« Quel que soit son statut marital »

Je prends le premier article du manifeste Mon Corps, Mes Droits d’Amnesty International : « les relations sexuelles librement consenties ne constituent jamais un crime — quels que soient le sexe, la sexualité, l’identité de genre ou la situation maritale des partenaires ». Et je tire le fil.

Barbelé. (ref. photo by Adam Chilson on devianTART -- model: nyx-valentine)

Barbelé. (ref. photo by Adam Chilson on devianTART — model: nyx-valentine)

Si dans ces pages je présente le couple libre comme une évidence, c’est d’abord parce que c’est un ressenti personnel. Plus vis-à-vis de ma/mes partenaire(s) que pour moi, d’ailleurs. Je ne me vois pas attendre d’une personne qu’elle restreigne pour moi la liberté de disposer de son corps, et je ne vois pas d’ailleurs par quel mécanisme je pourrais prétendre que l’exercice de cette liberté puisse me « faire du mal ».

Mais au-delà de mon ressenti, si je persiste à critiquer les schémas d’exclusivité, c’est surtout par principe. Il me semble en effet assez facile de démontrer que le couple libre, à l’instar de la reconnaissance des droits des minorités LGBT, est une conséquence naturelle des droits humains. Et que par conséquent, c’est la conclusion à laquelle il faudra bien finir par aboutir.

Amnesty international vient lancer une campagne MY BODY MY RIGHTS dont le manifeste commence par ce premier article :

Les relations sexuelles librement consenties ne constituent jamais un crime — quels que soient le sexe, la sexualité, l’identité de genre ou la situation maritale des partenaires.

Le dernier bout (les italiques sont de mon fait) me semble révolutionnaire. Évidemment, pour l’instant, ça veut probablement juste dire par exemple :

  • que le père ou le frère n’ont pas à contrôler la sexualité d’une fille ou d’une sœur avant son mariage ;
  • que les services sociaux n’ont pas à ostraciser une mère célibataire ;
  • que la collectivité n’a pas contraindre une veuve à se remarier avec son amant.

Et dans notre culture occidentale, on est évidemment tous d’accord pour condamner le père qui met sa fille à la rue ou le frère qui frappe sa sœur parce qu’elle aurait couché avec un homme avant le mariage.

Mais alors pourquoi serait-on d’accord pour qu’après le mariage, son mari la vire et lui coupe les vivres si elle a couché avec un autre homme ? En quoi le contrôle du corps d’une femme par son mari serait-il plus acceptable que par un père ou un frère ?

Le fait que la femme ait choisi son mari et se soit engagée à l’exclusivité lui donne-t-il effectivement un droit de regard éternel sur son corps ? Ou bien est-ce simplement parce que la rupture du contrat d’exclusivité fait terriblement souffrir le mari ? Le père et le frère eux aussi ne peuvent-ils pas prétendre qu’ils souffrent (du déshonneur causé à leur famille, selon leurs références culturelles) ? En quoi la menace de divorce serait-elle moins terrible que la menace du bannissement familial ? J’ai beau tourner la question dans tous les sens, je ne vois pas comment on peut condamner une situation tout en justifiant l’autre.

Il n’y a pas à tirer beaucoup le fil pour voir à quoi on aboutit. Il suffit de relire la phrase à haute voix : les relations sexuelles librement consenties ne constituent jamais un crime quelle que soit la situation maritale des partenaires. Donc y compris si on est déjà marié et que la personne avec qui on a eu lesdites relations n’est pas l’époux-se. C’est aussi ça que ça devrait vouloir dire, in fine.

(Attention, comme d’habitude dans ce blog, quand je parle de la liberté d’aller voir ailleurs, il s’agit de la liberté de disposer de son propre corps, de son côté. Pas de la liberté de mentir, d’humilier publiquement, d’inviter le voisin dans le lit conjugal, toutes choses qu’on associe instinctivement à l’adultère et qui n’ont rien à voir).

Et ainsi, si en vertu de la simple application des droits humains on ne peut pas restreindre la liberté sexuelle d’une personne, quel que soit son statut marital, alors il faut accepter que l’engagement de fidélité qu’on attache traditionnellement au mariage (et à plus forte raison au couple non marié) doive simplement se comprendre dans le sens de la loyauté. Pas dans le sens de l’usage de son corps.

Vu avec nos œillères culturelles, ça semblera radical à certain-e-s. Et pourtant, c’est juste la suite logique d’un mouvement qui a commencé au siècle des Lumières et qui a peu à peu mis fin au droit du groupe à primer sur les libertés individuelles : ni la société, ni le couple, en tant que « personnes morales » n’ont plus la légitimité pour restreindre la liberté sexuelle de chacun des partenaires.

MON CORPS, MES DROITS

29 réponses à “« Quel que soit son statut marital »

  1. « These social norms are controlled by our governments, our communities, even our families. When we challenge those norms, we feel guilty – embarrassed. We fear being stigmatized, even jailed. And because of this, we keep silent. » .

    Merci pour le lien, et ce super article (as usual) . J’espère un jour ne plus avoir à me justifier quand je dirais  » j’ai envie d’avoir des relations sexuelles avec toi  » et qu’on ne me répondre plus  » mais, tu as déjà une personne dans ta vie non ?  » .

  2. A mon avis, c’est aussi ce à quoi les gens d’Amnesty international ont pensé, parce qu’il y a de nombreux pays dans le monde où l’adultère est jugé pénalement comme un crime. Alors certes en France la non-exclusivité est très mal perçue socialement, certes il peut y avoir des pénalités dans le cas d’un divorce par exemple, certes il y a un climat de pensée qui légitimise d’être violent envers les personnes « coupables » d’adultère ce qui est inexcusable, MAIS pénalement coucher avec d’autres personnes que son·sa conjoint·e officiel·le ne constitue pas un crime ou un délit et on reste libre de le faire sans risquer d’aller en prison ou d’être exécuté·e. Ça me semble quand même vachement important de le préciser.

  3. On est d’accord sur le fond du propos… Après se pose une question d’évolution ou non des mentalités, peut-être aussi de génération. Je trouve surprenant que beaucoup de femmes dont les mères ont vécu la période d’émancipation de la femme qui a succédé à 68, restent accrochées au schéma classique du mâle protecteur qui DOIT prendre les initiatives, qui DOIT assurer, QUI SE DOIT d’être fidèle, 100% homme, c’est à dire en refoulant sa part féminine ou tout du moins, en évitant de l’exprimer, moyennant quoi il pourra compter sur la fidélité de Madame.

    La Société et son fonctionnement se sont profondément modifiées en l’espace de deux générations. En parallèle, je trouve que l’on a singulièrement régressé en matière de liberté sexuelle et d’ouverture d’esprit – même si les LGBT sont admis à faire partie du paysage (plus comme parts de marché et par souci de clientélisme politicien selon moi, qu’au regard des réalités du terrain…). Quant aux pratiques dites de libertinage, elles ont toujours existé dans certains milieux intellectuels et aisés. Depuis une vingtaine d’années, disons elles se sont démocratisées et que là encore, on est plus dans le registre de la conso (clubs échangistes, sites de rencontres coûteux, vente en ligne de lingerie et de sex-toys…) que dans une optique de révision sur le mode libertaire du couple en tant que paradigme incontournable, et moral et institutionnel.

    Le fait est que la Société et son fonctionnement ont évolué et ne cessent d’évoluer quand certaines mentalités sont restées au point fixe décrit plus haut. L’homme réfléchi, travaillant sur soi, à son développement personnel, assumera sa part féminine en se fichant des connotations que cela lui vaudra de la part des personnalités vulgaires. La femme réfléchie, soucieuse elle aussi de son évolution personnelle, a conquis plus de responsabilités et aime à se prévaloir d’indépendance et d’ouverture d’esprit.

    Mais cela touche une minorité d’entre elles.

    Dans la plupart des cas que l’on rencontre couramment lorsqu’on ne vit pas dans une grande ville où ça bouge, où l’on vit avec son temps, a fortiori dans certaines régions où les conventions traditionnelles n’ont guère évolué et où les schémas éculés ont la peau dure, combien trouve-t-on de nanas lambdas qui cherchent en vain à (re)construire un couple sur le tard après un ou des divorces, de multiples séparations, attendant de l’éventuel prétendant qu’il réponde à des schémas que de son côté, c’est à dire vu de son regard d’ex-compagnon, ex-mari, de son regard d’homme, il estimera ne plus avoir à répondre, blasé qu’il est par des expériences de couple-zombie, de cages dont il aura fini par scier les barreaux, de lassitude et de routine à deux qu’en aucun cas il ne cherchera à revivre, même au prix d’une sécurité qu’il jugera toute relative du fait de ce vécu.

    Alors concrètement, ça donne quoi ? Un nombre impressionnant de nanas qui se retrouvent seules passé le demi-siècle, face à un nombre aussi impressionnant de mecs quinquas et sexas aussi seuls mais qui n’ont plus envie de s’enliser dans une relation normative avec une femme de leur génération qui n’aspire qu’à la sécurité et affective et matérielle dans un chez-soi figé et des certitudes en quoi ils voient un prélude à l’ensevelissement.

    Ce qu’on observe aussi, ce sont ces femmes qui à l’approche de la quarantaine mettent, disons, la clé sous la porte, traînent sur les sites de rencontres à la recherche d’improbables « amitiés » masculines, déclarant ne plus être « capables de faire confiance à un mec », s’offrant de temps en temps une aventure, ou encore s’enlisant dans des relations longue distance.

    La mécanique du couple est sérieusement à revoir dans les esprits de celles et ceux qui l’envisagent comme l’envisageaient leurs grands parents, quand bien même ils sont eux-mêmes issus de couples divorcés. Il y a le « nous », il y a le « je », il y a la labilité du désir, il y a aussi la réalité incontournable que pointait Simone Signoret en son temps, selon laquelle « les femmes vieillissent, les hommes mûrissent ». L’actrice ne se voulait pas sexiste en émettant ce raisonnement -pour qui se souvient des convictions qu’elle défendait, cela tient de l’évidence ! Elle parlait d’expérience. D’une réalité à quoi les femmes d’aujourd’hui que l’on qualifiera de mûres, préfèrent se voiler la face.

    • Il y a effectivement une pérennité de l’idée de couple, mais celle-ci évolue: plusieurs polyamoureux se sont récemment mariés, sans pour autant renoncer à leur liberté amoureuse (et pas seulement sexuelle, ce qui les différencie du libertinage). En revanche, contrairement à vous, je rencontre plus d’hommes pressés de se remettre en couple après un divorce ou un veuvage que de femmes. Celles-ci me tiennent plus souvent le discours: « La vie de couple, j’ai déjà donné, à moi la liberté! » Mais sans doute ceci est-il biaisé par le choix de mes relations féminines, plutot indépendantes…

      • @Françoise : Pérennité de l’idée de couple car proposée par notre culture comme (seule) norme établie sur le schéma de la cellule de base privilégiée par rapport aux schémas communautaire ou tribal, au seuil de la civilisation judéo-chrétienne. En clair, on n’a que ce modèle qui soit socialement (et moralement) reconnu, modèle où la femme est supposée tenir un rôle d’intendance au sein du foyer, quand l’homme assurera celui de pourvoir matériellement et symboliquement à ses besoins et nécessités.

        Or comme je l’exprimais plus haut, la Société a évolué et ne cesse d’évoluer, la donne a changé sans pour autant que les mentalités suivent, hors certains milieux sociaux disons plus favorisés de par leur niveau de culture, leur capacité à remettre en cause ce système établi.

        Oui je suis d’accord avec vous Françoise, beaucoup d’hommes veufs, divorcés, séparés sont pressés de se remettre en couple (les sites de rencontres en témoignent), mais pour quelles raisons objectives…?

        C’est loin d’être une généralité. On va trouver aussi chez certains une quête qui rejoint celles de femmes qui, après des expériences de couple négatives, sont plus dans une attente de relation « amicale », « de complicité », de partage de centres d’intérêts, s’autorisant à l’occasion l’opportunité d’une aventure… S’agit-il de faux-fuyants, de pis-allers cherchant de manière illusoire à faire l’économie du désir, du besoin affectif ? Et l’on rejoint ce discours que vous citez, maintes fois entendu, où il est question de rejet de l’idée de couple, de liberté reconquise. Discours semble-t-il commun aux personnes sous le coup d’une rupture, qui du couple ont eu une ou des expériences négatives.

        Mais qu’en est-il de cette liberté reconquise, dans les faits, comment va-t-on la gérer sur la durée ?

        Sorties, clubs, aventures, « libertinages » ou au contraire repli sur soi dans un schéma dépressif ou dans une optique de travail de deuil, de meilleure connaissance de soi, d’une approche plus authentique, plus profonde de ses véritables besoins (quête réelle ou de l’ordre de l’alibi ? combien de coaches et de gourous se prévalant de la qualité de psys trouvent là matière à réaliser un conséquent chiffre d’affaires?)

        Cela n’a qu’un temps. Il arrive naturellement un moment où on ne peut plus faire l’impasse sur le besoin affectif et le désir. S’imposera alors le retour à la quête d’un lien fort, structurant, la nécessité de trouver un nouvel équilibre au contact d’une altérité aimante. Car nous ne sommes pas conçus pour la solitude, n’en déplaise à celles et ceux qui prétendent se trouver bien seul(e)s. Là se tient le hiatus. « Tout seul peut-être mais peinard », pour citer un célèbre poète libertaire qui par ailleurs disait, dans un autre texte « Le grand drame des solitaires c’est qu’ils s’arrangent toujours pour ne pas être seuls ».
        Quel est le prix fixé à cette liberté reconquise ? Au bout d’un moment, n’est-ce pas cher payer, en terme d’équilibre ?

        Va-t-on se replier une fois encore sur le modèle convenu et reconnu du couple ou s’essayer à des alternatives telles que le polyamour ? Ces alternatives sont-elles pensables partout, c’est à dire extérieurement à certains milieux socio-culturels où l’on aura su faire table rase des conventions ? Hors de contextes urbains, où ne pèsent plus de tout leur poids des traditions et des usages ancrés profondément dans les mentalités ? Au-delà d’un certain âge, où les attentes des femmes et des hommes diffèrent à ce point qu’il devient de plus en plus difficile de se retrouver à mesure que passent les années (là encore, il n’est qu’à visiter certains sites de rencontres pour vérifier que passé le cap critique de la cinquantaine, et a fortiori de la soixantaine, le spectre de la solitude peut prendre consistance jusqu’à devenir obsédant).

        Pour évoquer brièvement mon cas personnel, j’ai décidé de ne plus vivre de cohabitation, et je constate la difficulté qu’ont les femmes de ma génération (entre 55 et 60 ans), d’envisager une relation sur ce modèle.

        Autant de questions posées qui, restons optimiste, trouveront leur réponse au fil du temps et au gré des prises de conscience chez chacun, de la nécessité de revoir sa copie. L’humain et ses besoins, ses attentes, ses nécessités dans une quête d’équilibre affectif, les alibis à contourner, les schémas à congédier, et au-delà, comprendre, chez chacun(e), qui l’on est au regard de l’autre pour pouvoir continuer à se construire avec l’autre, et non en utilisant l’autre comme un outil ou un matériau.

  4. Ah là c’est une notion de liberté qui me parle, le libre choix de chacun. Et en gros à partir du moment où les protagonistes engagés dans la situation sont d’accord, de quel « droit » la « société » devrait intervenir? (j’exclue évidemment tous les cas de « manipulation » ou pathologies)

  5. Je ne suis pas sûr de bien comprendre.
    Ce que je comprends de la phrase d’Amnesty International, c’est que si je couche avec une femme mariée, ni moi ni la femme en question ne pouvons être légalement punis pour cela, et je trouve cela parfaitement normal. Ce que je comprends de ce que tu dis, c’est que la réaction du mari trompé qui quitte alors sa femme devrait être interdite, et j’espère bien avoir mal compris.
    Pour reprendre ton exemple (« le fait que la femme ait choisi son mari et se soit engagée à l’exclusivité lui donne-t-il effectivement un droit de regard éternel sur son corps ? Ou bien est-ce simplement parce que la rupture du contrat d’exclusivité fait terriblement souffrir le mari ? Le père et le frère eux aussi ne peuvent-ils pas prétendre qu’ils souffrent ? »), je considère pour ma part que si l’un et l’autre se sont engagés à l’exclusivité, et que l’un des deux rompt ce contrat explicitement défini, l’autre est en droit de rompre le contrat également en mettant fin à leur union. De même que le frère qui est à ce point blessé peut refuser à l’avenir de voir sa soeur : les deux situations sont identiques. Je ne parle évidemment pas de violences, de contraintes, ou je ne sais quel autre abus, qui eux seront toujours répréhensibles.
    Autrement dit, il ne s’agit pas d’un droit de regard de l’un sur l’autre : la femme a toujours le droit de tromper son mari. Mais elle exerce ce droit au risque que son mari la quitte. Et réciproquement.
    Si je veux un conjoint fidèle – homme ou femme, peu importe – et que je pose cette condition comme base de la relation, je suis en droit de mettre un terme à la relation si cet engagement est rompu. Aussi saugrenu que cela puisse paraître à un tiers, c’est mon choix, il n’a pas été caché.

    • Tu as très bien compris, et c’est effectivement là que le bât blesse. Effectivement, la personne « trompée » n’est pas obligée de rester en couple (alors que les parents, eux, sont obligés de pourvoir aux besoins de leur fille ou leur fils tant qu’ils ne sont pas indépendants). Malheureusement, l’organisation sociale du couple, comme je le souligne dans cet article, conduit à des structures de dépendances qui sont du même ordre que la dépendance parents/enfants : on compte sur l’autre pour l’habitat, les finances, le soutien moral, etc. Menacer de partir sans préavis au moindre pas de côté tient du chantage et de la volonté de contrôle.

      D’un autre côté, on ne peut pas empêcher quelqu’un de vouloir partir, sans qu’il y ait jamais besoin d’avoir à se justifier. On peut en revanche lui demander de s’en tenir à son engagement de loyauté. Et ainsi l’engagement de soutien mutuel qu’on a pris en se mettant en couple –surtout quand on cohabite depuis longtemps– devrait encore s’appliquer pendant au moins une phase de transition.

      L’équilibre entre la liberté personnelle de partir, la liberté d’usage de son corps, et de l’engagement de vie de couple une délicate équation et je pense que j’y reviendrai dans un prochain article.

      • Merci pour ta réponse.
        En ce cas, et je trouve que tu résumes très bien ma pensée : on ne peut pas empêcher quelqu’un de vouloir partir, sans qu’il y ait jamais besoin d’avoir à se justifier. On peut lui demander de le faire bien, mais c’est une autre histoire : trop de couples se déchirent lors de la séparation, là où effectivement respect et soutien devraient perdurer au delà de la vie commune.
        Quant à l’engagement de soutien mutuel, il existe un cadre légal qui encadre la séparation – que l’engagement ait été pris officiellement ou non. Et en dehors de ce cadre, chacun agit selon sa conscience.
        Nous ne parlons pas cependant ici des seules relations extraconjugales. C’est le fait de vouloir réguler la séparation en tenant compte de ce seul aspect qui m’interpelle.

  6. Audren, je ne me souviens plus si je vous ai signalé que j’ai cité votre blog dans la 3ème et dernière édition de « Aimer plusieurs hommes ». Voici ce que j’en ai dit:
    « Les fesses de la crémière : blog très personnel bien écrit, plein d’humour et de réflexions intéressantes sur l’amour, le couple, le sexe, la fidélité, la non-exclusivité, à partir de l’expérience de son auteur, Audren. Un bijou d’intelligence et de lucidité.
    https://lesfessesdelacremiere.wordpress.com/

    • Oui, merci beaucoup. J’avais d’ailleurs répondu mais je ne sais plus par quel canal (mail, fb, ici ?) qu’une lectrice adorée m’avait envoyé un scan de la page le jour même où elle avait reçu son exemplaire par la poste. J’étais très touché de ces attentions croisées.

  7. Comme Aurélien l’a souligné, il serait bon de distinguer la nature des liens familiaux (« on ne choisit pas sa famille ») et maritaux.
    Puisque l’axe était celui de notre société française actuelle (où les mariages ne sont pas arrangés), j’estime tout à fait légitime le choix d’un époux de considérer qu’il y a rupture du contrat si son conjoint est adultère.
    Eh oui, le divorce peut avoir des conséquences désastreuses sur le niveau de vie, l’élevage des enfants, etc.

    Autant je trouve légitime ton souhait de faire bouger les lignes de ce qui est acceptable ou pas dans un mariage (je te rassure : je partage ton combat), autant je trouve tout à fait respectable (dans l’absolu – après, dans la pratique, toutes les opinions ne me semblent pas pareillement respectables) le fait d’avoir d’autres valeurs que les miennes.

    • « j’estime tout à fait légitime le choix d’un époux de considérer qu’il y a rupture du contrat si son conjoint est adultère. »
      A ma connaissance, ce n’est plus le cas dans aucun pays européen. L’adultère peut être considéré dans les circonstances participant de la rupture du lien familial en cas de divorce conflictuel, mais c’est à l’appréciation du juge. Il n’y a plus, comme c’était jadis le cas, de conséquences légales découlant directement de l’adultère.

      • Oui d’ailleurs d’une certaine manière, l’application du droit est moins archaïque que nos références culturelles : l’adultère peut conduire à une impossibilité de continuer à vivre ensemble mais n’est généralement plus retenu comme motif de torts exclusifs s’il n’est pas accompagné de comportements abusifs.

      • Je précise la portée de mes propos car je n’ai sans doute pas été assez explicite. Je ne me plaçais pas sur le terrain du droit mais sur celui de la « dynamique de couple ». Du contrat « moral » en quelque sorte. Qu’un conjoint estime que l’aventure du couple s’arrête avec l’adultère, on peut trouver ça désolant, mais si ça n’est pas ma façon de penser, je conçois/i> que cela puisse être celle d’autres individus.

  8. Je pense que le sens de la phrase d’Amnesty est qu’on ne va pas lapider la femme adultère. On ne fait plus ça sous nos latitudes et il y a d’ailleurs déjà un précédent dans l’Evangile.
    Mais, une fois ceci posé, que devient le sens du mariage? Quelles obligations reste-t-il et elles se posent à qui? Parce que le mariage reste un contrat et si les termes du contrat sont qu’il n’y a aucune obligation de quelque nature que ce soit entre les parties, il n’y a pas vraiment nécessité de contrat non plus.
    Or, et c’est là le point qui est absent de cette discussion, les obligations légales du mariage sont réelles, contraignantes et s’en dégager par le divorce n’est ni simple ni gratuit.
    Donc, en théorie tout cela est très bien mais en pratique si on voit des couples dont l’un des membres décide de s’octroyer des libertés (sexuelles ou autres) et l’autre se trouve pris au piège d’un contrat qu’il ou elle ne peut révoquer sans subir des inconvénients considérables. Vous me direz sans doute que cet autre n’a qu’à s’octroyer les mêmes libertés. Encore faut-il qu’il ou elle en ait l’envie et la possibilité.

    En fait, c’est sans doute le mariage qui n’a plus sa place dans le monde actuel. Plutôt que « le mariage pour tous » il aurait fallu choisir « le mariage pour personne »… 😉

      • Je note dans cet article la réflexion de cette Grecque qui avait pris du poids: « J’ai lié mon âne, je n’ai plus besoin de faire attention. »
        C’est une vision du mariage qui est assez répandue (chez les femmes comme chez les hommes): un contrat qui permet à l’un des deux de se lier un esclave obligé de subvenir à ses besoins. Dans ce système-là, le divorce c’est perdre son esclave, et la jalousie c’est lutter contre les concurrent(e)s qui voudraient vous le(la) piquer. Vu sous cet angle-là, il n’est pas étonnant que cela déchaine de telles passions.

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