Parce qu’on arrive à la fin du mois de la masturbation, une courte humeur sur le traitement culturel d’icelle, encore empreint de honte et de culpabilité.
Préambule contextuel
Faire de chaque mois de mai le mois de la masturbation est une initiative lancée en 1995 par la ligne de magasins Good Vibrations suite au licenciement en 1994 de Jocelyn Elders, Surgeon General (~ministre de la santé) de l’administration Clinton, après qu’elle avait dit que ça serait bien qu’on parle de masturbation dans les cours d’éducation sexuelle (d’où le tollé chez les bigots et autres puritains pour tous).
Ça ne rend pas sourd, mais évitez quand même
Une petite recherche google :
« masturbate too much » => 55000 résultats
« masturbate too little » => 3200 résultats
Évidemment ça n’a aucun caractère de preuve. Mais une chose est sûre : il y a presque tout le monde qui s’inquiète si c’est trop, et quasi personne qui se demande si c’est assez.
Quand j’étais jeune, je me suis souvent inquiété de voir que ça m’arrivait souvent de me masturber quotidiennement plusieurs jours de suite (maintenant ça m’arrive encore mais heureusement je ne m’inquiète plus). Le message normatif inconscient transmis par mes bouquins d’éducation sexuelle, c’était en substance « non, ce n’est pas mal ; presque tout le monde se masturbe de temps en temps, même des gens bien ». Mais pourquoi diable (et c’est le cas de le dire) fallait-il préciser « de temps en temps » ? Si quelqu’un avait pu me dire à l’époque « même vingt fois par jour si ça te fait plaisir ; de toute façon, c’est pas nos affaires », ça m’aurait carrément évité cette espèce de sentiment d’anormalité honteuse en pointillés.
Parce que bon, franchement… Après une heure passée à lire sur internet ce que j’ai pu trouver sur le thème du « trop souvent », je constate que c’est toujours autant de la boulechite que les menaces de surdité du XIXe siècle.
Alors oui, certaines études trouvent certains effets (significatifs à partir de 127 fois par jour, par extrapolation sur une cohorte de 3.5 personnes)… mais c’est surtout parce que quand on cherche, on finit par trouver, surtout quand on part du principe qu’il faut forcément qu’il y ait des effets indésirables, sinon ça voudrait dire qu’on peut avoir du plaisir gratuitement… horreur !
En fait, la seule vraie limite sur laquelle tout le monde tombe d’accord, c’est quand on n’a plus de temps pour faire autre chose — ce qui est vrai d’à peu près n’importe quoi qu’on fasse dans la vie.
-Docteur, je me masturbe 8 fois par jour. C’est grave ?
-Non
-Mais ça me prend une heure à chaque fois
-Alors oui, c’est grave
-Vous pensez qu’il faut que je le fasse moins souvent ?
-Non, je pense qu’il vous faut un Fairy
Et donc, quand-est-ce que c’est pas assez ?
Donc réellement, si on se pose tant la question de savoir si on se masturbe trop, c’est principalement à cause de tout le bagage culturel de culpabilité et de honte : associé au plaisir, associé au sexe, et –honte suprême– au sexe pour le plaisir.
Le pire c’est que d’un autre côté, les rares articles qui défendent la masturbation se sentent souvent obligés de recourir à des arguments sur les bienfaits pour la santé afin de justifier leur position. Mais on s’en fout, purin de bordaille de merle !
On ne se pose pas la question des effets secondaires de la lecture d’un bouquin dans un canapé (mal au dos, fatigue oculaire), de boire du thé (envie de pisser, insomnies), faire un câlin à ses bambins (maladies contagieuses), de regarder les oiseaux (mal au cou, exposition aux UV), et on ne justifie pas ces activités par leurs bienfaits sur la santé ; c’est pour le plaisir et puis c’est tout.
Donc à la question « quand est-ce que c’est pas assez ? », je réponds « quand j’ai encore envie ».
Bon, je vous laisse, j’ai encore un truc à faire avant de me coucher…
Excellent, tu me me fais rire et tu dis tellement vrai. Mais alors ?!
Quels sont les effets secondaires de lire tous les billets d’Audren ? Si, si, docteur c’est grave, j’ai tout lu y compris les commentaires. Et le pire, c’est que j’aime ça. C’est trop ? Ca me prend moins de temps que de les écrire, donc soignez Audren d’abord. 🙂
Surtout qu’en plus, il passe des heures à les relire, même des mois plus tard.
Je suis totalement d’accord. La masturbation est la base du respect de soi, du respect de son propre corps.
Et effectivement on ajuste le temps en fonction de son envie, de ses pulsions, de son plaisir, de son temps libre (l’appétit vient en se stimulant parfois aussi), des possibilités offertes par la technologie (mes doigts, fairy, magic wand, womanizer… Ahhh womanizer:).
Quand je me masturbe, ça ne choque pas mon mari, il me laisse tranquille, ou il vient si je le lui demande: il aime sentir sa femme épanouie.
J’aime me faire du bien. Vive la masturbation. C’est assez quand mon corps s’endort profondément 🙂
J’en serais presque jaloux dudit mari, tiens…
Bon, j’en profite pour poser une question (désolée pour le hors sujet, mais c’est crucial là!!): Magic wand ou Womaniser???? (Because mes finances ne me permettent pas les deux en ce moment ;))
Merciii !
Ça, c’est essentiellement un choix personnel. En lisant tous ce que les uns et les autres ont à en dire (il faut aller voir chez nouveauxplaisirs si ce n’est déjà fait), ça te donnera peut être des billes pour savoir ce que tu préfères.
généralement il manque le temps/occasion au moment où l’on a envie. après comme tu le dis, tant que ça n’en devient pas l’activité principale, ya pas de mal à se faire du bien.
Sur le message normatif inconscient anti-masturbation, je suis d’accord.
En revanche, selon le milieu familial dans lequel vous êtes élevé, il pénètre plus ou moins. Si vos parents respectent votre intimité et ne vous martèlent pas que « la masturbation c’est pas bien », il est possible que vos pratiques onanistes ne vous procurent aucun sentiment désagréable, et encore moins honteux.
Enfin, tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents beatniks, c’est certain.
PS : le ton de votre article m’a bien fait marrer, et un rire de bon matin c’est précieux, alors merci.
J’étais dans le bon milieu familial. C’est l’environnement culturel parafamilial qui m’a tout pourri.
Rien qu’à voir dans les films (ce n’est pas la première fois que je fais la remarque dans les commentaires ici ou ailleurs), les scènes de masturbation masculine ont toujours pour objectif soit un ressort comique (parce que forcément, un mec qui se caresse le sexe, c’est drôle), soit un besoin de souligner une misère sexuelle (pour s’apitoyer ou pour juger). Quand est-ce qu’on aura une scène de masturbation masculine gratuite, juste esthético-érotique, comme celle de Naomi Watts dans Mulholland Drive ?
Je dois être une sacrée tête de bois alors.
Cela dit, ne croyez pas que pour les femmes (ou les jeunes filles) c’est beaucoup plus simple : aucune de mes copines, hormis une, très proche, ne m’a jamais parlé de la masturbation. Cette pratique est malheureusement considérée comme un pis-aller pour célibataire, ou un truc pour obsédé-e, pour les hommes comme pour les femmes, comme vous le disiez avec justesse.
Vous n’imaginez pas les réflexions et les moues lorsque je me suis offert un Bunny (et que je n’en ai pas fait secret), moi qui suis en couple depuis plus de 10 ans…
Et par ailleurs, je suppute que la domination masculine n’est pas pour rien dans l’esthétisation de l’érotisme féminin, pour être honnête. Tout comme dans la honte que vous avez pu ressentir.
Dans un épisode de Friends, Chandler se masturbe et l’acte en lui-meme n’a pas vocation à etre comique (ni à souligner une misère sexuelle). Ce qui rend la chose comique, c’est quand Monica entre, que ca le gène (à tort ou à raison peu importe) et qu’il change subitement de chaine pour tomber sur un documentaire sur les requins. Sauf qu’elle a très bien compris ce qu’il était en train de faire… et croit que ce sont les requins qui l’excitent! 😀
De toutes facons, cette série est avant-gardiste sur le sexe à bien des regards. Y est meme abordé le thème du polyamour… il y a 20 ans de cela. Une autre bonne excuse pour se les remater encore et encore (et encore et encore).
Heu, la scène de Mulholland Drive où Naomi Watts se masturbe n’a rien d’esthético-érotique, et je te suggère de revoir le film si tu l’as perçue ainsi. Au contraire, la jeune femme est en larmes, dans un dépit amoureux terrible. C’est une scène d’une grande tristesse, et qui n’a rien de gratuit. Elle exprime la souffrance affective du personnage.
merci de la précision. je pensais esthétique dans son sens le plus large artistique. mais ça conforte ce que je dis : la scène n’a absolument pas de ressort comique, on ne cherche pas à rabaisser le personnage ou à pointer du doigt une misère sexuelle ou un caractère de louseur.
Le problème principal de la masturbation, pour un homme, ce n’est pas tant sa quantité que… le fait de perdre un motivation et une excitation dont on pourrait avoir besoin juste après !
L’une des plus grandes frustrations de ma vie fut l’arrivée impromptue d’une sex-friend adorée mais s’étant éloignée, alors que je venais à peine de… Bref. J’ai fait ce que j’ai pu, mais elle ne voulait pas jouir, elle voulait voir un homme jouir (pour des raisons compliquées) ! *soupir*
Plus généralement, un homme (surtout un peu âgé), doit évaluer en permanence certaines probabilités avant de se laisser aller. Ce qui est bien souvent horriblement frustrant ! 🙂
Moi, je miserais sur la loi de Murphy : si le fait de se masturber augmente la probabilité de la survenue impromptue d’une bonne amie, je serais prêt à prendre le risque 😉
Très bel article! j’adore !
Merci ! (moi aussi – je l’ai déjà trop relu, il faut que j’aille prendre soin de moi plutôt)
l’autosatisfaction, base d’un onanisme épanoui ?
Oh pétard, j’ai bien ri, surtout quand il a conseillé le Fairy !
Mouahahaha, c’t’engin d’l’a mort qui tue !
Mais alors, heu… personne n’a de problèmes d’ongles ici ? Parce que moi il m’arrive souvent de me masturber trop ET pas assez. (frictionner des micro-coupures ça peut être fun au début mais on le regrette assez vite)
Moi j’ai jamais vu de vibro avec des ongles…
Certes non (j’ai l’image maintenant c’est malin, je vais y penser chaque fois que je sortirai bunny)
Mais certains ont des rainures censées stimuler, et finalement pas très agréables…
En mode manuel, le lubrifiant est bien utile pour prévenir les griffures.
Et couper court 😉
(de toute manière le vernis c’est vachement plus chic sur ongles courts)