Le prisme déformant de la fidélité exclusive

Nous avons grandi avec l’idée que le couple était consubstantiel de l’exclusivité (amoureuse et sexuelle). On a même peine à imaginer que cela puisse être autrement. Malheureusement, ce paradigme archaïque déforme toute notre vision du couple en la rendant simpliste, manichéenne, immature.

La rivalité comparative

« La non-exclusivité, ce n’est pas pour moi, j’aurais tout le temps peur que mon mec trouve une nana plus belle que moi » m’écrivait récemment une amie. Comme si le fait d’être exclusif anesthésiait son homme contre les physiques attirants. Comme si l’exclusivité offrait la moindre garantie contre l’envie de partir avec « quelqu’un de mieux ».

Alors qu’en réalité, cette crainte de la hiérarchisation (plus séduisant, plus musclé, plus jeune, plus intelligent…) résulte justement de l’axiome d’exclusivité : s’il faut n’en choisir qu’un, forcément je vais comparer. Même si ça n’a pas vraiment de sens, comme si on me demandait « tu préfères la plongée ou les profiteroles ? »

Mais si je ne suis pas obligé de faire un choix définitif, la comparaison restera qualitative. On peut alors apprécier en chacun et chacune l’ensemble de ses qualités et de ce qui nous attire, sans chercher à faire un classement, sans notion de hiérarchie. C’est ce que reconnaissent de nombreuses personnes non-exclusives (polyamoureuses ou infidèles) : leurs amours plurielles ne sont pas comparables — elles ne sont juste pas sur le même plan.

La rébellion passive

L’exclusivité a un autre effet insidieux : celui de nous convaincre inconsciemment que la personne auprès de laquelle on vit est l’obstacle qui nous empêche de faire certaines rencontres, de vivre certaines expériences, de révéler certains désirs. Si j’ai très envie de faire de la plongée et que ma femme menace de me quitter si je m’inscris à un club, ça risque à force de saper mon envie de vivre avec elle.

Ainsi, exiger l’exclusivité sexuelle ou affective peut avoir l’effet inverse de celui escompté : au lieu d’offrir plus de sécurité, l’exclusivité en rabote un peu chaque jour si l’autre se rebelle contre le couple qu’il ressent comme un obstacle à ses aspirations.

Le doute sempiternel

Un peu dans la même veine, l’exclusivité nous maintient en permanence dans le mythe de l’âme soeur, du prince charmant : puisque je dois n’en choisir qu’un, il faut que je sois vraiment sûr d’avoir choisi « le bon ». Avec la lancinante question : « est-ce vraiment le bon ? ». Au lieu de profiter de la satisfaction que je trouve à vivre de belles choses avec lui, je risque de me laisser ronger par le doute.

Le sabordage précipité

Poser un ultimatum « c’est lui ou moi » durant la phase passionnelle d’une relation extra-conjugale est le meilleur moyen qu’au pied du mur ma femme choisisse « lui » : la passion a malheureusement quelques atouts décisifs. C’est pour ça que Françoise Simpère recommande de ne faire (et donc de n’exiger) aucun choix irréversible pendant la phase passionnelle.

(Certes, je suis convaincu que quand la séparation est inévitable, il vaut mieux la hâter que la retarder. Il s’agira de dialoguer très honnêtement pour savoir de quel type d’infidélité il s’agit : plutôt une aventure ou plutôt une pré-séparation (j’imagine que si l’autre a choisi d’aller voir ailleurs parce qu’il n’arrive pas à exprimer sa profonde insatisfaction dans le couple, le dialogue risque de tourner court, et on a la réponse). Mais c’est un autre article.)

L’insécurité maladive

Imaginons un monde où les parents n’auraient le droit de garder qu’un seul enfant — qu’à chaque fois qu’il en naîtrait un, il faudrait qu’ils choisissent lequel de l’aîné ou du nouveau-né ils abandonnent. Pas difficile de se rendre compte que les gamins seraient anxieux dès qu’ils verraient leurs parents s’embrasser et complètement flippés à la perspective que leur mère tombe enceinte.

De la même manière, si je ne conçois le couple que comme quelque chose d’exclusif, je vais systématiquement me sentir menacé dès que ma femme flirte avec quelqu’un.

L’incitation au mensonge

Imposer l’exclusivité stricte ne laisse pas vraiment de voie honorable de sortie pour celui ou celle qui aurait « fauté ». Affirmer « si tu me trompes, je te quitterai » sans chercher à discuter et sans laisser aucun espoir de tolérance ou de circonstances atténuantes garantit que l’autre vous mentira s’il vous aime encore.

On ferait bien mieux de dire : « si tu me mens, je te quitterai bien plus sûrement que si tu m’en parles » (mais on ne le dit pas, parce que ça sous-entend qu’il pourrait y avoir une possibilité d’infidélité, perspective ô combien déstabilisante).

La jalousie irrationnelle

Quand on ne pense les relations de couple que sous l’angle de l’exclusivité, il n’est pas rare que dans le prolongement, on conçoive l’amour et le sexe comme des jeux à somme nulle : ce que tu vis ailleurs comme plaisirs ou comme sentiments, tu me les retires à moi (ceci est d’autant plus exacerbé que tu ne me témoignes pas suffisamment d’amour ou de désir).

Pourtant, ni le sexe ni encore moins l’amour ne sont des jeux à somme nulle. Le désir sexuel, loin d’être soustractif a plutôt tendance à être multiplicatif ; et l’amour est essentiellement inépuisable.

Dans cette affaire, le seul jeu à somme nulle, c’est le partage du temps (qui peut justifier une jalousie parfaitement rationnelle). Mais il ne faut pas oublier qu’après le sommeil, c’est le boulot le plus gourmand — pas les amours.

Conclusion

Concevoir inconsciemment la fidélité, l’amour et l’engagement comme synonymes d’exclusivité fragilise le couple plutôt que de le consolider.

41 réponses à “Le prisme déformant de la fidélité exclusive

  1. Une comparaison avec de la nourriture ne peut pas être totalement fausse.
    Sauf que parfois aimer la plongée nous fait oublier l’existence même des profiteroles…

  2. J’aurais voulu l’écrire, cet article !
    « j’aurais trop peur qu’on me compare », « est-ce que c’est le bon ? », l’incitation au mensonge… Je l’ai entendu et ré-entendu, comme variantes d’un seul et même thème : la peur.
    Une peur d’être abandonné(e) qui n’est en général même pas complètement consciente, parce que, comme vous le dites, le simple fait de l’exprimer a l’air de porter malheur. Peur aussi d’être écrasé, humilié, victime de l’autre. Peur de devoir penser de soi : « il/elle me trompe, donc je fais partie de ces gens qu’on trompe, je suis cocu ».

    J’ai expérimenté toutes ces peurs-là, et la libération est arrivée le jour où j’ai décidé de « débrancher » ma peur, de la décoller de moi.
    Et l’apocalypse n’a pas eu lieu, je n’ai pas été abandonnée, ni humiliée, ni même trompée (puisqu’il n’y a pas eu de mensonge). Ca n’a pas non plus transformé ma vie en un chemin bordé de roses mais c’est tellement plus simple de s’économiser cette peur-là.

    • Oui je pense que la jalousie de nourrit souvent de la peur de l’abandon (voir l’article ‘Le couple est un trop petit clan’). Mais ce n’est pas le seul ressort de la jalousie. Tristan Taormino en compte 11 dans son livre Opening Up.

  3. Je suis émerveillée par la qualité de ton analyse.
    N’étant pas jalouse « de nature », c’est un sentiment que je comprends mal. Et tu mets bien en exergue cette compétition avec l’autre. Pourquoi se mettre en position de penser qu’un tiers pourrait nous enlever quelque chose ? Vivre dans cette peur pathologique qui nous empêche de savourer l’instant et nous améliorer ?
    Pathologique. Je lâche le mot. Et j’interroge. La jalousie, finalement, est ce un trait de caractère ou une pathologie relationnelle ?
    Merci Audren …

    • Je pense que c’est comme plein d’autres traits de caractère : plus ou moins prononcés, plus ou moins encouragés par la culture et l’éducation, et pathologiques quand on en souffre. Vu la souffrance qu’occasionne la jalousie, on peut effectivement parler de pathologie chez beaucoup de monde.
      Cela dit, je demande un peu d’indulgence de la part des non-jaloux. Voir ma réponse à Sophie.

  4. Pingback: Le prisme déformant de la fidélité exclusive | Myster Jo·

  5. Pour moi lagrossefernanda, c’est une pathologie, sans aucun doute possible. Pour exemple parce que j’aime ma femme, je me réjouis des expériences plaisantes et des joies qu’elle vit,… avec ou sans moi (y compris sexuelles si ça lui chante). Car la savoir heureuse me rend heureux. La jalousie n’aurait pas sa place là dedans. Et ne saurait émaner de quoi que ce soit de sain.

  6. « puisque je dois n’en choisir qu’un, il faut que je sois vraiment sûr d’avoir choisi « le bon » »

    Oh merci encore pour ce post – tu mets bien souvent les mots sur mes questionnements et éclaire certaines réflexions en soi évidentes…
    Comme le soulignent très justement lagrossefernanda et kouloukoulou : la jalousie ne peut pas fonctionner dans ce contexte.

    (PS: je me suis permise d’utiliser un de tes dessins -en te linkant- dans mon dernier post, j’espère que ça n’est pas un souci sinon n’hésite pas à me le dire!)

    • J’aurais plus d’indulgence que vous vis à vis du sentiment de jalousie. Ce sont les manifestations du sentiment qu’il faut savoir réfréner. Et le sentiment, arriver à l’apprivoiser, sans forcément le voir comme une pathologie, mais plutôt comme une immaturité, un retard d’apprentissage qui peut s’arranger avec le temps et des cours du soir.

    • Pour le dessin, je suis pas très à l’aise parce que je suis pas propriétaire des photos que j’utilise en référence, mais si tu n’as pas peur qu’un ayant droit vienne te chercher des crosses, pas de souci (en tout cas, ça sera pas moi)

  7. Bon, ben tu m’as fait écrire un blog, –> mon con! <–
    http://questionsetcommentaires.wordpress.com/2014/03/07/insultez-vous-les-une-les-autres/
    Parce que y'a des fois, faut apprendre à l'ouvrir!
    http://questionsetcommentaires.wordpress.com/2014/03/07/7-fois-dans-ta-bouche/
    D'ailleurs, tu poses la question du bien et du mal, en fait, dans ton blog.
    http://questionsetcommentaires.wordpress.com/
    J'ai rejoins ce que tu dis sans t'avoir lu!
    Avec la lancinante question : "puisque je dois n’en choisir qu’un, il faut que je sois vraiment sûr d’avoir choisi "le bon". Avec la lancinante question : "est-ce vraiment le bon ?"."
    Faut-il y voir un sens? On dit que la vie n'en a pas.
    On doute.
    Je doute.
    Descartes avait un doute permanent, comme chaque membre d'un couple exclusif, je pense. Mais il a pu être sur de: "Je pense, donc je suis!". Mais ça fait vraiment pas grand chose.
    C'est horrible autant que c'est génial.
    Socrate a dit: "Ce que je sais, c'est que je ne sais rien!"
    C'est de la philosophie, la reine des sciences, dit-on. Peut-être est-ce pour ça que tu appelles ta femme "ma reine"?
    Merci beaucoup, en tous cas!
    Ha.

    • Avec plaisir (même si je ne suis pas certain de suivre le fil… chacun son fil)

      Si je peux me permettre – il manque une page « à propos » à ton blog. Je suis toujours très gêné par les blogs sans page « à propos ». Comme un peu si c’était écrit par personne et dans aucun but. Comme une coupure de journal non datée, trouvée par hasard entre les pages d’un livre.

    • Ah, et non, ce n’est pas la raison pour laquelle j’appelle ma femme « ma reine ».
      Cela dit, j’ai eu ma phase quand j’étais jeune où j’aimais à me penser philosophe. Ben oui, j’étais amoureux d’une fille qui s’appelait Sophie.

  8. Une belle synthese, bravo Audren. A la premiere lecture, tout semble parfaitement construit. En approfondissant, j’ai pourtant ressenti un petit doute interieur qui a forcé ma reflexion.
    Il est vrai qu’un couple a tout interet à ne pas partir sur le concept d’appartenance exclusive, avec cet espece d’epee de Damocles du « si tu me trompes tout est fini entre nous ». D’un autre coté, qui peut pretendre ne pas avoir ressenti la brulure de la jalousie à certaines occasions? Meme chose pour la peur de l’abandon: qui donc peut honnetement pretendre n’avoir jamais craint l’abandon lorsqu’il aime? ( bien sûr se pose aussitot la question du: as t on aimé? Ne s’agissait il pas d’attachement, d’affection profonde, ce qui change alors la donne?). Bref, il semble que ne plus avoir peur, ne plus etre jaloux, ne plus etre possessif, tout cela ne peuvent etre que des objectifs dont nous sommes plus ou moins proches, mais que nous n’atteignons jamais. Pourquoi? Parce que cela tient à la nature meme de ce qu’est l’homme: un etre qui de l’etat d’enfant pervers polymorphe, subira le manque, aura à s’en accomoder par differentes strategies qui construiront son inconscient, et dont il resultera un adulte angoissé…qui lorsqu’il pensera ainsi se debarrasser devinitibement de ses peurs, ou decidera de ne plus etre possessif ni jaloux, y substituera necessairement d’autres nevroses dont il n’aura pas conscience dans l’instant…(par exemple en fuyant l’etat amoureux, par exemple en experimentant le polyamour..). On n’echappe pas si facilement a son humanité….
    Pas trop obscur j’espere.
    Une autre approche: Laborit decrivait l’homme comme un etre experimentant le plaisir et dès lors manoevrant pour maintenir autant qu’il peut ce qui lui en procure à sa portee ( le territoire), à sa disposition: de la naitraient la possessivité, la jalousie, toutes ces vilaines choses, que l’on deteste surtout chez les autres (car elles attentent à notre liberté…).
    Ce qui me frappe aussi dans tout cela est que tout tourne autour de l’individu, tout est centré sur son propre bien etre, ou plutot sur les strategies pour eviter les trop grands mals etre. N’y aurait il pas de voies, sans doute plus risquées mais qui en valent aussi la peine puisque nous ne vivons qu’une fois? A moins que tout cela ne depende au fond que de la qualité des rencontres, qui, reconnaissons le, ne donnent pas toutes la meme envie d’avoir envie.

    • Décidément, la psychanalyse et moi, ça fait deux.
      Et si je peux juste réagir par rapport à la jalousie : le but n’est pas de ne plus être jaloux, de se désensibiliser vis-à-vis du sentiment de jalousie, mais de savoir la ressentir comme une émotion personnelle qui n’a pas à entraver égoïstement la liberté de l’autre par des manifestations irrationnelles de possessivité ; et aussi de creuser le sentiment pour savoir peu à peu l’apprivoiser, à défaut d’arriver à ne pas en souffrir.

  9. Bon écoutes mec, tu as tors et la société a raison. Ou la société a raison et tu as tors.
    Tu dis n’importe quoi, avec des exemples parfaitement grotesques.
    On va un peu suivre ton raisonnement ainsi:
    « L’homme naît libre, responsable, et sans excuse ». – Sartres

    Je suis un homme, donc un homme libre.
    Tu es un homme (encore qu’on puisse en douter, mais bon), donc un homme libre.
    Ce qui fait que nous sommes 2.
    2, c’est un couple.
    Nous sommes 2 hommes libres.
    2 hommes, c’est un couple d’hommes. Un couple.
    Nous sommes, toi et moi, un couple libre.

    Est-ce que tout ceci a du sens? Aucun.
    Mais la vie a-t-elle un sens? Non.
    Mais ça paraît sensé qu’elle n’ait pas de sens. Elle a donc un sens.

    Elle a un sens, mais n’en a pas. On doit se justifier, mais on ne doit pas se justifier.

    Le doute, c’est horrible et génial à la fois.

    Je pense que tu aimes toujours Sophie.

    Merci pour ton blog!

  10. Très fine analyse à faveur de la non-exclusivité.

    Mais n’oublions pas que exclusivité est aussi un engagement qu’une envie de partager des moments ( pas que sexuels). L’exclusivité est aussi un moment réservé entre deux individus qui se sont choisis.
    Cet « aller voir ailleurs » qui brise le moment exclusif qui lient deux personnes

    • Je ne vois pas en quoi choisir de se réserver des moments à deux devrait interdire qu’il y ait des moments avec d’autres personnes.
      On n’a généralement pas de problèmes à ce que l’autre passe des moments agréables avec d’autres personnes (boulot passionnant, cinéma, restaurant, sport, danse, massage), sauf s’il s’agit de sexe. Et je ne suis jamais convaincu par ceux qui cherchent à expliquer en quoi le sexe est tellement si différent du reste qu’on ne pourrait pas lui appliquer les mêmes modes de raisonnement.

      • J’aime beaucoup cette reflexion .

        Le nœud du probleme il est la .
        Nous sommes des etres humains dotés , d’un cerveau , d’un corps , d’une ame et d’un sexe .
        Et le sexe lui est totalement separé du reste de l’entité , comme s’il avait sa vie propre est bien entendu connoté de maniere sulfureuse , culpabilisante , voire sale ( entendu dans la bouche de certains de mes amis )

        Je ne vois pas comment je pourrais m’arreter de boire ou de manger , comment en serait t il autrement avec la baise ??

        J’aime appeler une chatte une chatte

        Pour mes ami(e)s , j’utilise de nombreuses images culinaires pour moi sensuellement c’est ce qui exprime le mieux ou image le mieux mon sentiment .

        Je les invite à me dire ce qui les fait le plus craquer d’un point de vue gastronomique …

        Ils s’epanchent volontiers avec moultes details , je leur demande de visualiser et d’etre dans la sensation du bonheur ou de la sensualité ressentie .

        Je leur demande enfin s’ils s’en passerait … ?
        Un rien estomaqué le cri unanime c’est NOOOONNNNN !

        Le sexe c’est la meme chose ….

  11. J’ai découvert ce site par hasard et je voudrais vous remercier.
    Lorsque je suis en couple, j’ai toujours du mal à tout aimer du premier coup dans mon couple. Et voir ailleurs me permet de souffler. Parfois aussi cela m’a révélé que je ne restais dans la relation que pour la relation physique, parfois au contraire (et plus souvent) que je restais parce que j’aimais foncièrement la personne avec qui je partageais des moments de qualité.
    Cependant, j’ai toujours trouvé difficile de parler du fait qu’un couple n’est pas nécessairement basé sur l’exclusivité. Je fais un métier de nomade et je ne souhaite pas frustrer l’autre. Je n’arrive pas à dire que c’est ok d’aller voir ailleurs, tant que c’est sur le point physique.
    Je n’y arrive pas, tout comme, j’ai du mal à parler de mes aventures extra. Si l’on me pose la question, je ne mentirai pas, mais je ne mettrai pas le sujet sur le tapis.
    Je voudrais vous remercier pour cet article (et les autres). Cela m’a enlevé un poids de réaliser que je n’étais pas seule dans ce cas là

    • Avec plaisir.
      Attention toutefois à vouloir mettre une limite « tant que ça reste simplement physique ». On ne peut jamais savoir si une rencontre va rester dans la légèreté et l’inconséquence, ou si des émotions fortes et des liens sentimentaux vont se tisser. Ça peut sembler plus compliqué de s’autoriser une liberté de sentiments en plus d’une liberté sexuelle, mais en fait je crois que c’est plus simple, puisqu’on ne cherche pas à contrôler ce qui est difficilement contrôlable. Il faut un peu de lâcher-prise et beaucoup de confiance.

      • Et n’est-ce pas là toute la difficulté à laquelle se heurtent les polyamoureux ?

        La rencontre d’une personne nouvelle peut tout à fait connaître une phase passionnelle comme vous le décrivez puis s’estomper en quelque chose d’autre qui ne détruira pas le couple. Cependant plusieurs autres scénarios sont envisageables et notamment celui de l’abandon. Dans ce cas, l’abandonné(e) est complice de son propre désarroi puisqu’il en a co-orchestré les termes. Pour être sincère ce schéma je l’ai déjà rencontré plusieurs fois autour de moi… pas vous ?

        En fait il me semble difficile d’accepter votre idée d’un couple qui ne soit pas exclusif.

        J’aime comparer les rapports amoureux aux rapports amicaux en me demandant si, au fond, la seule différence entre eux n’est pas de nature purement culturelle. Et en allant dans ce sens on note que la relation amicale ne peut se conserver de manière constante, elle s’altère, évolue et parfois s’évanouit en un instant. Pourquoi les relations amoureuses fonctionneraient différemment ? Cela rejoint le passage où vous évoquez les différents « plans » sur lesquels se situent les relations des polyamoureux et infidèles dont vous relatez les sentiments. Chaque relation est unique et selon les affinités certaines dureront plus que d’autres, seront plus intenses et plus brèves ou prématurément achevées.
        La fidélité c’est le cadenas qui rend une relation amoureuse plus pérenne et si l’on souhaite conserver cette pérennité tout en abandonnant l’exclusivité n’est-il pas obligatoire de placer ce cadenas ailleurs, ou de façon plus subtile ?

        Comment, dans ce flot de relations complexes, définir le lien « spécial », « différent » qui uni deux individus face à tous les autres ? La nature véritable du couple que vous décrivez n’est-elle pas finalement qu’une bite d’amarrage rassurante scellée sur la rive de l’océan tourmenté des relations humaines ?

      • Pour moi, ce lien spécial, c’est ce que j’appelle le projet de couple. Si chacun y aspire à un peu de stabilité et attribue une grande valeur à la profondeur qui peut se créer sur la durée, on peut effectivement mettre délibérément des gardes-fous pour éviter les trop grosses bourrasques sentimentales.
        C’est un délicat équilibre entre les aspirations et les libertés de chacun, entre l’immédiat et la durée. L’important est de ne pas s’imposer des trucs irréalistes, comme quand on veut surveiller sa ligne : on a un projet long-terme (son poids idéal) et des envies immédiates. Quand le projet est inatteignable, on est juste en échec permanent, et fort malheureux.

  12. Pingback: Infidélité : je préfère ne pas savoir … pour commencer | les fesses de la crémière·

  13. Juste mon experience … :

    je ne suis plus une jeune fille , dois je dire malheureusement 🙂

    J’ai vecu de nombreuses relations basées sur la monogamie , il ne faut pas oublié que le schéma sociétal dans lequel nous évoluons nous pousse vers cela , sans nous donner les clés pour d’autres voies .
    A nous donc de prendre la clef des champs , pour expérimenter autre chose si cela nous chante .

    Bien entendu , toutes ces relations se sont soldées par une séparation dont une à l’issue d’une longue période car 15 ans de vie commune .

    AU cours de cette relation passée , j’ai voulu instaurer autre chose car je sentais que l’ennui , la perte du désir , l’envie de projet , tout cela s’émoussait quotidiennement .
    Pour autant j’éprouvais de l’amour , du respect , de la tendresse et de la complicité avec mon partenaire .
    Je lui ai proposé plus ou moins habilement ou maladroitement , la possibilité d’aller voir ailleurs , d’instaurer une vie ou nous pourrions avoir des espaces d’intimité géographique ,(ne serait ce que notre chambre respective …)
    Impossible chaque fois que j’évoquais cela , cela provoquait une dispute .
    Finalement nous nous sommes sépares , hors je suis convaincue que nous aurions pu aimer être ensemble tres tres longtemps !

    Aujourd’hui j’ai la chance d’être avec quelqu’un depuis presque 2 ans .Cette relation nous permet de respecter mutuellement notre intégrité .

    Nous avons engagé une relation classique , au bout de plusieurs mois , nous avons senti très vite que quelque chose ne fonctionnait pas comme nous l’aurions aimé .

    Tres vite nous avons échangé , discuté , dialogué des heures , des nuits durants .
    Et merveille nous avons trouvé notre espace

    Nous sommes donc dans une relation que nous qualifions de libre .( ouverte me plait beaucoup plus )
    Nous partageons beaucoup de choses , nous nous sommes fixes quelques « pistes » pour notre bien commun afin de respecter les attentes de l’un et celle de l’autre
    Un exemple , le WE est notre espace , nous faisons ce que fait n’importe quel couple , sport sorties , hobby mais ,
    Si nous devons rencontrer quelqu’un ou quelqu’une ce sera ensemble.

    En semaine nous nous voyons , ou pas en fonction de nos envies mutuelles
    Le plaisir sexuel que nous partageons croit davantage chaque jour , car il peut s’agrémenter d’extras , de rencontres qui n’ appartiennent qu’ à chacun d’entre nous , pour notre plus grand plaisir commun .
    Le sexe est un plaisir que je ne peux me refuser ( au meme titre que la danse qui est une autre de mes passions ) . Rien à voir avec la consommation ou notre société de consommation je m’inscris en faux par rapport à cela .

    Nous partageons de nos expériences ensemble , notre debriefing cul .
    La aussi si nous le souhaitons !
    Parlons ensemble de nos ressentis qui sont très différents , par exemple :
    Je déteste être dans l’intimité avec une de mes aventures , nous passons une soirée ensemble , partageons un moment de plaisir horizontal , mais très vite je l’engage à rentrer chez lui ou je rentre chez moi .
    Après un bon repas je déteste débarrasser la table:)

    En revanche mon ami lui est très tendre avec ses relations , câlin peut rester toute la nuit avec elles et partir après avoir petit déjeuner ensemble .

    Nous sommes extrêmement différent , c’est le miracle des rencontres cette multiplicité et cette diversité !

    Nous avons également évoqué la possibilité de tomber amoureux ailleurs , pour l’instant cela ne s’est pas posé et nous verrons à ce moment la ce qu’il se passera et comment nous gérerons cela si cela doit arriver .

    Je finirais en vous disant que pour la première fois , je suis moi même je ne mens sur rien de ce que je suis . Je suis acceptée pleinement comme je suis .
    Je suis respectée dans mon intégrité comme cela ne m’était jamais arrivé dans une relation monogame .
    Je suis une entité , il en est une .
    Nous ne cherchons pas à nous compléter , à combler un manque quelconque dans notre relation amoureuse .
    Nous ne nous manquons pas quand nous ne sommes pas ensemble , nous pensons par contre l’un à l’autre souvent ,avec plaisir ,avec le sourire en espérant que l’autre est heureux au moment ou nous avons cette pensée pour lui .

    Je souhaite à chacun de se réaliser pour lui et pas à travers un autre .
    Je suis très heureuse , amoureuse , libre et épanouie .

  14. Pingback: Quatre formes d’infidélité (dont trois qui n’en sont pas) | les fesses de la crémière·

  15. Bonjour à toutes et à tous! J’ai lu cet article en entier! Et le peu que je puisse en dire est qu’il a été écrit sous « Le Prisme Déformant de l’Infidélité Non Exclusive » dans un effort intellectuel fort habile pour justifier une position idéologique qui me semble personnelle mais pas exclusif à l’auteur de cet article. Article que l’on peut considérer aussi comme une apologie de l’Infidélité…Encore que pour parler d’infidélité et de fidélité, faudrait-il savoir dans quelles eaux nous naviguons: celles de la jouissance sexuelle égoïste; celles des sentiments amoureux; celle de la norme sociale; celle de la liberté (sexuelle) individuelle – devrait-elle ou non s’arrêter là où commence celle de son ou de sa partenaire dans le couple?-; les eaux du mariage ou celles de l’union libre. Mais aussi à qui nous nous adressons. N’est-ce pas!

    Position qui fort heureusement reste minoritaire…Le plus intéressant dans cet article est pour moi sa Conclusion! Le reste n’est-que <> comme je l’entend souvent dans une pub!. Attention, il faut prendre ce mot au second degré…En effet, l’auteur conclut en disant en écrivant que: <>.

    Le hic est ,me semble-t-il, qu’il propose ou défend les <> – une façon plus soft d’évoquer les Infidélités <> dont s’accommodent de toute évidence certaines consciences au nom du Salut de leur couple – comme unique solution pour régler ce Problème de notre Inconscient induit par la pensée judéo-chrétienne de la Fidélité <>.

    Heureusement que chez nombre de personnes authentiquement et non exclusivement fidèles, l’on se permet de s’émerveiller sur la beauté, l’intelligence, l’humour d’une autre mec ou d’une autre gonzesse que son partenaire; l’on se permet quelques <> tout en se fixant certaines limites que l’on assume en toute conscience parce que l’on aime son partenaire; mais pas que! On le respecte, on l’estime et l’on fait le choix de lui faire confiance, de se faire mutuellement confiance. La Fidélité <> est aussi un Choix.

    Alors dans le domaine de définition d’un tel Choix, <> mon partenaire au prétexte égoïste que se serait pour permettre à notre couple de mieux s’épanouir, est une prison illusoire dans laquelle je n’aimerait pas me complaire Inconsciemment pour éviter d’assumer une orientation sexuelle pour ne pas dire une nature…En effet, je suppute que ce n’est que de cela dont il est au fond question: la liberté de chacun de Choisir et de Vivre Sa sexualité.Evidemment je peux aussi me tromper… Et de ce point de vue, les couples libertins qui s’assument sont bien plus respectables à mes yeux que tous ces hommes et femmes qui au nom du plaisir exclusivement égoïste <> et font tout pour que leur partenaire ne le sache jamais.Au moins dans le Couple Polygame, les trois membres au moins du couple savent de quoi il en retourne. Et c’est valable aussi chez dans les couples libertins!

    Et puis à propos de Poncifs dans lesquels nous baignons et qui fondent la <>; heureusement qu’ils ne sont pas l’apanage Exclusif d’un seul groupe social, d’appartenance et/ou de référence. En effet, chaque groupe possède les tiens et tend, à des degrés divers à les justifier et/ou à les imposer aux autres, selon qu’il soit majoritaire ou plutôt minoritaire.

    Voilà ce que l’Africain en pense mes chers amis! Je ne vous cacherais pas que les <> de la Fidélité me semble bien douces. Mais a-t-elle jamais été <> lorsque l’on avise qu dans certaines cathédrales, ce que l’on nomme <> peut être Parole, Pensée, Omission et Acte . Portez-vous bien et bonne semaine!!!!!!

    • Personne ne vous oblige à être d’accord, et si ce que vous lisez ici vous semble , libre à vous d’aller lire (partout) ailleurs un autre son de cloche qui vous plaira davantage, tant les points de vue développés ici sont ultra-minoritaires.

      Personnellement, je crois qu’assujettir la vie sexuelle de son partenaire pour sa propre sécurité psychologique est une posture très égoïste aussi.

      Mais je peux me tromper.

      • Bonjour cher Audren! Je viens de me rendre compte que tout ce que j’avais mis en guillemets n’apparaît pas dans mon commentaire; ce qui ne vous en a pas certainement facilité la lecture. Sincèrement désolé!

        Effectivement je ne suis d’accord avec les postions qui sont les vôtres comme de toute évidence vous n’êtes pas d’accord avec ces sons de cloche sensés me plaire d’avantage. pourtant j’estime que cela ne doit pas empêcher le débat, mieux, l’échange. Pour ma part, votre article aura enrichi ma perspective quant aux choses auquel il faille faire attention dans le cadre d’un couple; quel qu’il soit au fond! alors que les arguments que vous défendiez soient ultra-minoritaires selon votre propre expression, ne change rien à cet état de fait.

        Et personnellement, si je pouvait me permettre une seule remarque à votre endroit – vous qui écrivez si bien; et c’est un compliment sincère -, ce serait de vous inviter à introduire une certaine auto-critique dans votre raisonnement. En effet, ce qui m’a interpellé c’est.cette sorte de certitude infaillible qui perçait dans votre argumentaire. Ma lecture des choses est peut-être biaisée….Je ne suis pas infaillible, et sais hélas trop peu de choses encore sur les hommes, sur les femmes….

        Quel intérêt y aurait-il pour les minorités de garder pour elles seules les causes qui les préoccupent; de ne pas intéresser la majorité aux luttes pour lesquelles elles militent; puisque la vraie transformation sociale n’est que dans la convergence des positions, des perspectives prétendument inconciliables.

        Vous conviendrez avec moi que cet effort de convergence n’est possible que dans la mesure où sans se renier, sans se prostituer intellectuellement, sans se compromettre, on bannit toute forme d’extrémisme, de radicalisme qui tend à nous inculquer l’idée que nous seuls détenons la vérité Vraie et pas l’Autre..

      • Mon auto-critique est toute contenue dans cet article. Ce doute me suit en permanence, même si jusqu’à présent, je n’ai aucun élément rationnel pour l’étayer, au contraire. Pour l’instant, je creuse mon sujet, je tire le fil de la question de la liberté de disposer de son corps, de la liberté d’action, du choix, de l’engagement, du consentement, du désir, de la jalousie, et je ne trouve pas d’incohérences fondamentales qui remettraient en cause ma construction. Le jour où j’en trouverai, je ne les mettrai pas sous le tapis et je viendrai en discuter ici, puisque ça sera forcément intéressant.

  16. En fait, je suis certain que c’est facile de rester avec la même personne; rester fidèle à elle, tout en développant d’autre relation qui n’implique pas une sexualité partagée. C’est nos intention qui sont importantes, celle que l’on pense, que l’on à en pleine conscience. Si j’emet l’intention de rester fidèle à ma partenaire Parsque cela me rend heureux cette pensée. Parsque on partage de l’amour, on s’aime. Le/La partenaire ayant les mêmes intentions….aucune raison de regarder ailleurs. Si les intentions sont très/trop différentes il vaut mieux en parler rapidement avant de co-cocréer, collaborer ensemble 🙂

  17. Bonsoir,

    Désolé si je n’ai pas réussi à me faire comprendre.
    Ce que je veux dire, c’est que tout dans la vie est histoire d’intention.
    Je peux me dire à moi-même « Est-ce que l’idée d’être totalement fidèle à ma partenaire me fait plaisir ? ». Je me le dit, et je ressent ce que cette idée me fait.

    Si cette idée, cette intention me fait du bien quand j’y pense où que je me le dit tout haut alors c’est parfait.
    Si c’est également le cas de ma partenaire qui se prête au même exercice alors c’est bien une intention commune, pas basé sur l’intellect’ mais sur le ressentis.

  18. Pingback: Est-ce plus dur d’être monogame quand on est bi ? | les fesses de la crémière·

  19. Développement encore très intéressant ! :3
    Les paroles rapportées de votre amie font échos aussi à ce que j’entends souvent. Être monogame ne signifie absolument pas que l’autre ne peut pas trouver mieux ailleurs comme vous l’avez si bien dit !
    Après, je ne partage pas le même point du vue concernant la monogamie, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier votre argumentaire !
    Part contre vos propos sont tentés de violence qui, je pense, ne se retrouvent que dans les relations monogames non-assumées. Par là je veux dire que ma façon de concevoir mes relations monogames (passées et actuelle) n’ont jamais eu ce caractère de contrainte car, de base, nos visions étaient communes. Part exemple, mon partenaire n’a pas à m’imposer d’être fidèle amoureusement et sexuellement car c’est ce que je souhaite et inversement bien évidemment. Et si à un moment donné nos envies diffèrent, libre à nous de remettre en question notre relation.
    Je comprend bien votre démarche de déconstruction du bien fondé de la monogamie, c’est juste qu’elle ne fait pas écho dans mon esprit qui aime sa conception du couple monogame et qui y est épanouie.
    Part contre je montrerai cet article à des ami(e)s qui, je sais, n’osent pas sortir du carcan de la monogamie part crainte.

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