La culture machiste tant décriée pour le tort qu’elle cause aux femmes a quelques effets collatéraux sur les hommes eux-mêmes, mais qui sont rarement mentionnés tant le sexisme est encore profondément ancré quand il s’agit de stéréotypes masculins.
Les hommes sont plus costauds que les femmes. Physiquement. En moyenne. Voilà, c’est tout, ça s’arrête là. Dès lors qu’on parle d’une épreuve qui ne met en jeu ni la testostérone ni la masse musculaire*, les hommes sont rigoureusement à égalité avec les femmes.
(* laquelle ne sert plus vraiment dans un monde où tout est fait par des machines)
Et pourtant notre culture trouve tellement évident qu’un homme encaisse mieux qu’une femme qu’on n’y fait même plus attention. Quand un serial killer s’attaque à des femmes et leur fait subir toutes sortes de tortures, ça nous paraît forcément vraiment plus odieux que quand il fait la même chose à un homme (d’ailleurs, les journalistes précisent bien qu’il s’est attaqué à « une femme », pour bien souligner l’horreur de l’acte). Quand un mec trouve le courage d’aller porter plainte pour s’être fait séquestrer, battre et/ou violer au viagra par sa voisine ou sa compagne, il se fait humilier par la police et sur twitter. Quand un mec a mal après s’être fait opérer d’un poignet cassé en skate, c’est une chochotte. Quand un homme pleure d’avoir perdu la garde de ses enfants, notre subconscient collectif se dit que c’est surtout pour les allocs.
Parce que bon, quand même, c’est un homme, quoi.
Cette tendance à s’apitoyer davantage sur les misères subies par les femmes (souvent infligées par des hommes) que sur celles subies par les hommes (souvent infligées par des hommes aussi) contraint bien des hommes à souffrir en silence comme beaucoup de femmes. Pourtant c’est pas parce que les bourreaux sont le plus souvent des hommes que les victimes hommes n’ont que ce qu’ils méritent.
Même dans le domaine sexuel, on lit de temps en temps (à peine entre les lignes) qu’il est légitime pour une femme de larguer un homme qui ne sait pas bander ou qui n’arrive pas à la faire jouir. Par contre un mec qui quitte sa nana parce qu’il la croit frigide, c’est un salaud qui s’y prend mal et qui ne pense qu’avec sa bite.
S’il faut retenir un truc : quand un mec ne pleure pas alors qu’on trouverait normal qu’une nana pleure dans la même circonstance, ce n’est pas parce qu’il a plus de couilles ou plus de muscles – c’est qu’il prend sur lui, éventuellement sans s’en rendre compte. Il a intégré depuis sa plus tendre enfance qu’un grand garçon ça pleure pas.
Où je veux en venir ?
Les luttes féministes ont vraiment changé la donne culturelle concernant la liberté des femmes et l’image de la féminité, même s’il reste encore beaucoup de boulot et qu’il ne faut surtout pas croire que « c’est gagné ». Mais j’ai l’impression que concernant le poids culturel des stéréotypes masculins, le chantier a pris énormément de retard parce qu’on a longtemps cru que le sexisme n’opprimait que les femmes.
Ouhlààà !
Mais ça va pas, chouchou ?
T’as fait une insomnie (moi oui, si tu te poses la question) ?
Je pige pas du tout l’objet de cet article… désolée, je dois être stupide (et aussi bien fatiguée), mais autant d’habitude ce que tu dis amènes à réfléchir… Là, heu… t’enfonces des portes ouvertes, non ?
Bon, vais essayer de me recoucher, je crois…
(ne publie pas s’il te gonfle ce comm’, suis trop fracasse pour faire mieux)
Tant mieux si c’est évident pour toi. Il y a des portes ouvertes qui méritent pourtant d’être enfoncées.
Ok, ok, j’remballe, toutes mes confuses.
La prochaine fois, je tournerais 7 fois mes doigts – heu… dans ma bouche ? – avant d’écrire, promis !
Haut les cœurs, la journée sera rude ^^
Bon courage. (enfin, vu l’heure : j’espère que ça s’est bien passé).
Mais il ne faut pas hésiter à critiquer quand ça ne te semble pas à la hauteur.
N’oublions quand même pas qui est opprimé.
http://uneheuredepeine.tumblr.com/post/53693897240/moi-ca-va
Je l’attendais, celle-là 😉
Je n’ai pas l’impression que l’article donne l’impression que j’oublie.
Tout ça procède du même sexisme.
Moi aussi, ca va 😀 Je ne suis pas opprimée. Je me sens libre de vivre comme je l’entend. Je me sens respectée.
Il y a des femmes opprimée encore, en France. Mais pour la plupart, comme les hommes, elles ne sont pas opprimées, elles portent le poids du sexisme ordinaire. Il est possible de s’en détacher.
J’en ai marre d’etre prise pour une victime (ou victime potentielle), simplement parceque je suis une femme. Je suis maitre de mon destin. Je peux choisir de suivre la voie que je veux. J’ai toutes les cartes en main pour diriger ma barque. Je ne veux pas de votre pitié, je ne suis pas une petite chose fragile que les hommes oppressent.
Et je dois dire que mon mari s’énerve beaucoup quand il achète une fringue et que le vendeur commence les consignes de lavage par « vous direz à votre femme… » voir l’écrit sur un papier. C’est une injure à sa capacité à prendre soin de ses affaires. Il y a certaines choses pour lesquelles on ne fait pas confiance aux hommes !
Ben moi je dis ça fait du bien de lire ça…
Même si j’ai arrêté de faire mon caliméro depuis longtemps…
Mais bon, juste par principe 🙂
Merci.
Oui, les hommes ne pleurent pas, ils prennent sur eux, ce qui leur donne l’apparence de la force -en plus des muscles- mais dans leur tête ils sont tout aussi fragiles que les femmes… Parfois je me dis que de ne pouvoir admettre leurs faiblesses les affaiblit… Souvent, les hommes s’enferment dans une bulle tout en virilité ; ils sont dans le déni absolu de la moindre faiblesse les empêchant toute remise en question, les empêchant de s’améliorer et se renforcer… le moindre reproche et ils se posent en victime : « oui, je sais, je suis l’homme, je suis le méchant » ! (je ne vais pas généraliser, mais c’est quelque chose que j’ai souvent observé)
Donc, oui, le sexisme fait du tort à tout le monde…
Et si les hommes avaient moins peur d’utiliser l’expression « autant pour moi », le monde serait tout de suite meilleur.
Pardon Audren, mais ça s’écrit « au temps pour moi »…^^
http://fr.wikipedia.org/wiki/Au_temps_pour_moi
J’aurais pu répondre « au temps pour moi », mais en fait non. Je trouve la graphie « au temps pour moi » et moche et étymologiquement bancale. Dont je persiste, je signe, et j’irai en enfer (de t’façon, avec tous les néologismes barbares que j’arrive-z-à caser dans les fesses de la crémière, j’ai déjà mon billet).
Mouahahahaaa !
Tu seras maudit sur 100 générations !
PS : Je t’oublie pas, promis, suis juste méchamment aux fraises en ce moment…
Oui, et ça peut être vrai pour une femme aussi. Une femme, élevée par une mère féministe ou un père déçu de n’avoir pas eu de garçon (ou toute autre raison), peut elle aussi prendre sur elle au point d’oublier qu’elle souffre. J’ai parfois l’impression qu’à présent, c’est tout un chacun qui est élevé « à la dure », et pas juste les hommes.
Au niveau de l’éducation, probablement. Encore que si elle a un frère, la fille sera probablement un peu plus peinarde là dessus. Mais au niveau du jugement collectif, on n’y est pas encore.
Oui, c’est vrai. Sans doute ne suis-je pas très objective: je suis née dans un milieu populaire, forcée à pratiquer la boxe « au cas où » et éduquée à « frapper la première » si l’on m’agresse. Je connais donc bien cette interdiction à la sensibilité. Mais il est vrai que ce n’est pas une généralité. Et je n’ai pas de frères. N’empêche, je trouve que parmi les jeunes, peu de filles n’en sont pas aussi atteintes, de cette chasse à la sensiblerie, même si la poursuite ne se fait pas avec autant de zèle. Je me demande si le rejet ne se situe pas au niveau du féminin dans le sens large, et ce, même chez le femmes. Mais bon, je m’éloigne, et je suis ravie d’avoir découvert ce blog. Je suis un peu trop fermée par moments, et lire vos propos m’éclairent, e j’ose l’espérer, me décoinceront un peu. 😉
Féminisme ou antisexisme ? Pour moi ce sera les deux. http://lenrage.blog.free.fr/index.php?post/2009/06/14/Au-lit
Juste au cas où mon commentaire avec un lien vers ce billet de blog ne serait pas passé, je me permets de te le copier directement in extenso ici (c’est copyleft).
Féminisme et antisexisme
L’antisexisme dénonce l’enfermement des femmes et des hommes dans leur rôle de classe, le genre : à la manière du système des castes en Inde, un homme n’a pas plus le droit d’être pénétré (symbole par excellence de la classe dominée, ce qui éclaire sur le sens des insultes « salope » et « enculé ») qu’une femme n’a le droit de prendre la parole sans être interrompue (symbole et exercice du pouvoir).
Mais si la dictature du genre opprime aussi les hommes, on est loin d’un équivalent à ce que subissent les femmes ; l’antisexisme peine à rendre compte de ce déséquilibre. Le féminisme, lui, met l’accent sur la domination masculine et sur la nécessité de défendre la classe dominée contre les prérogatives de la classe dominante.
Les hommes sont à la fois les oppresseurs et les frères d’oppression des femmes, c’est pourquoi féminisme et antisexisme me semblent finalement des notions complémentaires pour lutter contre le sexisme sans se laisser piéger par de fausses contradictions (féminisme sexiste) ou des illusions d’optique (symétrie de l’antisexisme).
Dans le monde l’oppression contre les hommes est sans commune mesure avec celle contre les femmes (encore que si on considère que la guerre est une conséquence du patriarcat, les hommes qui y sont enrôlés — même de gré, poussés par les stéréotypes de genre — ont largement droit au rang de victimes).
Mais en France, aujourd’hui, dans mon milieu et ma génération (je restreins beaucoup) l’écart se resserre et j’ai l’impression qu’on se permet encore de dire et croire des choses sur les mecs alors qu’on n’ose déjà plus dire ni croire des choses équivalentes à propos des filles. D’où mon constat que le chantier a pris du retard. J’aime à penser que le féminisme et l’antisexisme devraient être synonymes, de même qu’on ne se bat pas pour les droits des noirs contre ceux des blancs.
Aborder « les faiblesses du sexe fort » est justifié mais il ne faut pas trop oublier que nous, les hommes, récoltons ce que nos ancêtres ont semé – et ce que bon nombre de nous continuent à cultiver. (J’espère pouvoir m’en disculper, mais est-ce vraiment le cas?…) Leur (notre) responsabilité est à peine atténuée par le fait que les femmes elles-mêmes, surtout quand elles étaient et restent des piliers des religions, sont co-responsables du monde qui méprise leur sexe.(Pour comprendre, merci de voir « Toutes ces âneries sur les femmes »…) Nous sommes héritiers d’une civilisation d’oppression des femmes – et des arroseurs arrosés…
J’aime à penser avec Audren « que le féminisme et l’antisexisme devraient être synonymes, de même qu’on ne se bat pas pour les droits des noirs contre ceux des blancs ». Mais ce n’est pas à nous de décider si le féminisme peut « se dissoudre » dans l’anti-sexisme. Les hommes sont toujours encore et trop souvent violents avec les femmes. Le fait qu’ils le sont au moins autant, sinon plus avec eux-mêmes, n’est pas pour elles une consolation…
Si vous avez besoin de vous en convaincre parce que, par chance, vous n’avez subi aucune guerre, ni vécu sous des régimes totalitaires, lisez, par exemple, les superbes romans Chemin des âmes de Joseph Boyden, Une journée d’Ivan Dennisovitch de Soljenitsyne, La stratégie des antilopes de Jean Hatzfeld…
Il ne s’agit donc pas seulement de combattre le sexisme, mais repenser notre civilisation pour nous débarrasser de ces fléaux.
(Sur la faiblesse du sexe fort, vous pouvez lire http://tingy-tanana.blog.fr/2014/02/05/par-rapport-au-pouvoir-de-la-femme-la-parite-des-sexes-serait-une-profonde-injustice-le-sexe-dit-fort-est-decidement-bien-faible-17719898/#c19850998 )
Je veux bien par contre considérer que je fais partie d’une caste de privilégiés et qu’à ce titre, je n’ai pas à me plaindre. Mais ça ne m’empêche pas de faire remarquer qu’il serait bon de voir les stéréotypes sexistes s’effacer à la même cadence des deux côtés. Et effectivement, pourquoi pas viser plus loin et avoir pour objectif l’éradication de l’oppression. En attendant, je râle quand j’entends une collègue ingénieur dire que « les hommes ne sont pas multitâches ».
Oui, vous avez raison, mais en même temps: si les hommes ressentaient vraiment besoin « de voir les stéréotypes sexistes s’effacer à la même cadence des deux côtés », ils auraient les moyens de l’exprimer. Il y a des centaines, sinon des milliers de sites féminins et féministes et des centaines de recherches universitaires sur le « genre », menées le plus souvent par des femmes. Rien ne nous empêche d’en faire autant: d’ailleurs vous le faites.
Ceci étant, ne serait-il pas temps que les femmes réorientent une partie de cette énorme énergie qu’elles déploient à reprendre confiance en elles-mêmes à dénoncer l’oppression masculine, et disent comment elles imaginent les nouvelles civilisations à construire – avec les hommes ? Ni elles, ni nous, les hommes, n’y arriverons seuls.
L’oppression des femmes par les hommes a effectivement de sérieux inconvénients pour les hommes aussi. Il y a plus d’inconvénients pour les femmes que pour les hommes, évidemment. Et les hommes, y compris les hommes antisexistes ou feministes, sont souvent bénéficiaires de cette oppression. Mais pas sur tous les tableaux.
L’exemple typique est l’espérance de vie. Je n’ai jamais entendu d’explication biologique convaincante expliquant la différence de vie entre hommes et femmes. Par contre des différences sociales, acquises, inculquées entre les sexes qui pourraient facilement expliquer cette différence d’espérance de vie, on peut en trouver à la pelle. Conclusion, si les rôles attribués aux sexes ont pour effet secondaire de réduire la durée de vie des hommes, ont-ils raison de considérer si souvent que le système patriarcal leur apporte des avantages ?
Certes. Un autre exemple : le nombre de mecs en prison.
Je découvre votre blog Audren et je dois dire que je suis conquise ! Pour le peu que j’en ai lu, je le trouve bien construit, et extrêmement intéressant.
Je souhaitais répondre à Axel Renoux qui dit « L’oppression des femmes par les hommes a effectivement de sérieux inconvénients pour les hommes aussi. Il y a plus d’inconvénients pour les femmes que pour les hommes, évidemment ». Je ne suis pas d’accord.
Je dirais plutôt qu’il y autant d’inconvénients pour les femmes que pour les hommes. Sauf que les inconvénients qui incombent aux hommes (répression des émotions, etc etc) sont, on va dire, plébiscités par notre société. On voit à la pelle (au cinéma, dans les séries) des héros, des personnages, coupés de leur sensibilité. On trouve ça beau, on trouve ça fort, on applaudit.
Les femmes subissent des inconvénients plus visibles : harcèlement de rue, compétences niées au profit de leur physique, etc etc. Les inconvénients dont héritent les hommes sont bien plus sournois et dévastateurs sur le long terme.
Je ne sais plus qui dans les commentaires a dit qu’il y a une négation de la féminité, et j’approuve totalement cela. On nie, on bafoue, on humilie le côté symbolique (j’insiste sur le mot symbolique) féminin (intuition, émotions, créativité, sensibilité) que ce soit au niveau individuel ou collectif. On est dans une société aux valeurs masculines exagérées (force, raison, action, intellect, puissance). On « autorise » (et encore) les femmes à adopter des valeurs masculines, mais les hommes qui osent s’aventurer en terre féminine sont les hérétiques modernes.
L’amélioration ne viendra pas d’une féminisation à outrance. Ce n’est pas en opprimant un sexe au profit de l’autre que le monde se portera mieux. Nous ne ferons que renverser la vapeur, pour ensuite mettre une plombe à réapprendre l’équilibre (si tant est que nous y arriverons).
Je pense que l’équilibre viendra de l’intégration à la fois du féminin et du masculin de façon équitable et harmonieuse, au niveau individuel et sociétal. Une société meilleure est l’affaire des hommes et des femmes, ensemble, partenaires.
Il y aussi l’effet inverse, de négation du masculin comme symbole d’oppression des femmes. Comme quoi rien n’est simple.
Ah mais non il y a un sexe qui a de réels avantages biologiques sur l’autre : les femmes souffrent moins du daltonisme ^^ (car l’allèle responsable est récessif et présent sur le chromosome X uniquement).
Blague à part, il est vrai qu’on oublie qu’en France, quand une femme battue meurt de violence conjugale une fois sur 7 c’est un homme. (121 femmes et 25 hommes en 2013 dixit Google)
Et puis il paraît que les femmes encaissent généralement mieux la douleur que les hommes. Et ceux qui pensent qu’un homme ne pleure pas quand il a mal n’ont jamais vu de BDSM ^^
J’imagine très bien.
Mouais. Je suis pas trop d’accord, cette fois (et c’est bien la 1ere fois d’ailleurs 🙂 ). C’est vrai que les clichés sexistes sur les hommes ont la vie dure, mais il ne semble pas du tout qu’ils résistent mieux que ceux subis par les femmes.
Par exemple : « Quand un homme pleure d’avoir perdu la garde de ses enfants, notre subconscient collectif se dit que c’est surtout pour les allocs. »
Mais qui dit ça sérieusement ? Personne ! Quand un homme se plaint de la perte de la garde de ses enfants, il me semble qu’il est plutot très écouté. Tout le monde compatit. En témoigne la sur-médiatisation lors de cet épisode où des pères s’étaient perchés sur des grues pour réclamer leurs enfants… ils avaient un reçu un large et bon écho, et il y avait eu peu de retours critiques sur le fait que ces mecs avaient tous en commun d’avoir été condamnés pour violences.
‘fin bref. Vraiment pas terrible cet article. Je comprends pas trop où vous voulez en venir.