Quand je partage ton temps

Une fois qu’on laisse de côté la jalousie primale, il reste la jalousie matérielle. Le temps n’est pas extensible, et on a tendance à charger tellement la mule avec nos vies speedées qu’il ne reste que des miettes à partager entre les amants – et on sait bien combien les batailles sont âpres quand on se bat pour des miettes.

Lovers kissing - digital pen and ink drawing

Quelques bribes de temps amoureux (ref. photo (c) Wirikos on deviantart.com)

Que tu prennes du temps pour être avec lui alors que j’ai déjà l’impression de ne jamais avoir assez de toi, ça me ronge. Certes, on vit ensemble. Mais une fois décomptées les heures de préparation des enfants, les heures de travail, les heures d’entretien de la maison, les heures d’engagement à l’extérieur, les heures de sommeil de plomb, il nous reste tout au plus quelques demi-heures par jour de vraie proximité – celle dont naissent les câlins, la complicité, le bonheur d’être avec toi et pas avec une autre. Et quand il s’agit de nos week-ends ou de nos vacances, la présence permanente des enfants et des préoccupations logistiques ne nous laisse que quelques bribes de temps amoureux.

Pendant ce temps, tu passes deux soirs avec lui chaque semaine, et un week-end par mois. Vous mettez les pieds sous la table et les fesses sous la couette. Vous vous échappez en amoureux pour 48 heures à deux hors du monde et hors du temps. Et quand tu rentres, tu es fatiguée de n’avoir pas assez dormi avec lui, alors je cède à ton sommeil le peu que j’espérais avoir de toi.

Oui, je sais que tu m’aimes. Oui je sais qu’il aimerait être à ma place. Non, je ne te demande pas d’être moins avec lui. J’aimerais simplement qu’on fasse les efforts qu’il faut pour être davantage ensemble. Qu’on se ménage des moments amoureux avec autant de soin que tu t’en réserves avec lui – que j’aie autant d’occasions que lui d’avoir le beau rôle sans qu’on ait à parler de diarrhées, de conseil d’école ou de déclaration d’impôts. Je ne me trompe pas de cible : ce n’est pas lui qui nous bouffe le plus de temps pour nous. C’est le reste de notre vie à cent à l’heure, nos boulots et les servitudes de la vie domestique. Faisons un peu d’ordre, un peu de place, et réserve-moi cette place, si tu veux bien.

Je t’aime.

14 réponses à “Quand je partage ton temps

  1. L’article n’est pas dans la catégorie ‘confession’. C’est donc une fiction. Je n’ai pas eu à dire ça à ma femme parce qu’elle et son amant n’ont jamais eu la chance de pouvoir se ménager des moments réguliers.

  2. C’est une fiction et pourtant ça pose une vraie question, ne pas opposer le couple avec que des « devoirs » et la ralation avec l’amante (ou l’amant) qui serait « que du bonheur « (bon d’accord c’est carricatural) mon conjoint voudrait passer plus de temps avec son amante et je le comprend , il y a bien une gestion du temps et surtout se faire aussi des vrais temps de plaisir dans le couple…quand ça devient possible, plus de jalousie meme matérielle!

      • Le deuxième couple peut être illégitime et ne pas pouvoir, vivre, partir et faire des projets ensemble. La « monogamie » est encore très répandue.

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  5. je ne sais pas si ce que j’évoque appartient totalement au thème de cet article; mais j’y vais…
    Elle a eu un amant; là, il y a encore 15 jours. J’ai laissé la place un samedi matin pour qu’ils puissent profiter de l’appart. Au départ il lui plaît, il est beau, il est jeune et, dit-il, il est libre (dans sa tête). Elle lui dit qu’elle m’a, qu’on est bien ensemble et que je la laisse libre de ses relations (rares) sexuelles.
    Elle se prépare à son arrivée devant moi . Douche, épilation, vernis aux norteils, noir aux nyeux, toussa…hyper bandant, mais pas pour moi, mais c’est normal. A mon retour elle me raconte, dans le détail, et ça compense largement le manque, le petit stress de ces 3 heures. Elle a bien jeté les capotes, ôté les draps et pris une douche…
    Bon, visiblement, les SMS qu’il lui envoie ensuite montrent qu’il la voudrait plus, plus souvent, la nuit, des restaus, tout le temps…il lui avait pourtant bien dit lors de leur première fois qu’il refusait la monogamie (pour les autres si je comprends bien?).
    Bien sûr il n’a pas tout ça mais quand on part à l’aventure, qu’on est libre, on prend pas sa maison sinon ça s’appelle du camping…
    Donc, il a les fesses de la crémière, le beurre (bien qu’aujourd’hui on utilise plutôt le terme de « gel ») mais moi je garde l’agent (la crémière) avec nos petits engueulots, nos petits restaus, nos ronflements la nuit, nos soucis d’argent parfois, nos parties de cul (oh pardon!), nos haleines matinales, nos câlins, la vaisselle, ses reproches que je passe pas l’aspirateur, que ce T-shirt il est nul (offert par mon ex en fait)…toussa, encore.
    Puis il supporte pas qu’elle en ait un autre d’amant en plus de lui qu’il baise comme un acteur porno (pas l’autre, lui)…et qu’elle et moi on s’éclate grave sur ce point là aussi..
    Alors moi, excusez-mo je vous en prie, je me rebiffe un peu…

    PS : ah oui, je voudrais savoir si vos amants balancent les capotes partout et vous laissent les ranger (je dis « ranger » pour ne pas exclure les fétichistes sinon je dirais plutôt « jeter »…) ? parce que c’est un peu systématique chez les siens.

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