Les fesses de la crémière

Le billet éponyme, et aussi le premier. Le titre de ce blog, c’est un clin d’oeil à une remarque qu’on entend souvent au sujet des couples libres. Et bien je prétends qu’en l’occurrence, oui on peut avoir le beurre et l’argent du beurre, et d’ailleurs j’en rajoute une couche (de crème)…

les fesses de la crémière

les fesses de la crémière

« En fait, tu veux le beurre et l’argent du beurre » : c’est souvent ce qu’on entend quand on évoque la possibilité du couple libre. Du haut de sa bien-pensitude, le/la monogame croit ainsi tenir sa réplique de la mort.

-Et pourquoi pas ? réponds-je naïvement (je n’ose ajouter qu’en vrai, c’est surtout les fesses de la crémière* qui m’intéressent.) Qu’est-ce qui empêche de vivre le bonheur d’un amour fidèle et épanoui, et aussi le plaisir d’aventures palpitantes et jouissives ?

Ébauchons une petite liste :

  1. ma reine ne pourra pas le supporter
  2. je pourrais rencontrer quelqu’un de « mieux »
  3. c’est pas très sympa pour la crémière
  4. le crémier viendra me casser la gueule
  5. si tout le monde faisait comme nous, où irait-on ?
  6. c’est mal, donc j’irai en enfer

1 – Comme la colère, la jalousie est une émotion probablement naturelle mais malsaine si elle n’est pas tempérée par la raison et l’apprentissage. Il y a des pays où un mari pique une crise si sa femme sourit à un autre. Si vous n’êtes pas comme ça, c’est que vous avez déjà fait 90% du boulot.

2 – Il y a toujours un risque de tomber sur quelqu’un avec qui je me sentirais tellement bien que je serais prêt à supporter (et faire supporter) la douleur d’une séparation. Mais interdire les rencontres pour éviter ce risque, c’est comme séquestrer les Nord-Coréens chez eux : pas forcément très constructif. Et puis pourquoi vouloir partir si justement on ne s’interdit pas les amours plurielles ?

3 – La crémière peut effectivement s’estimer lésée dans l’affaire si je ne suis pas autant disponible que ce à quoi elle aspire. Au moins je n’essaie pas de lui faire croire que « je t’assure, je vais bientôt quitter ma femme, j’attends simplement que **** » (remplissez avec l’excuse bidon de votre choix). Elle est libre de partir à tout moment. Mais le mieux, c’est bien de tomber sur une crémière qui a déjà son crémier chéri.

4 – La jalousie du crémier n’est pas à écarter. Sans aller jusqu’à la violence, elle peut mettre en danger leur couple. C’est une raison tout à fait valable pour éviter la crémière. Ce n’est pas une raison valable pour renoncer au couple libre. Après tout, si le crémier et la crémière étaient aussi en couple libre, il n’y aurait pas de souci…

5 – Si tout le monde faisait pareil, il y aurait probablement plus de sexe. Certes. Mais il faudra me dire en quoi l’abondance de sexe nuirait à la cohésion sociale. En tout cas, ce n’est pas l’avis des bonobos. Et puis la monogamie en série met déjà assez le bazar dans les structures familiales pour qu’on ne risque pas de faire tellement pire…

6 – Naturellement, on ne peut rien répondre contre la dernière objection. A part demander de préciser pourquoi « c’est mal ». Si la seule réponse est « parce que », alors c’est clair, j’irai en enfer.

*vous pouvez remplacer par les fesses de qui vous voulez si celles de la crémière ne vous attirent pas plus que ça.

Chacun/chacune est invité(e) à allonger cette liste dans les commentaires. Je tâcherai de répondre dans un futur billet.

54 réponses à “Les fesses de la crémière

      • Grave, non. Mais le manque est difficile, surtout quand l’investissement affectif n’est pas le même.
        Merci pour la reconnaissance, ;).

    • Cela dit, je note le point : moi-même ou la crémière risquons de tomber amoureux, et ça fera mal si ça doit s’arrêter. J’ai prévu d’écrire un truc là-dessus de toute façon.

      • Audren, as tu écris ce truc ! ça m’intéresse ! la crémière et moi sommes amoureux ! et c’est très dur de voir une issue à cette situation

      • La crémière est tombée très très amoureuse. C’est vrai que dans mon article, je parlais surtout de moi. Effectivement, ce n’est pas simple. J’en écrirai davantage peut-être d’ici quelques mois.

  1. Intellectuellement séduisant,ce transfert d’une fidelité de corps vers une fidelité à un projet de vie.
    Un obstacle de taille à mon sens,plus que la jalousie,maitrisable: le temps,inextensible donc forcément partagé.
    C’est ce qui tue souvent le polyamour et c’est un risque aussi en couple libre.

    • Il y a beaucoup à dire sur le temps. Effectivement, ce n’est pas à négliger. Cela dit, quand on voit à quel point on peut accepter sans ciller les indisponibilités professionnelles du conjoint, je pense qu’il y a un peu de marge. J’y reviendrai (j’ai un billet qui mijote sur le sujet).

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    • Un couple non-exclusif peut ne pas être libre. Un grand nombre de couples libertins (qui sont non-exclusifs s’ils pratiquent l’échangisme) ne sont pas si libres que ça dans les faits. Et on peut être un couple libre (dans lequel chacun a sa liberté) et être exclusif de fait, sans que l’exigence d’exclusivité vienne de l’autre mais que ça soit le désir de chacun.

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  11. Tout d’abord bonsoir et merci pour votre blog que je trouve agréable, respectueux et pertinent. Je voulais réagir à votre article sur « les fesses de la crémière » en vous faisant part de mon expérience personnelle.
    J’ai 50 ans, mon épouse a 47 ans, nous sommes mariés depuis 23 ans et nous avons deux enfants. Il y a deux ans de cela, sans aucune raison valable, j’ai eu le sentiment que ma vie était fini, que plus rien d’intéressant n’allais m’arriver dans la vie, le sentiment d’avoir tout vécu, le sentiment aussi que mon épouse et moi-même nous étions en train de nous éloigner l’un de l’autre sans dispute, sans désaccord, juste parce que le temps qui passe. Tout cela est très classique, la suite l’est moins.
    Sans avoir aucunement l’intention de quitter mon épouse, Je me suis inscrit sur un site de rencontre pour personnes mariées avec la ferme intention de trouver celle qui me ferait me sentir vivre à nouveau. Oui mais pour séduire à nouveau, il faut se sentir bien physiquement. Il faut soigner son look. Il faut aussi s’interesser à la personne que l’on veut séduire. Je me suis remis à faire du sport de façon régulière. J’ai été faire les boutiques de vêtement avec mon épouse (je sais, ça c’était moyennement cool mais bon quand on a aucun gout …). J’ai repris un abonnement chez mon coiffeur. J’ai lu une bonne vingtaine de livre sur la psychologie féminine et les relations physiques entre adultes consentants pour au final et après quelques aventures extra conjugales me rendre à l’évidence : Mon épouse est vraiment la femme qui me correspond et avec qui tout est plus agréable. Cerise sur le gateau, mon épouse constatant mes efforts s’est mise à me retrouver plus intéressant, elle aussi s’est remise un peu en question (comme moi) et à aujourd’hui notre vie de couple est plus agréable qu’elle ne l’a jamais été.
    Question : Est ce que rechercher une liaison avec une autre partenaire, ça n’implique pas une remise en cause de soi même et est-ce qu’au final, ce ne serait pas indirectement le remède à la routine qui rend la vie des couples sans intérêt.
    Ceci dit, mon témoignage n’a pour but que de compléter ce qui a été dit sur le sujet. Je suis conscient que mon attitude a été un remède pour mon couple mais ne le sera pas nécessairement pour un autre. N’ayant en tête que la vision de ses couples ou les deux conjoints terminent leur vie ensemble mais en s’ignorant l’un l’autre, Je n’ai jamais jugé mon attitude dangereuse.

  12. Après avoir lu quasi tous vos billets, j’ai écrit -et gardé de côté- un commentaire sur mon sentiment à propos de l’infidélité, mais il est si long que je n’ose le poster…

    • Si vous n’avez pas de blog où le poster, envoyez-moi ça via la page contact. Peut-être que ça pourrait faire un billet invité ou une belle discussion…

  13. Je découvre votre bloc aujourd’hui et tenais à vous remercier pour ces textes et dessins (magnifiques).
    Surtout continuez !

  14. J’ai fait un article similaire , à ma façon à moi il y a un moment de ça (en 2006). Quand je me posais fermement la question de la « fidélité » au sens de l’emprisonnement d’exclusivité-possessivité qu’implique ce terme dans notre conception judéo-chrétienne du mariage (conception impliquant la jalousie comme une chose « normale » brrr !). J’ai découvert que je ne m’étais jamais demandé si je voulait de cette façon de voir les choses pour moi-même. Je dois dire que je suis aujourd’hui d’accord avec vous, et que, mon épouse et moi, suite à cette année de réflexion, ( eh oui, ça nous a pris un an de nous poser cette question vraiment, et d’y répondre pour de bon) nous nous sommes offert mutuellement la liberté « d’aller voir ailleurs » si l’envie nous en dit.

    Paradoxe, et conséquence de ce geste: finalement, ni elle ni moi, n’avons usé de cette liberté depuis. Il m’a semblé à moi que le désir d’autres relations venait matérialiser mon désir de me savoir libre avant tout, et non un réel désir d’autres relations. Mais, nous continuons à considérer que nous en avons chacun la liberté,(et surtout pas le droit de priver l’autre de sa liberté) et à penser que cela ne remet aucunement en cause la relation de longue date, complètement irremplaçable que nous avons construite. ça fait en effet 24 ans que nous sommes ensemble et 17 que nous sommes mariés. Si cela vous intéresse l’article est ici: Le sujet qui nous intéresse commence après la ligne (*****************)
    http://lemondedekoulou.over-blog.com/article-3617971.html

    • Je confirme que le sentiment de liberté est parfois plus important que l’exercice d’icelle.
      Et j’irai le l’article. Merci.

  15. Bonjour.

    Tout d’abord merci pour tous vos articles interessant et tres agreablwe a lire. Cela fait quelque temps que je lis votre blog qui m’interesse beaucoup et qui alimente enormement ma reflexion actuelle sur le couple! Je suis tout a fait en phase avec l’idee du couple libre et du polyamour, meme si ca m’a pris du temps pour adherer a cela, l’idee a du faire son chemin 🙂 Je trouve cependant que c’est fort difficile a appliquer en pratique, tant est forte l’idee selon laquelle ca n’est pas « normal ». Je me suis heurte de plein fouet a cela avec une personne de qui j’ai eu la chance (parce que oui, je trouve que c’est une chance!) de tomber amoureux mais qui ne partageait pas ma vision des choses. Pour elle, impossible de s’aimer sans etre en couple. Paradoxalement, elle avait aussi des sentiments pour moi, mais impossible de se mettre d’accord sur le fait de se contenter de ca, il fallait « plus », sinon c’etait justement vouloir le beurre et l’argent du beurre (ce sont ses propres mots, c’est pour cela que ca m’a donne envie de reagir a cette article :))! J’avoue n’avoir pas su quoi repondre sur le moment meme… Pensez-vous que l’on peut « convaincre » quelqu’un de tout cela quand on est dans ce genre de situation? Cela me semble fort complique :s

    • Je pense que c’est possible si la personne veut bien être convaincue, mais ça peut prendre un temps infini. Je suis dans la même situation : mon amoureuse n’arrive pas à envisager un avenir où on n’est pas 100% « l’un à l’autre ».

      Une chose probablement pas impossible à négocier surtout si on arrive à la poser avant de cohabiter, c’est de se donner une nuit par semaine où on ne dort pas ensemble et où chacun fait ce qu’il/elle veut sans avoir de comptes à rendre. Un morceau de vie entre parenthèse. Un espace d’autonomie inaliénable et incessible. Un manifeste de liberté personnelle. Mine de rien, ça pose de beaux jalons.

      Il faut savoir qu’une grande proportion des couples qui durent sont justement ceux qui arrivent à développer des vies personnelles séparées (certes entrelacées mais disjointes), avec par exemple des amis non-communs, certains week-ends et/ou certaines vacances séparées, etc. (exclusivité sexuelle ou pas). Car le modèle fusionnel est généralement trop étouffant sur le long terme (et en plus il a tendance à tuer le désir, cf. Esther Perel)

      • Merci pour cette réponse! Je suis d’accord que le couple fusionnel est étouffant, j’ai vécu cette situation moi-même! Je suis cependant confus par une des phrases que vous avez écrite : que votre amoureuse n’arrive pas à imaginer un avenir où vous n’êtes pas 100% l’un à l’autre. Me permettriez-vous de vous de vous demander ce que vous entendez par là? Car si vous êtes dans un couple libre, comment cette vision peut-elle encore s’appliquer? J’ai du mal à en saisir le sens.

      • Oui, pardon, il manquait une clé de décryptage. Il y a ma femme (avec qui je suis effectivement en couple libre). Et il y a mon amoureuse (qui a du mal à se faire à l’idée que je ne sois pas amoureux que d’elle).

      • Ok je comprends mieux maintenant, merci pour cette précision 🙂 Donc cela arrive même quand on est en couple libre? Je pensais que quand tout était clair, ce genre de différents n’arrivaient pas…

  16. Et les fesses de la cougar ? 🙂
    Voilà un sujet que vous n’avez (sauf erreur) pas abordé sur votre site. Or ce thème ne me semble pasa très éloigné des thèmes que vous abordez. En outre, je serais curieuse de vous lire sur ce sujet 🙂

    • Le crémier peut désigner pas mal de personnes différentes :
      – votre homme ?
      – celui de son amante (puisque la crémière ici désigne la partenaire secrète) ?
      – l’auteur du blog (par métonymie) ?
      – le propriétaire de la fromagerie de votre quartier ?

  17. Juste un clin d œil ….je découvre votre blog depuis trois jours veritable régal cerebral et visuel….

  18. J’ai déjà lu plusieurs fois certains de vos articles que des amis avaient partagés.
    Je les ai toujours trouvés pertinent mais aujourd’hui ils prennent un autre sens pour moi.
    Je suis en couple avec mon Homme depuis maintenant 1 an et nous avons pleins de projets ensemble. Tout se passe bien dans notre couple. Mais j’ai croisé un autre homme lors d’un événement et je me suis surprise à vouloir vivre quelque chose avec lui. Que ce soit du sexe ou non.
    J’a été très perturbée pendant quelques jours a essayer de comprendre ce qui pouvait bien m’arriver. J’ai revu cet homme plusieurs fois et je sais qu’il n’est pas non plus indifférent. JE me suis posée plein de questions: « Est ce que j’aime moins mon Homme », « Suis-je normale? », bref… Puis j’ai repensé à votre blog et j’ai relu certains articles.
    Je me reconnais dans la notion de polyamour, de polyamoureuse.

    Et je voulais vous remercier.
    Déjà je me sens normale, et je comprend que je peux aimer d’autres personnes sans pour autant perdre les sentiments que j’ai pour mon Homme.

    Bref Merci encore ❤

  19. C’est comique. Aucun contre-argument le simple fait que ça tue ce qu’il y a de plus beau dans l’amour à savoir la construction d’une totalité, d’une unité, où chaque chose se construit, s’expérimente, se travaille à deux. A l’inverse de ça vous prônez la parcellisation du rapport à l’autre : je te prends pour ta beauté, un autre pour sa gentille, encore un autre pour sa bonté ou son dynamisme et ainsi de suite. Mais, vraiment ? On régresse à ce point dans la consommation de l’autre ? Plutôt que de travailler sur soi et sur l’autre, progressivement, en acceptant les qualités et défauts, vous préférez que l’on sélectionne un « autre » pour pimenter notre vie ou que sais-je ? Pourquoi pas. C’est un aveu de faiblesse. Cela n’est bien bien ni mal mais d’une affligeante tristesse. C’est d’une part abaisser l’autre à ce qui nous séduit en lui (c’est-à-dire à ses qualités, donc à pas grand chose) et s’abaisser soi-même pour s’ouvrir soi et son couple à des tiers qui viendraient « combler » les manques – donc à admettre l’impuissance du couple à résoudre ses propres problèmes ou contradiction. Mais libre à chacun de faire comme il l’entend. Seulement qu’il sache que ça n’a rien de « cool » mais qu’au contraire c’est un aveu d’impuissance, sinon d’inclinaison à la « consommation ».

    • C’est bien toujours les mêmes idées de la « consommation », de l’individualisme, de l’égoïsme que vous utilisez pour dénigrer l’idée que certaines personnes puissent se sentir mieux dans une forme de liberté de vie de couple qui étend la liberté jusqu’au sexe et à l’amour, pas simplement à la liberté d’aller travailler, d’aller voir un match avec des amis ou faire des sorties shopping sans son mec. Sachez que les personnes non-exclusives ne sont pas plus dans la consommation que les autres, et que l’amour n’est pas un jeu à somme nulle.

      L’idée de totalité, d’unité fusionnelle chère à nos mythes culturels vous semble chère mais c’est une grande illusion qui fait de grands ravages. Je vous invite à aller lire cet article sur le sujet.

      • Précisément. Je ne dénigre pas : je trouve ça d’une accablante tristesse. L’appel à « se sentir mieux » est compréhensible, comme de prendre des cachets pour oublier ses maux ou d’aller consommer une prostituer afin d’oublier sa misère sexuelle. C’est un aveu de faiblesse – mais je ne suis pas contre pour autant.

        Il y a une différence entre cultiver une vie sociale (c’est-à-dire ce qui touche à notre individualité propre) et ce qui touche à l’unité (la sexualité, la pudeur, la confiance, la construction d’un tout, etc). Et si vous mettez la sexualité au même niveau qu’un match de foot, c’est que c’est décidément plus affligeant que ce que je croyais..

        Et, remarque sur votre critique de l’unité. Il ne s’agit pas de cultiver l’unité de façon excessive mais de savoir distinguer l’individu du couple en les intégrant mutuellement. L’individu c’est une chose, avec ses intérêts, ses joies, ses affects particulier et le milieu social peut (et doit, je pense) favoriser cet accroissement de soi en dehors du couple ; mais le couple lui-même prend une partie de soi ainsi que de l’autre pour se former et doit par conséquent être chéri et protégé au risque de prendre l’autre par facilité comme quoi ? un soutien dans la vie ? un parent ? un bien que l’on utilise jusqu’à l’abandonner au bord de la route ?
        A la fin de votre article vous concluez sur le fait que le couple « libre » (mais.. concevoir le couple « exclusif » comme « non-libre » sous-entend déjà que vous vous sentez bridé(e) ce qui est vraiment triste..) puisse redynamiser le couple. Mais encore une fois c’est un aveu de faiblesse. Je suis incapable de dynamiser mon couple seul donc je vais chercher ailleurs pour le réimplanter dans mon couple.
        Encore une fois.. Je ne suis pas contre si les deux sont consentants (c’est le minimum de moralité que l’on peut exiger) mais ça demeure un aveu d’impuissance à la fois pour soi (avoir besoin de ça pour « se sentir mieux » comme vous dites) et à la fois pour le « couple » (avoir besoin de ça pour le redynamiser).

        C’est bien la liberté. On est libre. Mais qu’est-ce que c’est triste que de concevoir la liberté comme vous la concevez.

    • Fyi: « Monogamie » recouvre les deux sens. De même que « polygamie ». C’est ensuite qu’on fait le distinguo entre polygynie et polyandrie.

  20. J’adhère à votre façon de penser, qui m’a néanmoins valu d’être considérée comme un cas pathologique, le qualificatif le plus souvent entendu étant « malsain ». Mais j’éprouve une certaine satisfaction à me nommer « libertine »; rapport purement sentimental aux petites maisons du XVII, à Don Juan, Casanova et la marquise de merteuil 😉 J’ai actuellement deux amant (dont un principal) et une amante. Mais j’ai aussi un ami intime pour qui je nourris un désir affolant. Mais il est en couple avec une partenaire radicalement monogame qui me voit comme une rivale, bien que je lui ai certifié n’avoir aucune envie de détruire son couple. Nous nous voyons en cachette, discutons beaucoup, entretenons ce désir sans pour autant passer à l’acte. Je ne sais plus où me placer dans cette relation dont je ne veux pas me passer. Qu’y puis je ?

  21. Bonjour,
    En 2011, j’ai commencé à fréquenter un homme, qui m’a rapidement dit qu’il n’était pas amoureux de moi. A ce moment là, je l’ai pris à la légère, je n’ai pas réfléchi, on venait de se rencontrer, je ne me sentais pas attachée à lui et je me suis dis qu’avec le temps si on tenait l’un à l’autre, on finirait par se trouver… Il se comportait comme quelqu’un qui avait envie de me voir et puisqu’on passait du temps ensemble, il m’a quand même demandé si j’avais envie d’être sa copine… il m’appelait tous les jour ,pour m’inviter à manger, pour savoir ce qu’on allait faire le soir, etc…Un fois, on a eu une courte discussion sur nos relations passées , et sur la façon dont on envisageait la question de la fidélité. Je lui avais dis qu’au début d’une relation, j’avais tendance à trouver normal qu’elle soit exclusive, surtout si on est amoureux, mais qu’avec le temps, peut-être parfois était-il possible qu’un ou deux extras sans conséquence ,à l’occasion, puisse faire partie des choses qu’on pouvait s’autoriser sans que le monde s’écroule. Bref…..A-t-il pris cette idée pour argent comptant sans trop me demander ce que j’entendais par « avec le temps »…? J’avoue que je n’y ai pas tout de suite réfléchi, je restais dans une sorte de non questionnement général, naïve, sur toute la ligne, vis à vis de la manière dont je pensais cette relation.
    Je la vivais au jour le jour . Lui m’avait raconté qu’il avait été marié et fidèle et que ça l’avait rendu malheureux…d’ailleurs il venait à peine de divorcer.
    C’est l’attachement à cet homme qui malgré tout continuait à venir me rendre visite, qui déclencha, le jour où il a du partir (6 mois concentrés après notre rencontre), un malaise immense que je pensais soigner par sa présence au téléphone et une visite ou deux tous les deux mois… Il me manquait terriblement. Aujourdhui, je me demande ce qui me manquait tant pour que j’en appelle à tous ses sentiments.J’étais persuadée d’être amoureuse, persuadée qu’il fallait qu’on reste ensemble. Persuadée qu’il m’aimait sincèrement. D’ailleurs il avait fini par me le dire un jour… ou avais-je réussi à l’en convaincre?
    Entre temps, il avait mis une condition à la possibilité de notre relation: La liberté. Sa liberté. Puisque nous ne vivions plus dans la même ville et qu’il n’avait pas eu à me convaincre du bien fondé de ce besoin vital , j’avais accepté. Je voulais comprendre ce qu’il avait dans le cœur à mon égard, gratter, savoir et continuer à entretenir ce lien, qui me semblait si précieux. Est-ce qu’il avait un attachement sincère? je le souhaitais profondément…mais je n’étais pas plus importante que les autres. Et les autres représentaient cette liberté dont son bien être dépendait.
    Ce que je souhaitai vraiment c’était quelque chose de plus fusionnel. Il aurait pu rencontrer toutes les filles du monde, s’il m’avait offert cette fusion, je n’aurai pas autant souffert. Je n’étais pas vraiment jalouse. Mais sa manière de m’apprécier, de me concevoir comme une amie, alors qu’on formait un couple même s’il était libre, même s’il était déjà un peu bancal, tout ça me rendait si chagrine. SI insatisfaite en terme d’affection et d’attention que ce schéma-là ne pouvait pas me convenir. Trop mature pour moi. Ma puérilité même si j’en étais consciente me torturait. Alors, j’ai fini par accepter qu’on arrête le massacre. Parce que lui contrairement à moi, voyant que j’étais malheureuse, me proposait régulièrement de mettre fin à tout cela….Moi, amoureuse comme une bête, prête à souffrir encore, je continuais à me jeter à corps et à cri dans ses bras toujours ouverts, mais jamais complètement. Voilà ce qui m’a chagriné dans cette expérience de la liberté.
    La configuration que j’ai pu vivre, ne ressemblait strictement à rien et la satisfaction qu’il trouvait dans la possibilité de relation plurielles ( que je ne pouvais, de mon coté envisager, puisque cet homme occupait vraiment mon esprit ) , devenait pour moi inaccessible . C’était trop dur, je n’y arrivait pas, je me sentait trop petite….je ne sais pas pourquoi je me suis autant battue contre moi-même, alors que j’avais en face de moi quelqu’un qui me disait qu’il n’avait pas envie de souffrir et qu’il savait comment faire pour y arriver. Il fallait bien que je me rende à l’évidence… Cependant, j’étais atrocement tiraillée entre la nécessité de fuir et l’attirance profonde et folle qu’il m’inspirait…le fait qu’il m’ait si souvent remise à ma place, tenue à distance, rappelé que je n’étais qu’une copine, qu’il était libre…je sais qu’il n’y étais pas pour grand chose, ses choix étant parfaitement légitimes…mais cette distance me tuait, et il m’a finalement semblé qu’il s’en est amusé un certain temps. Voilà, il aura fallu que je vive cette histoire pour me faire une idée de la manière dont je fonctionne..On a pas tous les même besoins, et on n’est pas tous capable de donner ou de recevoir de manière saine et équilibrée. Chance à celui qui se construit par lui même une force et une personnalité qui s’harmonise à merveille avec les autres, malchance à celui qui ne sait pas le faire, le maladroit… On peut militer pour la liberté de corps et d’esprit à tout point de vue, mais sur certains corps et certains esprits, la liberté, ça ne ressemble à rien, c’est comme un trou qu’on ne saurait remplir et qui viendrait défigurer le petit paysage qu’on a réussi avec peine à faire tenir debout…le comble de la liberté se serait de s’enfermer chez soi d’angoisse avec un fusil, alors qu’on vient de gagner au loto…. je peux pas vraiment dire que j’ai eu cette impression, mais je trouve que cette image aborde les aspects contradictoires de cette puissante et incroyable notion…

  22. Merci pour cet article et ces commentaires à tous.
    Il y a juste une chose qui me chiffonne, autour de moi et en particulier dans ma tranche d’âge (20-30ans) les gens pratiquent le sexe avec plusieurs partenaires sans faire attention, je crois qu’il ne serait pas inutile de leur rappeler que personne n’est à l’abri de MST, IST etc…
    Trop souvent le sujet du sexe est prit à la légère, comme un simple outil d’amusement à notre disposition mais il faut que tout le monde ait le respect de faire des tests à partir du moment où les deux personnes sont consentantes pour cela.
    Je lis souvent des articles sur Internet qui abordent la sexualité de près ou de loin. J’ai simplement remarqué à quel point la majorité des gens prennent ça à la légère alors que pour moi c’est essentiel. Je ne vais pas coucher avec une inconnue qui ça se trouve est porteuse d’une MST/IST ou du VIH etc
    ..Et ensuite aller faire l’Amour à ma compagne pour qu’on se retrouve au final toutes contaminées et dans de beaux draps comme on dit.
    Si je parle de ça, ce n’est en rien contre vous, ma tante a un voisin atteint du VIH à cause d’un coup d’un soir (la seule fois où il n’a pas utilisé de préservatif de sa vie…). Et une ancienne amie à moi a attrapé une IST à 22ans qui a progressé sans qu’elle s’en rende compte ce qui a manqué de la rendre stérile.
    Je voudrais que les gens fassent plus attention à eux-mêmes et aux personnes avec qui ils partagent l’acte, c’est tout. Après, tout le monde fait bien ce qu’il veut 🙂

    Bonne journée à tous 💙

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