« Le couple libre, moi je pourrais jamais »

La vie est pleine d’étapes qui semblent insurmontables vues de loin. Mais comme beaucoup de monde y passe, on prend son courage à deux mains et on saute le pas. Bien souvent, on se rend compte que c’est finalement pas la mer à boire et que même si c’était difficile, ça nous aura fait grandir.

Terrorisant

Terrorisant

Mais en ce qui concerne la perspective d’ouvrir la boîte de pandore de la non-exclusivité dans le couple, la réaction générale est un rejet immédiat et sans appel : « ah non, ça je pourrais jamais ». Sans aller plus loin. Sans en discuter. Même quand on s’était juré qu’on serait prêt-e à aller au bout du monde pour l’amour de justement la personne qui a le courage de soulever la question.

Certes, c’est très intimidant, voire carrément angoissant. Mais est-ce réellement plus difficile que toutes ces autres choses qui nous semblaient terrorisantes au départ ?

  • dormir seul-e dans sa chambre
  • partir à l’école
  • partir en colonie de vacances
  • plonger du cinq mètres
  • prendre l’avion
  • prendre la parole en public
  • conduire dans Paris
  • quitter papa/maman pour aller prendre un appartement
  • passer un entretien d’embauche
  • s’engager dans une relation
  • sauter d’un pont avec un élastique aux chevilles
  • faire grandir un humain dans son abdomen
  • l’expulser par le vagin
  • confier son bébé à quelqu’un d’autre
  • lâcher son premier boulot
  • s’expatrier à l’autre bout de la France ou à l’autre bout du Monde
  • etc.

Rétrospectivement, non seulement c’était pas si terrible mais en plus c’est rare qu’on regrette. Même les étapes un peu dures nous font grandir et on ressent une certaine fierté d’en avoir été capable. Pourquoi la non-exclusivité ferait-elle exception ? Elle invoque d’ailleurs un peu les même ingrédients :

  • quitter le rivage familier et s’aventurer dans l’inconnu
  • sortir de sa zone de confort et aller vers davantage d’indépendance
  • préférer la richesse des expériences humaines à la sécurité de ce qu’on connaît déjà
  • avoir confiance en ses ressources

Alors évidemment, c’était plus facile pour moi qui ai été poussé du haut du cinq mètres directement dans le bassin du couple libre. D’ailleurs je me dis que comme pour beaucoup de ces étapes de vie, c’est souvent mieux de ne pas se poser de questions trop longtemps (on rencontre aux cafés poly des couples qui tournent autour du pot depuis parfois des années). Je me dis qu’au bout d’un moment, de même que pour le plongeoir du cinq mètres, plus on attend et moins on y va.

On s’était pourtant juré qu’on serait prêt-e à aller au bout du monde pour l’amour de justement la personne qui a le courage de soulever la question.

11 réponses à “« Le couple libre, moi je pourrais jamais »

  1. Je suis d’accord, en théorie, mais c’est aussi une question d’étapes : nous en sommes à celles où mon mari a une « sex friend » et pour le moment, à mon niveau, j’ai du mal… J’essaie de me raisonner, de me dire que ça ne m’ôte rien, (et c’est un fait, ça ne m’ôte rien) mais ça a réveillé en moi une angoisse d’abandon, (bon pas vraiment éteinte) qui crie très fort ! La tentation est grande de lui demander d’arrêter (et il le ferait, je n’ai aucun doute à ce sujet) mais néanmoins, je refuse pour le moment. J’espère passer cette étape en laissant l’angoisse derrière moi.

    • Je n’ai pas vécu cette peur de l’abandon mais j’ai l’impression que vous faites ce qu’il faut – éventuellement, sans lui demander d’arrêter, lui demander de faire attention aux choses qui pourraient attiser votre angoisse et qu’il puisse vous prouver comme ça qu’il a bien entendu vos limites et qu’il sait faire un effort pour ne pas vous rendre la tâche encore plus angoissante.

  2. Ce qui peut faire encore plus bizarre c’est de se rappeler ce genre de phrase prononcée par l’autre une quinzaine d’années auparavant (et d’autres notions sur la fidélité) et qu’au final ce soit par elle que ça arrive en premier^^ bon sinon j’ai toujours le vertige du haut du plongeoir, quelque soit « l’acte », je prends toujours du temps superflu qui ne fait comme tu le dis qu’augmenter l’hésitation.

  3. Effectivement quand on veut on peut, tout ça c’est dans la tête, c’est qu’un mauvais moment à passer, rien n’est insurmontable, l’amour est plus fort que tout sauf le cancer, les armes à feu et le poids des années.

    Mais perso…Je ne « voudrai » jamais, et si les expériences que j’ai eu en matière de non exclusivités ne se sont pas mal passé, je n’y ai rien vu qui me fasse trouver ça intéressant.
    Et ça me broute de devoir partager mon temps entre plusieurs personnes, ou de devoir attendre mon tour quand j’ai besoin d’elle.

    Certes je pourrais devenir « meilleur » (sic) et travailler sur moi et vaincre la jalousie, les constructions sociales et le trou de la sécu…Au final je me retrouverai exactement aussi heureux que je ne l’étais en restant monogame. Je ne vois pas l’intérêt de m’infliger ça.

    Les constructions sociales sont ce qu’elles, sont, tous les monogames ne sont pas des ploucs possessifs à convertir, et l’essentiel d’entre eux s’épanouit juste pleinement comme ça.

  4. Intéréssant Smith ! « tous les monogames ne sont pas des ploucs possessifs à convertir, et l’essentiel d’entre eux s’épanouit juste pleinement comme ça. ».
    Je dirai plutôt  » la question de la fidélité/possession travaille, questionne voire titille la MAJORITE des couples monogames. »
    Et bien souvent du fait de l’un des deux membres du couple.
    A plus long terme, ce n’est pas une cause de séparation mais d’identité pour la personne et/ ou le couple….j’ai été heureux 17 ans en couple monogame sans frustration et je suis heureux maintenant « différemment » avec la même femme.

    « l’essentiel d’entre eux s’épanouit juste pleinement comme ça. » : j’en doute de plus en plus.
    1/ du fait des exemples autour de moi
    2/ du fait de tous les couples qui se séparent aussi ou pire PARCE QUE il y a eu UNE faute (jetons le bébé et l’eau du bain malgré un « couple « réussi »)
    Tout cela mériterait développement parce que lorsque j’ai découvert le couple libre (j’aime bien « libre » mais je ne pense pas, Smith, que les couples monos soient « prisonniers »), j’ai eu une tendance très forte à penser que c’était le seul modèle viable finalement, je pensais un peu « conversion » quand même pour être honnête et ça, c’est une énorme erreur….
    Audren, il y aura sûrement un article à faire ou alors je ferai un jour un commentaire en ce sens (mais moins bien écrit !!!) sur la légère frontière entre « outing » et « croisade de conversion » !!! En tout cas je parle pour moi….

  5. « Au final je me retrouverai exactement aussi heureux que je ne l’étais en restant monogame. Je ne vois pas l’intérêt de m’infliger ça. »
    Et tu as bien raison Smith !!!! Je crois quand même que l’article s’intéresse aux personnes qui seraient intéréssés justement par le grand saut mais qui se l’interdise A PRIORI : on peut être heureux et monogame, ça parait dingue (humour) mais c’est possible !!!
    Et on peut aussi être en couple libre et monogame à 99,9% du temps….
    Je dirai que, dans notre nouveau couple libre, la fidélité reste l’un des piliers principaux mais la fidélité à qui? à quoi ? ahah….

  6. Certains ne sont peut être pas « faits » pour le couple libre, juste pour dire qu’il n’y a aucune obligation à être comme çi ou comme ça : il peut y avoir de gros dégâts si l’un des deux membres du couple se « force » à changer sans le vouloir. J’ai un exemple autour de moi ou l’un souhhaiterait plus de liberté et pas l’autre….je ne sais pas ce que cela va donner sur la durée mais, malgré leur amour fort et évident, je m’en inquiète…
    Je voulais aussi dire que celui ou celle en demande de liberté peut aussi faire des concessions et rester monogame par amour : cela ne me semble pas un si gros sacrifice…en tout cas j’y suis arrivé, sans penser tous les jours( loin de là!) à ma liberté « sacrifiée »!!!!
    L’important c’est quand même de trouver le bonheur, non ?

  7. Bonjour,

    Je viens de découvrir votre blog grâce à un commentaire que vous avez laissé sur GirlontheNet, où la phrase: « There’s a wrong premise all along your reasoning (and most people’s too for that matter): you did not actually do anything TO him. » (sur le sujet de l’infidélité) m’a vraiment frappé. Jusque la, je me suis toujours senti seule au monde à ne pas pouvoir comprendre cette notion de faire quelque chose « A » une autre personne avec une action qu’au finale ne lui concerne pas. On me traite d’une psychopathe, mais pour moi, ce qui compte c’est le comportement de mon partenaire avec moi – un époux infidèle c’est un époux que n’écoute plus, qui n’est plus attentif aux besoins de l’autre, qui oublie les anniversaires etc. Ce n’est pas le fait de coucher avec une autre personne qui lui rend « infidèle », à mon avis. Mais je ne pensais jamais pouvoir exprimer cet avis, tellement c’est choquant par rapport aux constructions sociales.

    Je m’exprime mal, peut-etre, mais en tout cas, je voulais vous remercier, sincèrement, pour ce commentaire et pour ce blog. Je suis très heureuse de l’avoir trouvé!

    • Avec plaisir 🙂
      Oui c’est un peu la base du raisonnement derrière ce blog : ce qui compte c’est ce qu’on vit ensemble, pas ce qu’on ne vit pas ailleurs.

  8. J’ai pas trop le temps de cherche un meilleur endroit pour poster ce lien vers un résumé de « Pratique de l’amour. Le plaisir et l’inquiétude », le dernier livre de Boson ( Michel Bozon, Pratique de l’amour. Le plaisir et l’inquiétude, Paris, Payot, 2016, 198 p., ISBN : 978-2-228-91528-1), mais je veux le faire tant que j’y pense :
    http://lectures.revues.org/20760

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