portrait d'une vache des asturies

Merci

Ce n’est pas de l’électroménager

Ayant découvert l’informatique dans le monde universitaire puis professionnel où chacun avait son compte et où il aurait été de très mauvais aloi de se connecter ou de travailler sous le compte d’un collègue, j’ai toujours été étonné de voir à quel point la pratique du profil commun était courante dans le cadre domestique. Je comprends que c’est hérité de la tradition de partager les ustensiles de cuisine, le fer à repasser ou le vieux téléphone à cadran. Mais l’ordi, ce n’est pas de l’électroménager. Et nos téléphones sont des ordis.

Certains en rajoutent une couche de sauce romantico-cucul qui voudrait que pour se prouver notre amour et notre confiance on devrait vivre « à coeur ouvert », vu que puisqu’on n’à rien à se cacher il faudrait tout se montrer. Ce réflexe puéril est une catastrophe du point de vue du respect de l’espace personnel de chacun, et une incitation à l’intrusion, à notre époque numérique où nos smartphones et nos tablettes et nos comptes facebook sont des annexes de notre identité personnelle

Tous les mails dans le même outlook, tout l’historique web dans le même firefox, tous les films piratés dans le même répertoire « vidéos » : pour moi, c’est à peu près aussi malvenu du point de vue de la vie privée qu’un tiroir commun pour les sous-vêtements ou une brosse à dents collective. C’est même pire.

Ne me soumets pas à la tentation

On sait pourtant respecter un journal intime ou éviter d’ouvrir le courrier de sa chérie, normalement. On dirait pourtant que dès qu’il s’agit de vie privée numérique, on a les mauvais repères, d’un côté comme de l’autre. D’un côté, sans parfois penser à mal, on est en permanence la proie d’un mélange de curiosité empathique, de voyeurisme documentaire et de tentation d’espionnage. De l’autre, alors que le journal intime et le courrier sont sagement rangés au fond d’un tiroir ou d’une boîte à chaussures, tu laisses ouvert ton compte facebook sur le laptop pendant que tu prends ta douche, tandis que sur mon iphone qui traîne nonchalamment sur la table de la cuisine, l’historique sms avec mon ex reste accessible d’un glissement de doigt.

Alors on tombe sur des trucs qu’on n’aurait pas dû voir. Du porno gay dans l’historique du copain ; des petits mots ambigus dans les sms d’un collègue à elle ; de l’activité récente sur okcupid. Et dans 90% des cas, comme le gamin qui surprend un bout de conversation entre adultes, on comprend le truc de travers et on en fait tout un fromage. Forcément, il nous manque le contexte. Il faudra des heures de discussion pour désamorcer le fromage ; et il subsistera longtemps un terrible doute, même si l’autre met absolument toute l’histoire cartes sur table (ce que je déconseille par principe, mais des fois c’est vrai que ça va plus vite de dépouiller à deux l’historique sms avec le commentaire explicatif pour faire retomber le soufflé vite fait).

Et même dans les 10% qui restent, les cas où l’on a très bien compris, à moins d’être mis en cause nommément dans les messages ou d’être personnellement victime d’un complot, je dis que ça ne nous regarde pas. Y compris en cas d’infidélité (je compte m’en expliquer bientôt ; pour l’instant lisez ceci).

Et donc s’il est évident pour beaucoup qu’il faut résolument s’abstenir de fouiller soi-même, il devrait être non moins évident qu’il faut mettre des obstacles physiques à la curiosité de l’autre pour ne pas lui rendre la tâche plus difficile.

Et donc ça veut dire quoi, pratiquement ?

  • Pratiquement, ça veut dire que le téléphone de quelqu’un d’autre est un endroit aussi intime que sa culotte : on n’y met pas la main sans y avoir été invité (et encore, seulement pour y faire strictement ce pour quoi on y a été invité). Pareil pour un profil perso sur l’ordi ou la tablette. Pareil pour un compte facebook.
  • Pratiquement, ça veut dire qu’on fait attention à ne pas laisser traîner ses yeux par dessus l’épaule de l’autre quand il-elle est affairé-e sur un écran. Quitte à contourner le canapé de l’autre côté.
  • Pratiquement, ça veut dire rester discret-e et s’arranger pour que les notifications n’ameutent pas toute la maisonnée et ne soient pas trop ostensibles sur l’écran de verrouillage.
  • Pratiquement, ça veut dire que votre smartphone s’autoverrouille et que le motif de déverrouillage et le pin restent secrets.
  • Pratiquement, ça veut dire que quand on montre une photo de sa galerie, on garde un doigt sur l’écran.
  • Pratiquement, ça veut dire que pour l’ordi et la tablette, il y a un profil pour chacun, avec mot de passe et autoverrouillage après quelques minutes d’inactivité.
  • Pratiquement, ça veut dire comme au boulot : quand on se lève de sa chaise, on fait CTRL-ALT-L (sur linux) ou WINDOWS-L (sur windows) pour verrouiller l’écran. Toujours.
  • Pratiquement, ça veut dire qu’un pote qui passe chez vous et veut vérifier son mail le fera avec un profil « invité ».
  • Pratiquement, ça veut dire que celui ou celle qui pique une crise en se retrouvant privé-e des moyens permanents d’espionnage et vous fait un gros chantage émotionnel tendance narcissique et manipulation à base de confiance et de partage puisqu’on s’aime et qu’on « devrait tout se dire » est quelqu’un avec qui il ne vaut mieux pas rester en couple.
  • Pratiquement, tout ça c’est des conseils de sécurité informatique de base, et vous me direz merci en cas de fausse manip, de perte, de vol, de psychopathe…

le téléphone de quelqu’un d’autre est un endroit aussi intime que sa culotte

37 réponses à “Et les vaches seront bien gardées

  1. Et les ados! Eux qui sont nés avec un greffon à écran tactile dans la main, nous regardent taper nos codes plus vite que l’on ne pense.
    Et boum! 6 mois de psy pour désamorcer la bombe a retardement qui a mis 3 mois a exploser après avoir une page et sms oubliés. Chaud.

    Donc en plus de tous les bon conseils d’Audren, changez vos codes régulièrement, réglez votre navigateur en mode je ne garde aucune trace de navigation. Des petites astuces qui peuvent éviter gros.
    (nb: Le psy n’est pas remboursé. Pensez plutôt psychiatre pour nos ados perturbés)

    Comment ça, ça sent le vécu? 😉

  2. Aux outils informatique, j’ajouterai le courrier papier et le compte en banque (les comptes joints, quelle hérésie!) ainsi que le contrat de mariage (vive la séparation de biens, qui simplifie tellement les choses en cas de séparation réelle). Bref, vivre à deux n’est vivable que si on reste deux individus et pas une cellule « couple » ) à entrée commune. Du reste, la seule vraie crise que j’aie eu avec mon cher et tendre polyamoureux, c’est quand je lui ai expliqué que la confiance, comme tu le dis, c’est ne pas chercher à savoir, respecter le jardin secret de l’autre, et non pas la transparence totale qui relève du contrôle et parfois de l’exhibitionnisme.

    • On peut toutefois sans hérésie être deux personnes distinctes à gérer un compte joint, au titre de la personne morale « foyer », si l’on prend soin de ne pas diluer les deux identités dans cette personne morale (ou le mariage vu comme une démarche associative 😉

  3. On peut, mais je préfère la solution « chacun son compte » et en fin de mois ou d’année, on vérifie que chacun a participé à peu près également (ou au prorata de ses revenus) aux dépenses du foyer. Etant en contrat de séparation de biens, j’ai choisi cette solution qui fonctionne très bien et par ailleurs, ce n’est pas parce que j’aime quelqu’un que j’ai envie de mélanger l’argent avec les sentiments, sachant que la majorité des séparations deviennent dramatiques à cause des questions d’argent.

  4. Quelle sagesse ! j’ai lu un peu en diagonale mais une grande quand même 🙂 et je suis tout à fait d’accord …qui cherche trouve ….chut !

  5. merci à toi audren de poser des questions (im)pertinentes au fil des situations. Le rendez-vous ici est toujours d’acuité. Et la discussion ouverte.
    Alors je vais essayer de livrer à mon tour quelques remarques, mais dans le désordre.
    Jardin secret, jardin public, au départ le jardin est un clos. Les aller-retours entre l’intime et ce qui peut-être partagé, les inter-actions et les passerelles peuvent être intéressantes. Mais dans un autre ordre, empêcher un être de s’y réfugier ou de s’y promener, de s’y essayer revient à imposer une dictature. Un peu comme si l’on vous jugeait pour une pensée criminelle avant même l’ombre d’un fait.

  6. Ah Françoise… décidément je n’ai pas fini de vous lire. 🙂
    A peine arrivé, ma moitié a chipé « aimer plusieurs hommes » et s’en délecte.

    Audren, je dois quand même dire que même si je m’efforce de ne pas fouiner dans sa correspondance intime, son coté jardin secret entouré de barbelés est parfois difficile à vivre. On aimerait en savoir un peu au lieu de juste supposer. La difficile transition entre libertinage et relations suivies. Cela dit, je suis tombé une fois par mégarde sur un échange de mails que j’aurais préféré… ne jamais avoir lu. Et pan sur le bec!

    La morale de mon petit mot? Si vous fouillez vraiment dans la vie privée de votre partenaire, ne venez pas pleurer de trouver quelque chose qui vous blesse, et encore, probablement plus par manque de compréhension du contexte. Car souvent, il n’y a pas matière à s’offusquer. Il suffit de faire confiance à vôtre partenaire. Mais j’admets que ça prends du temps, ce cheminement…

  7. « ctrl+alt+supr puis entrer » Tiens, j’y avais déjà prêté attention puis je n’avais pas retenue cette solution que j’ai oublié… Je préfère le « windows+L » 😉 (Windows= touche petit drapeau deux crans à gauche de la barre espace 🙂 )
    Escher

  8. J etais en couple et à la base j étais sereine, j avais confiance et jamais je ne me serai doutee de ce que j allais decouvrir. « Par hasard, le facebook était ouvert, et j ai lu. Je peux dire que cela m a aidée à ne pas continuer mon chemin avec quelqu un qui en fait n etais pas authentique. Ceci dit, j ai aussi arrêté d etre si naive et de croire au monde des bisounours, cependant à present je doute de chaque homme partageant ma vie car je decouvre à chaque relation des « relations » ambiguës via l informatique….bref, j aspire à la fidélité et à l authenticite de l autre dans un couple, est ce vraiment possible où est ce que chaque homme a ce besoin de: seduire sur des sites de rencontre, enregistrer le numero de chaque fille à qui il parle, dissimuler volontairement sa vie en ayant un second telephone pour « les affaires’, continuer à communiquer et se rassurer auprès de son ex…Est ce que j attends le prince charmand, je ne pense pas mais j espere tout de meme qu il lui ressemble un peu, juste un peu…:-)

    • Mais, le prince charmant n’existe pas. Tout simplement, parce que c’est partir du principe qu’il sera parfait pour toute notre vie alors que justement « toute une vie » c’est suffisant pour changer d’avis.
      Ce que je veux dire, par « c’est long », c’est qu’en 5 ans, 10 ans, 20 ans on a le temps d’évoluer différemment de notre partenaire et voir que la personne qui nous faisait rêver, soit l’homme qui remplissait les critères du « prince charmant » à 20 ans ne les remplit plus aujourd’hui. Ce n’est pas de sa faute, comme ce n’est pas de la notre, nous évoluons tous dans des directions différentes. Donc vouloir calquer à notre vie changeante, une notion de prince charmant immuable, c’est se tromper complètement.
      Ce mythe du prince charmant va aussi de pair avec cette idée de complémentarité, d’âme soeur, comme si l’autre était là pour nous compléter. Encore une fois, c’est dommage de mettre l’amour sous cette forme là, parce que c’est occulter la part de travail présente dans toute relation. Parce que c’est encore une fois partir du principe que tout sera parfait sans effort à fournir parce que le prince charmant aura toutes les qualités du monde et que du coup, tout roulera comme sur des roulettes.
      En réalité, je pense qu’il y a trop de projections idéalistes qui se projettent sur le couple exclusif. Tous ces « princes charmants » et « âmes soeur » nuisent finalement beaucoup à l’amour.

      • Je souscris parfaitement.
        En anglais, l’âme soeur se dit « The One » (comme « l’Unique ») et Dan Savage a une expression amusante : il dit que chercher « the 1 » est vain, et que si un jour on veut pouvoir investir dans une relation un peu plus profonde, il faut savoir se rendre compte qu’on a trouvé « the 0.87 », et que tout le travail de la vie à deux, c’est de faire ce qu’il faut pour arrondir 0.87 à 1.

      • Je pense que le couple hétérosexuel est un peu le défi de l’alliance avec un(e) tout autre. Défi qui évolue parce que chacun(e) évolue, à 40,50,60,70 ans… Mais défi qui nous tient aussi, qui est un travail de respect, de compréhension, d’affirmation de soi en douceur, etc. Défi d’altruisme, avec un égoïsme (du désir) bien tempéré… (C’est l’idée, mais c’est rarement la réalité !) Alors « la confiance, c’est le contraire de la transparence » ? Non, il y a des limites à l’intrusion, mais des limites au secret aussi. Question de respect. (Nous avons un compte commun pour le ‘foyer’ et des carnets séparés, avec des épargnes séparées pour les futures dépenses communes).

  9. ah le sacrosaint  » on partage tout on est ensemble », belle bêtise en effet audren. les comptes bancaires séparés c’est la base déjà, on fait comment les cadeaux surprises sinon? Pour ce qui est des mots de passe, boite mail, compte facebook, téléphone laissé sur la table il vaut mieux éviter de tenter le diable, et en tant que curieux je sais de quoi je parle…il vaut mieux parfois ignorer ce qui pourrait nous faire mal

  10. Juste pour info : verrouiller son poste sous windows se fait également avec « touche windows + L » (ce qui est plus pratique que passer par le CTRL-ALT-SUPPR qui est parfois lent)
    (ah zut, Escher en a déjà fait la remarque… bah, j’insiste quand même : a mon avis, ça vaut le coup de modifier le texte de l’article)

    Sinon, sur le texte en lui même… Bah, j’ai a réfléchir au pourquoi ça me gêne aux entournures, et où, parce que rationnellement, ça devrait pas…

  11. Merci beaucoup pour cet article, il m’a permis d’ouvrir les yeux sur une manie que j’avais.
    Un de mes copains et moi avons l’habitude de regarder parfois les sms de l’autre. Jamais en cachette, toujours avec sa permission, mais finalement quand j’y pense, ce ne sera pas comme ça qu’on apprendra à avoir confiance l’un en l’autre (surtout moi, je regarde plus souvent et je dois avouer que c’est plus par méfiance que juste pour m’amuser). J’essaierai de faire plus attention et de ne plus faire ça. Merci beaucoup !

  12. C’est intéressant comme vos articles arrivent à point dans mes réflexions.. Cela dit il y en a tellement que c’est assez simple d’un trouver un qui colle à l’évolution du moment ^^
    J’avais réagit il y a quelques temps sur l’article « ma femme m’a trompée, que faire » .. Effectivement dans les premiers temps, y compris (et surtout) au moment où on s’en rend compte, la tentation est grande de suivre un instant cette correspondance, et pour définir le sentiment qui traverse l’esprit j’aime bien la formule utilisée dans l’article, ce mélange de curiosité empathique, de voyeurisme documentaire et de tentation d’espionnage .. Mais à terme ce comportement ne peut effectivement être que négatif, et en quelque sorte obliger son esprit à s’enfermer dans un rôle de victime, un peu narcissique, un peu égoiste, avec une furieuse tendance à rester dans les schémas selon lesquels le mariage est aussi l’appartenance de l’un à l’autre. Depuis, non seulement je n’ai plus la tentation (ni l’envie) de fouiller sur son téléphone, mais j’ai appris à verrouiller le mien, à rester discret pour éviter tout quiproquo, et surtout pour m’autoriser à développer ces parts de moi-même qui sont tellement importantes. Je ne dirais pas qu’aujourd’hui nous sommes un couple libre, tout au plus un couple libre « de fait », voire un couple de collocataires libre de fait qui prennent du recul en attendant d’envisager de le devenir, mais je suis complètement certain que cette évolution passe par le respect de la vie privée de l’autre, et j’imagine que la cerise sur le gateau vient lorsque la confiance permet de laisser filtrer quelques informations.. (encore que finalement ça ne soit pas une nécessité absolue)
    En tout cas il est important de lever la question des enfants.. Car de base, il est assez courant que toute la famille puisse accéder aux téléphones des uns et des autres, notamment les enfants qui demandent assez facilement à pouvoir utiliser en toute innocence telle ou telle appli. C’est pourquoi il ne suffit pas de placer l’écran en mode verrouillage et de garder le code pin secret, ni de désactiver ou de rendre discrète les notifications. Il faut également protéger ses applis privée et pourquoi pas naviguer en mode « privé ». C’est de plus en plus simple, notamment parce que les éditeurs de logiciel ont compris que le public était mur pour ça, et que l’époque du « bouahh tu utilise le mode privé de ton navigateur c’est forcément pour aller sur des sites pornos malsain, bouh c’est mal » est à mon avis révolue. (enfin j’imagine que dans l’esprit de certain c’est encore ça, mais qu’importe ^^)
    En tout cas merci encore pour ces réflexions et le temps que vous prenez pour alimenter tout ça. C’est utile. très !

    • Les navigateurs devraient être par défaut en mode privé. Et pour conserver l’historique, il y aurait une boîte de dialogue qui demanderait si on est sûr qu’on veut faire ça, si on a un compte rien qu’à soi, etc.

      • c’est un peu ce qui est en passe de se mettre en place, notamment par les technologies apportées par un géant bien connu. Mais au delà des considérations éthiques, ça pose aussi des soucis techniques et ça n’est pas forcément si trivial que ça ^^ .. Et puis … hormis quelques informations que l’on souhaite garder pour nous même, la vie numérique est tout de même dans une large mesure partageable et « capitalisable », enfin je trouve. Même si il faut bien avoir conscience que ce que l’on conserve peut potentiellement être rendu public, ou du moins connu, soit des proches, soit de beaucoup moins proches, à des fins commerciales ou pour des études comportementales. Je viens d’apprendre que les readers ebook permettait au travers d’un petit bout de code de savoir statistiquement quelle part des lecteurs d’un livre avaient été jusqu’au bout… Ca fait peur mais en même temps on peut y voir des intérêts… Le tout est de savoir entre quelles mains tombent ces informations.. mais bon on s’éloigne du sujet initial.

  13. « le téléphone de quelqu’un d’autre est un endroit aussi intime que sa culotte »

    j’ajouterais même que dans le cas de la lecture d’une conversation SMS on a la main dans la culotte de deux personnes à la fois, et qu’il est donc de bon ton d’avoir l’accord des deux avant de lire.

  14. @red: Je sais c’est pas bien, mais la lecture de ton commentaire, même s’il est techniquement vrai, m’a tout de suite mené à la pensée suivante: -Parce que en plus d’être son amant, il faut aussi que je lui demande l’autorisation de lire la prose qu’il échange avec ma femme?

    Je sais, pas bien. mais quand même… 😉

    ps: allo mon psy, si tu me lis? 😀

    • non, pas bien. Je re-souligne (même si tu sais déjà, c’est pour les autres) : la seule personne dont l’amant ait à obtenir l’autorisation (si la chose ne se passe pas chez toi), c’est ta femme. Et en revanche, red a bien raison : la correspondance entre deux personnes appartient aux deux personnes.

      Rien à voir mais ça me rappelle le jour où j’ai compris que pour griller une queue de tire-fesses, il ne suffisait pas de trouver un skieur qui accepte qu’on lui passe devant : il faut demander aussi à tous ceux qui sont derrière.

  15. Moi je ne cherche pas à lire, et je peux dire que je lutte contre ma curiosité à chaque instant mais il arrive parfois qu’elle veuille me montrer quelques messages, je lui demande toujours si elle est sûre avant et ne lis que ce qu’elle veut me montrer.

    • Mon problème c’est ma rapidité de lecture : mes yeux enregistrent tout ce qu’il y a à lire dans leur champ de vision avant même que j’en aie conscience. Je dois donc faire hyper gaffe à éviter de regarder.

  16. @ Audren: j’ai la même rapidité de lecture! Il m’est donc arrivé de découvrir des choses que visiblement on ne souhaitait pas partager avec moi. Ce qui m’a obligée à les garder par devers moi, à respecter le désir de secret de l’autre. D’où la conviction qu’il vaut mieux faire confiance et ne pas chercher à tout savoir de la vie des gens qu’on aime à partir du moment où, comme tout polys, on se dit les choses importantes et on ne se ment pas. Après 40 ans de pratique, je déteste le mensonge mais également la transparence totale 🙂

  17. J’aurais cru que ces échanges portaient sur notre « deuxième moitié », je suis donc surpris de voir l’importance que plusieurs de contributeurs attachent à la séparation des comptes bancaires…
    ….
    Le débat est intéressant mais vous semblez oublier que pour certains « savoir » est rassurant. Quand je sais, je peux me défendre (en redoublant de tendresse, en mettant en valeur ma compagne, mon compagnon., etc..). Quand je ne sais pas, j’angoisse.

    D’autres, au contraire, ne veulent surtout pas savoir. Pour elles (eux) le fait que leur partenaire leur cache son infidélité est la preuve qu’il (elle) tient à lui (elle).
    ….
    Audren a écrit: « En anglais, l’âme soeur se dit « The One » (comme « l’Unique ») et Dan Savage a une expression amusante : il dit que chercher « the 1″ est vain, et que si un jour on veut pouvoir investir dans une relation un peu plus profonde, il faut savoir se rendre compte qu’on a trouvé « the 0.87″, et que tout le travail de la vie à deux, c’est de faire ce qu’il faut pour arrondir 0.87 à 1. » Malgré le scepticisme de certains, cela peut marcher. Être jeune est formidable, mais vieillir n’a pas que des désavantages…
    ….
    Cela n’a rien à voir avec ces échanges mais je vous signale un site proche: http://freethoughtblogs.com/heinous/2015/01/13/polyamory/

  18. Tout le monde (sauf 1 ou 2) a l’air de s’entendre sur la pertinence de cet article… J’ai beau y penser et repenser, plusieurs contradictions me viennent à l’esprit… Peut-être parce que je ne suis pas [entièrement] d’accord avec les idées libertariennes ?
    Je vois dans ce texte un dangereux éloge de l’individualisme (conformisme social courant avec le capitalisme, flagrant en Amérique du nord, ailleurs, je me demande… // surtout virtuel ici mais ayant des conséquences réelles) et un éloignement de l’évolution vers plus d’individualité (connaissance approfondie et affirmation de soi).

    – « La confiance est le contraire de la transparence », donc il faut pratiquer l’opacité, le privé, le secret. C’est peut être une question de proportion ou de chronologie ici mais le fait de cacher une partie de ma personnalité ou de mes comportements n’est pas à mon sens digne de confiance : cela empêche de se connaître vraiment. L’ouverture à l’autre me semble plus importante, pour les fondements de la relation du moins. Pour être capable de définir si telle ou telle attitude est blessante pour moi, si j’aime tel ou tel trait de personnalité, il me faut le connaître… L’ayant appris dans un premier temps, je peux ensuite affirmer « ok, je ne veux pas connaître ces détails particuliers »… si je n’en sais rien, je ne sais pas si j’aime ce côté de l’autre, si je l’accepte ou non.

    – « Ce n’est pas de l’électroménager », non, mais la séparation des comptes dans l’informatique n’as pas été pensée (au début) pour le respect des vies privées individuelles, elle l’a été pour protéger des intérêts économiques (de propriétés commerciales ou individuelles, intellectuelles ou autres, du protectionnisme à petite échelle). C’est bien pour ça que dans la vie domestique (personnel versus public/commercial/académique) les comptes n’ont pas été partagés au départ : les intérêts des couples étaient communs, la sphère privée était familiale, l’intimité était familiale (je n’ai pas là d’idées incestueuses, un minimum d’éthique s’impose)… sur ce blog, vous parlez d’une autre manière d’aborder les relations, plus ouverte… (pourtant vous fustigez une certaine forme -de trop- d’ouverture en la traitant de romantico-culcul-puéril, c’est embêtant… ça me fait penser à « plus de fermeture »).

    Quand vous dites « nos smartphones et nos tablettes et nos comptes facebook sont des annexes de notre identité personnelle », je comprends que nos relations aux nouvelles technologies sont devenues des parties de nous même… si je vais jusqu’à penser « fusionnelles », je me permettrais alors d’employer le terme « psychotiques »… (Bientôt une catégorie à part au DSM pour les techno-dépendants ? ;))

    Oui, partager toutes nos « affaires » virtuelles est parfois pire que d’avoir en commun nos vêtements, brosses à dents et autres car ils nous sont devenus extrêmement intimes. Trop intimes peut être? Est-ce que votre « smart-phone » vous connaît mieux que vous même?! (c’est le cas pour ceux qui ont des extensions contrôlant leurs signes vitaux?). Bref. Je ne m’étendrais pas sur le débat de l’impact des nouvelles technologies sur nos vies ni plus précisément sur la manière d’entrer en relation (même hors relations intimes), car il y a là quelques sujets philosophiques entiers.

    – « Ne me soumet pas à la tentation » … je suis d’accord, mais délivre moi des doutes! Je sais qu’il n’appartient qu’à moi de douter mais quand l’attitude de l’autre est de verrouiller compulsivement son téléphone ou sa session dès que j’approche… j’en référerais à un autre article ici sur la séparation avant de se détester… oui! 😉
    Mais… Faire vraiment confiance ici, ne serait-ce pas d’être capable de résister à la tentation d’aller fouiller sans que l’autre ai besoin de verrouiller justement, de la même manière qu’on est capable de ne pas ouvrir un journal intime? (Faire l’effort soi même du respect de l’autre au lieu de tomber dans l’enfermement individualiste de lui demander de se cacher en lui signifiant ainsi que nous ne sommes pas digne de confiance : nous irions fouiller…)

    Les mauvais repères ? La possibilité d’en apprendre plus sur l’autre par là que ce qu’il ne dévoile (ou ne sait -sic-) lui même ? Ce que les commerciaux et publicitaires ont compris depuis longtemps re-sic- (le côté obscure de la psychologie sociale) ?

    Je ne repasserais pas au travers de vos « ça veut dire quoi pratiquement »… juste résumer les questions que je trouve importantes :

    – Quelle proportion de transparence est nécessaire pour fonder une relation de confiance solide, à quel/s moment/s de l’histoire relationnelle ?
    – Nos « relations » avec les nouvelles technologies sont-elles psychotiques ?

    – En opposition à l’affirmation transparente de soi : se cacher dans les non-dits, le déni ou les mensonges, c’est craindre les jugements ou les réactions de l’autre, c’est se protéger soi-même, mon propre petit plaisir égoïste que je risquerais de perdre si l’autre ne l’accepte pas… C’est plus une affirmation qu’une question… et oui chacun a droit à sa part d’intimité complète… c’est une question de proportion à respecter en commun accord je pense, chaque cas est unique et chaque relation est discutable -je vous le souhaite, la communication est ce qui fait la beauté des relations humaines, non? 😉

    • Je suis d’accord que l’opacité et les cachotteries ne vont pas dans le bon sens non plus.
      Mon article veut surtout mettre un peu de frein à la tendance à vouloir tout partager et qui va trop loin.

      Une réflexion intéressante qui me vient : le difficile équilibre entre l’individualisme et le respect de l’intégrité de chaque personne. Peut-être simplement qu’affirmer les droits humains est une démarche intrinsèquement individualiste.

  19. J’approuve sur le fait de rester discret et de ne pas fouiner. Mais il m’est impossible d’interdire l’accès de mes comptes à ma moitié. Je suis rassurée dans le faite qu’elle peut s’intéressé à moi. Je ne la juge pas si elle m’interdit l’accès. Mais moi je lui autorise. Je sais garder un secret en moi. Je n’ai pas besoin de le garder textuellement. Peut être si elle était jalouse ou possessive les choses seraient autrement. Mais ce n’est pas le cas c’est ma meilleur alliée dans la vie et la personne que j’aime. Elle n’a pas besoin que je m’explique si je le veux pas. Elle me connaît me comprend et pourtant je reste le mystère qu’elle ne se lasse de découvrir tout en respectant mon jardin secret qui n’est pas informatique.

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