Comment ça se fait que les mentalités soient encore si archaïques sur les choses de l’égalité hommes/femmes, sur les choses du sexe, sur le modèle du couple ? N’est-on pas censé avoir eu l’émancipation des femmes dans les années 40, la révolution sexuelle dans les années 1960 ? Tentative d’explication de l’effet retard.
- Les Lumières sont arrivées 200 ans après l’invention de l’imprimerie
- Après la révolution, il aura fallu plus d’un siècle à la France pour devenir une démocratie
- Lincoln a émancipé les esclaves en 1863. L’élection d’Obama date de 2008.
- Le rapport au club de Rome est sorti en 1972. La Cop21 est intervenue 40 ans plus tard.
- Internet a 20 ans et pourtant il faut toujours envoyer des recommandés avec signature manuscrite.
- La révolution russe date de 1917. Cent ans plus tard, c’est toujours un despote qui gouverne l’empire.
Il y a un effet retard à toute révolution : pour qu’un changement radical s’enracine définitivement, il faut au moins qu’une génération passe (parce que les gens ne changent jamais vraiment ?). Dans les cas extrêmes, il faut que tous ceux de l’ancienne mentalité soient morts. Avec un vrai risque de retour en arrière puisque si les anciens réflexes ont toujours cours, ils peuvent entre-temps continuer à se transmettre et conduire à des résurgences. Trois pas en avant, deux pas en arrière : et donc non seulement les choses ne sont jamais acquises, mais quand la révolution a moins de 100 ans d’âge, c’est le retour en arrière qui est plus ou moins certain si on arrête de pousser vers l’avant en pensant que tout est déjà réglé.
Trois pas en avant, deux pas en arrière…
Et on comprend davantage de choses quand on se dit que ce qu’on nomme révolution sexuelle et égalité des sexes n’a pas encore eu lieu. En façade, on se croit dans la nouvelle ère. Mais par derrière, dans l’inconscient du brouhaha culturel ambiant, on opère encore largement dans les vieux référentiels, ceux des années 50 :
- ceux où la femme passait de la tutelle du père à celle du mari ;
- ceux où la mère au foyer se réalisait à travers ses enfants et sa maison ;
- ceux où le divorce n’était toléré qu’en dernier recours et toujours réprouvé ;
- ceux où la contraception était synonyme de stupre ;
- ceux où le sexe se disait « faire une bêtise » ;
- ceux où le viol était de la faute de la fille ;
- ceux où la virginité était la valeur intrinsèque d’une femme ;
- ceux où obéir à une supérieure hiérarchique était la honte pour un homme;
- ceux où le premier amour s’appelait « le premier venu » ;
- ceux où l’avortement était une abomination pratiquée par des sorcières ;
- ceux où le mari était parfaitement en droit de jeter sa femme à la rue s’il la soupçonnait d’infidélité.
Et c’est pour ça qu’il ne faut rien laisser passer. Et c’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec certain-e-s féministes qu’il ne faut pas l’être vigoureusement soi-même.
Cela me fait peur quand je vois des personnes de mon âge (la 20aine peu ou prou dépassée) dire « Aujourd’hui ça ne sert plus à rien de se battre pour l’égalité hommes/femmes en France, il n’y a plus d’inégalités » 😦
Merci pour l’article !
Si tu veux vraiment leur répondre, pour les inégalités, en plus de cet article, tu peux leur parler du slutshaming encore beaucoup trop présent ou tout simplement leur rappeler qu’un homme qui fait de la danse continue aujourd’hui encore à ce faire insulter, et ce même si la pratique de sports « masculins » est de plus en plus répandue chez les filles. Bonne chance pour les supporter, à défaut peut être de les convaincre^^
Dessin parfaitement choisi…
T’aurais mis un panneau attention danger ça n’aurais pas été plus explicite 🙂
C’est vrai qu’à chaque fois que je parles de mes réflexions qui ressemble énormément aux tiennes sur le couple et la liberté tout ça tout ça ! Les gens me regarde choqués et peuvent encore défendre des points de vues archaïques… (je veux dire qu’ils font ce qu’ils veulent et que j’accepte leur mode de fonctionnement sans soucies. Mais eux se positionnent contre mes pensées.)
Des gens de mon entourage c’est à dire 18-20ans… ce qu’ils peuvent dire et ce qu’ils clament comme valeurs de vie me déprime… je me demande si l’espoir d’avoir des gens ouvert d’esprit un jour est possible.