Y – Le dernier homme

Une jolie découverte dans le 8e art : plongée dans un monde post-apocalyptique 100% féminin, après la mort synchrone et mondiale de tous les mammifères porteurs d’un chromosome Y. Seuls deux mâles ont survécu : Yorick Brown et son singe capucin.

esperluette aka ampersand le singe capucin de Yorick Brown, dans Y le dernier homme

Esperluette le singe capucin est la clé de l’énigme (ref. photo Lionheart89 sur deviantart)

Il y a trois semaines à la bibliothèque, je suis tombé sur une édition en V.O. et j’ai littéralement dévoré les deux premiers volumes durant ma pause déjeuner. Ne pouvant laisser passer le week-end jusqu’à la réouverture de la bibliothèque, j’ai téléchargé les 8 autres volumes et j’ai quasiment passé mon week-end à lire.

Le scénario est passionnant. Contrairement à d’autres BD fleuves (p.ex. Walking Dead ou XIII) on a vraiment l’impression que toute l’histoire était écrite dès la parution du premier épisode. Point de zombies dans ce monde post-apocalyptique : juste des femmes. Des femmes qui au commencement de l’histoire ont perdu en deux minutes leurs fils, leurs maris, leurs pères, leurs patrons, leurs politiciens, leurs forces armées, leurs bourreaux. Et qui se retrouvent à devoir remettre le monde sur pied, avec en toile de fond la grave question de savoir d’où viendra la relève.

Des femmes agent-secret, des femmes en position de pouvoir, des femmes gangsters fanatisées, des femmes ninja, des femmes saltimbanques, des femmes soldats (dont une unité féminine d’élite de Tsahal, particulièrement bad-ass) : on est très très loin du monde de licornes et de bisounours qu’on aurait pu craindre vu le thème (on n’est en particulier pas du tout dans le ton de la chanson Femme je t’aime, de Renaud). On n’est pas non plus dans un monde stéréotypé de chipies qui se grafignent, se tirent les cheveux ou complotent par derrière. S’il y a quelques stéréotypes parmi les personnages, j’ai l’impression qu’il s’agit davantage de stéréotypes de catégories (les politiciens, les fanatiques, les mafieux) que de stéréotypes féminins.

Je ne crois pas que l’ouvrage soit explicitement féministe mais la seule plongée dans un monde matriarcal (par la force des choses) véhicule en soi un message féministe. Ce nouveau monde n’est pas l’opposé du nôtre. Il y a beaucoup de similarités, pas mal de différences aussi. Bien entendu, ce monde est issu de l’imagination des auteurs. Personne n’a la moindre idée de ce qui se passerait ‘en vrai’. Mais ce bel exercice de gender-fiction est ce qui donne sa force à l’histoire (avec son scénario, ses dessins et ses couleurs).

Il y a toutefois un vrai gros message un peu caricatural à l’attention du féminisme radical en la personne de Victoria et ses amazones fanatiques qui ont une telle haine des hommes qu’elles détruisent les banques de sperme et les symboles phalliques architecturaux, massacrent les transsexuelles et les travesties, et se lancent dans une sanglante chasse à l’homme quand elles apprennent l’existence de Yorick.

J’ai un poil regretté la rigidité de Yorick dans sa fidélité sans faille à sa fiancée lointaine (qu’il met plusieurs années à retrouver). Il y aurait eu un thème intéressant à dérouler sur l’exclusivité sexuelle (non, je ne fais pas du prosélytisme ;-). Mais en fait, ça s’arrange un peu plus loin – enfin quand même, ne faire l’amour qu’une seule fois en quatre ans alors qu’on est le seul homme sur la Terre, ça tient du masochisme pur (et du sadisme, vu qu’en plus il a l’air pas mal foutu).

Scan d'une planche de Y le dernier homme

-Qu’est-ce que je viens de faire ?
– Pardon ?
– Beth, j’ai déjà une copine, Beth, enfin, elle s’appelle Beth aussi. Nous sommes fiancés.
– Et donc ?

5 réponses à “Y – Le dernier homme

  1. Rohhh, mais tu te mets à mater les hommes, toi, maintenant (moi suis plus dans l’équidé en ce moment…) ?
    Sinon le graphisme de la BD a l’air pas ma – dans le sens « du genre que j’aime lire », je ne me permettrais pas – j’irai jeter un oeil.
    Merki m’sieur

  2. C’est le 9ème Art apparemment, et non le 8ème! 🙂
    Et j’aurais tendance à dire qu’il s’agit d’antisexisme pour cette BD, plutôt que de féminisme.
    D’ailleurs, où peut-on la trouver, cette BD?
    (Et pour le coup je suis d’accord quand tu écris: « ne faire l’amour qu’une seule fois en quatre ans alors qu’on est le seul homme sur la Terre, ça tient du masochisme pur ». Mais là-dessus, je peux comprendre le pourquoi du comment ça se fait que le héros agisse comme ça. Je me demande même si j’aurais pas agis comme ça aussi. Et pour savoir si c’est du sadisme aussi, on peut comparer cette situation à la blague:
    Le masochiste: -Frappe moi!
    Le sadique: -Non.)

    • Merci pour les précisions. Je m’y perds en numérotation des arts.

      J’imagine qu’on doit pouvoir la trouver dans ‘toutes les bonnes librairies’.

  3. Non, tu ne fais pas de prosélytisme, quelle idée 😉 tu défends des idées (faut admettre que parfois la barrière est super mince et le pas facile à franchir !).

    Le héros, seul homme sur terre entouré de femmes, ne couche qu’une seule fois en quatre ans… c’est bien sûr du masochisme, surtout lorsque l’on sait que les hommes sont des baiseurs compulsifs !!!

    L’auteur semble faire la guerre au sexisme, du coup les femmes deviennent des soldats particulièrement bad-ass et les hommes de gros romantiques… et à ce que je vois, les femmes en guerrières ça t’amuse mais tu déplores l’homme sentimental accroché au souvenir de sa fiancée !!! ts, ts, ts…

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